Michèle Mouton dresse le bilan de 12 ans de FIA Women in Motorsport

Depuis sa création fin 2009, la Commission des Femmes dans le sport automobile a un seul but : promouvoir les femmes dans les différentes disciplines. Après plus d’une décennie passée à la tête de la commission initiée par Jean Todt, qui vient de laisser sa place à la tête de la FIA, Michèle Mouton quitte elle aussi son poste.

« C’est un honneur pour moi d’avoir été invitée par Jean (Todt) à présider cette nouvelle Commission », a déclaré Michèle Mouton. « Ce fut un voyage stimulant et enrichissant, et j’ai accepté ce rôle pour la durée de sa présidence. Je suis immensément fière de ce que nous avons accompli collectivement en tant que Commission au cours des 12 dernières années, et surtout du fait que notre vision a été et continue d’être reconnue et soutenue par certaines des parties prenantes les plus influentes du sport. Pour moi, c’est une véritable reconnaissance que nous ayons pu travailler dans la bonne direction pour faciliter le changement. »

La discipline Endurance est en pointe sur le sujet avec la présence de féminines en WEC chez Richard Mille Racing et Iron Lynx. Les filles ne sont pas isolées entre elles au sein d’un championnat féminin mais elles se battent à armes égales avec les hommes. « Plus que jamais, il existe un mouvement mondial visant à accroître l’égalité des sexes dans tous les secteurs et toutes les professions », tient à souligner l’ancienne pilote de rallye qui compte également une participation aux 24 Heures du Mans 1975.

« Je crois qu’il y a eu un changement positif, non seulement dans les actions mais aussi dans les perceptions. Ces dernières années, nous avons vraiment vu comment les parties prenantes du sport s’engagent dans un changement qui va dans le bon sens et il y a maintenant beaucoup plus d’organisations qui prennent activement des mesures pour créer un environnement centré sur l’inclusion et les opportunités pour tous. C’est quelque chose dont notre sport devrait être fier, car nous sommes l’un des rares sports où hommes et femmes concourent ensemble. Nous devons embrasser cette spécificité et continuer à démontrer que les femmes ont leur place sur la piste autant que sur leur lieu de travail. Avec le soutien des autorités sportives nationales de la FIA, notre Commission s’est développée au fil des ans, passant d’une voix isolée au sein de la FIA à un rôle plus global qui, ensemble, a eu un impact beaucoup plus important. »

La Commission a initié des programmes dès le karting pour mettre en avant les féminines : « Depuis les premiers jours de la Commission, nous nous sommes concentrés sur l’augmentation de la présence féminine au niveau de la base, parce que c’est là que nous inspirerons et encouragerons, et que la prochaine génération de pilotes et la main-d’œuvre de l’industrie proviendront. De nombreux projets ont soutenu cette vision et la CIK-FIA ainsi que Volkswagen ont soutenu très tôt notre travail. Aujourd’hui, nous travaillons toujours avec la CIK pour offrir une place à une jeune pilote féminine et, avec le programme Scirocco Cup, nous avons pu soutenir la jeune pilote danoise Michelle Gatting. Elle a depuis progressé au plus haut niveau et court avec succès avec les Iron Dames en WEC. Elle est également la première femme à être couronnée en Ferrari Challenge Europe Trofeo Pirelli. C’est un exemple clair de la façon dont, avec le soutien et la visibilité à mettre en face, nos partenariats peuvent aider les jeunes pilotes à réaliser leurs ambitions. »

Michèle Mouton et la Commission sont aussi à l’origine du programme FIA Girls on Track qui a reçu la reconnaissance et le financement du projet européen Erasmus +, le programme pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport, sans oublier le fonds d’innovation de la FIA. Grâce à ce projet, des milliers de jeunes filles ont pris la piste.

« Rising Stars est le somment de la pyramide de base de notre programme Girls on Tracks en apportant un soutien tangible, avec un appui financier, aux jeunes pilotes », précise Michèle Mouton. « Nous avons parlé pendant de nombreuses années d’avoir une académie de pilotes et Ferrari a commencé à faire de ce rêve une réalité. Grâce à leur vision commune, elle a été lancée l’année dernière et le succès de la première édition a attiré Deborah Mayer et son projet Iron Dames. En deux ans seulement, deux pilotes du projet Girls on Track Rising Stars sont devenues élèves de la Ferrari Driver Academy, et quatre de nos gagnantes et finalistes participent désormais à des compétitions internationales de karting avec le soutien de Ferrari. Il ne faut pas occulter la Formule 4, la Michelin Le Mans Cup, le Ferrari Challenge Europe et le GT World Challenge sous la bannière Iron Dames. Je dois également mentionner nos six pilotes qui courent à plein temps en ELMS et WEC avec les Iron Dames et Richard Mille Racing. C’est quelque chose que je rêvais de voir et c’est une première dans une compétition d’un championnat du monde de la FIA. »

Maya Weug était la première à recevoir le soutien de Ferrari. Laura Camps Torras (16 ans) et Maria Germano Neto (11 ans) seront soutenues elles aussi par le constructeur italien en 2022. Le programme Girls on Track Rising Stars est prévu sur quatre ans.

Le rallye, discipline chère à Michèle Mouton, n’est pas mis de côté. Christina Gutierrez était sélectionnée en cross-country et une copilote espagnole a remporté le Championnat d’Europe des Rallyes FIA.

« Nous avons construit une base solide et la Commission a d’autres programmes passionnants en préparation qui offriront des opportunités encore plus grandes aux femmes dans le sport », conclut Michèle Mouton. « Le travail se poursuivra toujours, car la route est encore longue, mais ce fut un honneur et un plaisir de mener ce voyage permanent qui est crucial, non seulement pour notre sport, mais aussi pour la société dans son ensemble. »

Sarah Bovy et Doriane Pin ont montré cette année que les Iron Dames avaient bien fait de leur faire confiance en GT. La prochaine féminine à s'illustrer en Endurance pourrait bien être Lilou Wadoux...