Anthony Megevand : "Une vraie solidarité et une belle atmosphère chez COOL Racing"

Comment jugez-vous le début de saison de COOL Racing en LM P2 ?

« Après les deux premières manches en ELMS, le bilan est satisfaisant, avec un sentiment un peu mitigé malgré tout. Quand la voiture part en fond de grille au Castellet et qu’elle termine cinquième, c’est plutôt positif mais cela laisse des regrets. Finir sur le podium à Imola avec la ORECA 07, c’est également un résultat solide. D’un autre côté, l’équipage était en tête à un certain moment et clairement dans le match… L’ensemble du team veut faire mieux, veut plus. Ne pas être totalement content avec ce type de performance, cela montre l’ambition dans une série particulièrement relevée. D’une manière générale, Imola a été un beau week-end avec les deux Ligier LMP3 sur le podium, dont la 17 de Jakobsen/Benham/Smith qui mène le championnat, sans oublier la victoire en Michelin Le Mans Cup. Cela met tout le monde dans une bonne dynamique. » Comment s'est passée la préparation du Mans ?

« Le calendrier est bien dense et la préparation intensive. Après Imola, nous avons fait des essais à Motorland ; les conditions n’ont pas été idéales avec de la pluie notamment, mais c’était positif et constructif. L’équipe a pu répéter ses gammes, tout comme les pilotes. C’était bien de pouvoir rouler de nuit, de s’entrainer à tous les niveaux et de régler chaque détail. C’était également l’occasion pour Ricky Taylor de rejoindre Yifei et Niklas. Sur ce point, les essais ont également été bénéfiques. Il faut garder à l’esprit que l’équipe est relativement jeune. C’est la deuxième participation de l’entité COOL Racing, mais la première via la structure CLX, ce type de test est donc déterminant dans la préparation. Cela donne le ton. Il y a un mélange d’humilité et d’ambition. Sans compter que le team, en plus d’engager la ORECA 07 aux 24 Heures du Mans, aligne également deux Ligier LMP3 à Road To Le Mans et la Ligier JS2R en Ligier Endurance Series. Cela représente une sacrée organisation. »

Vous parliez des pilotes, que pouvez-vous dire de cet équipage ?

« C’est étrange de ne pas avoir Nicolas avec le team au Mans et on ne remplace pas un pilote de ce standing. Nous pouvons néanmoins compter sur un trio solide. Yifei, depuis son arrivée dans la discipline, a montré ses qualités. On connait sa pointe de vitesse. Il est jeune mais a déjà une certaine expérience, de la course et de la voiture. Niklas est jeune également et il va découvrir les 24 Heures. Il monte en puissance, on le voit roulage après roulage. Il a une approche intelligente et le fait qu’il participe aux 24 Heures du Nurburgring ne peut être que bénéfique. Ricky apporte son expérience et son feedback technique. Il s’est facilementintégré à l’équipe et la cohésion entre les pilotes a rapidement été évidente. Tout le monde est sur la même longueur d’onde. Le lien s’est fait naturellement, tant sportivement qu’humainement. Chacun a son caractère, sa culture, mais ils sont complémentaires et ils ont des points en commun, y compris en sport automobile. » Vous découvrez l'équipe personnellement, quelles sont vos premières impressions ?

« J’ai le sentiment que le team peut soulever des montagnes. L’équipe regroupe à la fois des personnes expérimentées et des jeunes. Techniquement, le savoir-faire est là, il n’y a pas de doute. Humainement, il y a une vraie solidarité et une belle atmosphère. C’est un bon mix et tout le monde partage la même envie. Les 24 Heures du Mans, cela va être un événement particulier parce qu’une partie d’entre nous y a déjà participé, mais souvent dans des rôles un peu différents. Certains vont découvrir cette course. C’est pour cela que je parlais d’humilité. Nous avons un certain nombre de choses à découvrir, nous essayons de bien préparer chaque paramètre, mais Le Mans, c’est Le Mans. L’équipe a un potentiel énorme, mais il faut avancer progressivement, étape par étape. Chacun sait de quoi il est capable. En tant que personne et en tant que groupe. Le tout est de le reproduire sur une semaine complète. »  En rejoignant le team de Nico Lapierre, vous ne débarquez pas totalement en terrain inconnu. Votre relation remonte à il y a plus de 10 ans…

« En effet. Je connais Nicolas depuis ses débuts en Endurance avec la Saleen du Team ORECA. J’ai vécu tous les programmes avec lui, que ce soit les débuts de la ORECA 01, le programme avec la Peugeot 908 HDi FAP, la première victoire avec la ORECA 05 ou le développement avec la ORECA 07. J’ai même eu la chance de travailler avec lui sur le projet Toyota. Si vous reprenez les interviews d’il y a quelques mois ou années, j’ai toujours dit qu’il était l’un des pilotes les plus intelligents que je connaisse. J’en ai encore plus la confirmation ces dernières semaines. Il transmet à chacun son expérience et sa volonté. Quelque part, il me rappelle beaucoup Hugues de Chaunac par son ambition et sa détermination. Il est exigeant et cela nous incite tous à faire mieux. D’un côté, Nico va nous manquer au Mans, mais d’un autre côté tout le monde veut lui montrer qu’il a raison de nous faire confiance. »

Vous avez fait Le Mans comme journaliste, attaché de presse, responsable de la compétition-client pour un constructeur et maintenant directeur sportif. Vous imaginiez ce parcours en 15 ans ? 

« Non, je n’imaginais rien de tout ça. C’est assez incroyable. J’ai l’impression d’avoir eu plusieurs vies. C’est une chance de vivre tout ça et je n’oublie pas à qui je le dois. Mes amis, mes anciens collègues, des rencontres… Ces personnes qui m’ont fait confiance à des moments clés. J’aime relever de nouveaux défis, sortir de mon cadre en quelque sorte. J’essaye de prendre un peu de chacune de mes vies pour être à la hauteur. Cela étant, quand je vois l’expérience et les qualités des personnes qui sont dans le paddock, cela force à la modestie, au respect. J’essaye de m’inspirer de ces gens que j’ai côtoyé, comme Jacques Morello, Sam Hignett, Dave Greenwood, ou bien encore Simon Abadie. J’essaye de me rappeler de tous les conseils de David Floury. Le dernier c’était… « Keep Cool » !

« Rejoindre COOL Racing/CLX, c’est à la fois la possibilité de travailler davantage avec Nico, mais aussi découvrir un nouvel environnement. Comme je l’ai dit précédemment, ce team, compte tenu de sa composition, a un super potentiel. Il y a de très belles choses à faire, il faut aussi laisser le temps au temps… Ce n’est pas le plus simple et ce n’est pas forcément dans mon tempérament. Mais il y a un petit truc avec ce groupe… Un truc qui me plaît et qui me donne le sourire chaque matin. »

Parlez nous de cette équipe de tracteurs tondeuses…

« Plusieurs membres de COOL Racing ont monté un team l’an dernier pour participer à un championnat d’endurance de tracteurs tondeuses, sur des courses de 3 heures à trois pilotes. Quand j’ai rejoint l’équipe, j’ai découvert ça et j’ai trouvé le concept génial. Antoine Martin m’a un peu embrigadé dans le truc ; j’avoue que je n’ai pas été long à convaincre. L’environnement est funky mais la démarche demande quand même une certaine préparation. Cela montre la passion pour les sports mécaniques en général et un certain goût pour la compétition, le tout dans une bonne ambiance. Le premier événement s’est bien passé, pas de gros bobos et les deux équipages à l’arrivée. C’était la consigne !

Plus sérieusement, nous avons des projets concrets qui peuvent sortir de l’endurance et nous allons d’ailleurs en activer un quelques jours après Le Mans. On en reparlera. »