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Esteban Muth : « André Lotterer est à la fois mon mentor et un exemple »

DTM
17 nov. 2022 • 11:00
par
Jean-Pierre Lévèque
Esteban Muth fait partie des pilotes à suivre dans le monde du GT. Le pilote belge, qui sort de deux saisons en DTM, souhait se diriger vers les courses d'endurance.
Photo : DTM

Avec la fin du FIA WEC à Bahreïn le week-end dernier, tous les championnats majeurs sur la scène de l’endurance ont rendu leur verdict. Plus que jamais, le mercato hivernal bat donc son plein dans les coulisses, les équipes cherchant à composer les meilleurs équipages selon les réglementations en vigueur.

 

Nous vous en avons souvent parlé sur Endurance-Info, la catégorisation des pilotes joue dès lors un rôle majeur sachant que, pour prendre l’exemple du FIA WEC ou de l’ELMS, un Silver au moins doit figurer dans les équipages LMP2 et chaque équipage en GT doit comprendre au moins un Bronze et un Silver, le GTE Pro ayant disparu avec la défunte saison. De même, le Fanatec GT World Challenge Europe prévoit aussi des catégories (la Silver Cup ou la Gold Cup, par exemple), où les pilotes les moins bien classés par la FIA sont en réalité ceux qui peuvent le plus faire la différence. Étrange paradoxe de notre sport, mais c’est un autre débat…

 

Parmi ceux qui pourraient constituer une « bonne pioche » pour la saison 2023, Endurance-Info a repéré le jeune Esteban Muth. Alors qu’il vient de fêter ses 21 ans, le Belge pourrait bien être l’un des Silver les plus courtisés au moment où il affirme vouloir se tourner vers l’endurance.

 

Esteban, après deux années en DTM, vous avez déclaré ouvertement vouloir vous tourner vers l’endurance à l’avenir. Pourquoi ?

 

J’ai adoré le DTM, où j’ai énormément appris, mais je dois avouer que j’ai vécu une deuxième saison très frustrante. J’étais engagé par l’équipe Walkenhorst Motorsport sur la nouvelle BMW M4 GT3 et les choses ne se sont pas déroulées comme je l’espérais. Face au team Schubert Motorsport, qui alignait le futur champion Sheldon van der Linde et Philipp Eng, nous n’avons jamais été au niveau. Ma seule satisfaction vient de la comparaison avec mon équipier Marco Wittmann, qui est l’une des références absolues en DTM et chez BMW. Même si les résultats bruts ne le montrent pas, je trouve que je n’ai pas démérité. En rythme de course, j’étais souvent très proches de ses temps, voire plus rapide parfois. Par contre, je reconnais que j’ai souvent peiné en qualifications.

Photo : DTM

Comment l’expliquez-vous ?

 

Il n’y a pas de secret : je manquais clairement de roulage. Nous n’avons pratiquement pas fait d’essais et je passais très peu de pneus neufs. Je n’arrivais donc pas à exploiter le pic de performance du pneu en qualif et il me manquait quelques dixièmes. Pas beaucoup, mais en DTM il y a souvent moins d’une seconde entre la pole position et la 20e place sur la grille. Chaque dixième compte et les choses n’ont pas voulu tourner en ma faveur cette année…

 

D’autant plus frustrant que vous sortiez d’une année 2021 où beaucoup vous ont qualifié de révélation de la saison ?

 

C’est vrai, 2021 a été une année très particulière. Sur une Lamborghini de T3 Motorsport, j’ai pu rentrer plusieurs fois dans les points et j’ai montré que je pouvais me battre dans un peloton. Ceux qui gèrent la communication du DTM m’avaient même surnommé « The Overtaker » (celui qui dépasse), ce qui était très sympa. Le rythme était bon, avec plusieurs top 5 en qualifications. Par contre, l’équipe n’était pas assez entrainée pour les pit stops et on perdait chaque fois plusieurs secondes et plusieurs places. Malgré tout, j’avais marqué des points et je suis très déçu de ne pas avoir pu le refaire en 2022.

Photo : DTM

 Vous ne voulez pas continuer en DTM ?

 

Je ne cracherais évidemment pas sur une bonne proposition ! Le DTM est un championnat super relevé et les pilotes de pointe sont tous des professionnels. Le format sprint est très excitant, mais à ce stade de ma carrière c’est une arme à double tranchant. En 2022, mon manque de roulage sur une voiture que l’équipe et moi découvrions a été un gros désavantage. Il n’y a que huit meetings sur la saison et, quand vous avez seulement deux séances d’essais de 40 minutes, vous êtes en réalité moins d’une heure sur la piste avant la première qualification. Si tu n’es pas directement dans le coup, ce que tant Marco que moi avons souvent vécu cette année, il est très difficile de rattraper le temps perdu. Donc, j’adorerais repartir en DTM, mais il faudrait que je sois dans un contexte où je peux rouler autant que les pilotes professionnels. Cette année, ça n’a pas été le cas.

 

Et pourquoi l’endurance ?

 

Parce qu’on roule plus ?!?! (Rires) Plus sérieusement, les 24H du Mans ou les 24H de Spa me font rêver, comme beaucoup. Pour un jeune pilote comme moi, je pense qu’il y a aussi plus de possibilité de devenir pilote professionnel. On parle de l’arrivée des constructeurs en Hypercar, qui est en train de faire bouger les cartes à tous les échelons, mais le GT3 m’intéresse beaucoup aussi. Avant la saison 2021 du DTM, j’avais fait une seule course en GT3 : la finale du GT World Challenge Europe 2019 à Barcelone, avec une Mercedes du Strakka Racing. Cela s’était super bien passé et nous avions même terminé à la 9e place (avec Romain Monti et Max Koebolt). Le plan était alors de continuer avec Strakka en 2020, mais l’équipe a mis un terme à son implication. J’ai par contre découvert le travail avec trois pilotes dans la voiture et c’est quelque chose que j’ai apprécié. Je pense être un « Team Player », comme on dit, et j’adore les grandes courses d’endurance sur mon simulateur. Alors pourquoi pas en vrai ? (Rires)

Photo : DTM

Et quelles sont les pistes pour 2023 alors ?

 

Pour l’instant, c’est la bouteille à encre. J’ai pas mal de contacts avec des équipes et il est évident que mon statut de Silver peut être intéressant. Je sais toutefois qu’une équipe doit aussi boucler son budget et, sur ce point, je n’ai pas toutes les cartes en mains. Je ne suis pas issu d’une famille riche et je n’ai que mon talent et ma volonté à vendre. Intérieurement, je suis convaincu que je suis capable de faire quelque chose de bien… mais je suppose que tous les pilotes vous disent ça, non ? (Rires) Sérieusement, j’espère bien avoir l’opportunité de rebondir en endurance après ces deux années en DTM. André Lotterer me soutient depuis que je suis en karting. C’est mon mentor, mais sa carrière est aussi un exemple pour moi. Être dans une voiture qui peut gagner les 24 Heures du Mans, ça doit quand même être magique…

Commentaires (1)

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Fastdriver

18 nov. 2022 • 17:40

Sûrement un bel avenir pour ce pilote talentueux mais les baquets sont courtisés en hypercar, la catégorie GT3 est un bon steep pour se lancer...avec un sponsor.