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Les 24 Heures du Mans vues par... Yannick Vigné

2 juin. 2019 • 12:02
par
lm@endurance-info.com
Mon père se rend aux 24H depuis 1976 à l'exception d'un départ pour cause de mariage. Tous les ans à son retour, j'avais le droit a des combinaisons, des casquettes, des tee-shirts... Ma mère, elle, a aujourd'hui toute une collection de "strings" avec les logos des constructeurs... A l'âge de 9 ans, il décide enfin de m'y emmener, c'était alors en 1992.1992, plateau réduit, pluie pendant 24H, froid, de la boue partout, les tentes entre deux voitures sur le parking inondées (mais j'ai dormi sur le canapé à l'arrière de la R25 de mon papa)... Bref tous les ingrédients réunis pour passer un mauvais week-end.Mais qu'est-ce que j'ai adoré ça!  L'émotion m'a envahi, mon père ne m'a jamais trouvé aussi sage que ces 2 jours. Je n'ai même pas réclamé une "casquette radio", je voulais rester au bord de la piste pendant les 24H durant avec mon kway et mes sandwichs dans mon sac à dos.Au bout d'un moment, j'ai gentiment demandé si je pouvais avoir des boule Quies, pas pour le rugissement des V10 Peugeot mais bien pour les 2 V10 Judd sur les Lola T92/10.  Les souvenirs ce sont un peu dispersés, mais mon père a fait de moi l'enfant le plus heureux du monde pendant au moins 24H, ému aux larmes mais avec des paillettes. Sur la route du retour, je ne pouvais pas imaginer ne pas y retourner l'année suivante.
J'ai commencé alors a tapisser ma chambre avec les affiches officielles que mon père collectionnait, à son grand désespoir puisque j'ai fait des trous partout. Je ne sais pas ce qui était le pire pour lui, les trous dans les murs ou sur les affiches... C'était, il y a maintenant 27 ans et je vais, cette année me rendre a ma 28e édition a l'âge de 36 ans.1993, l'année suivante, j'ai embarqué mes deux petits frères. Un peu plus compliqué a gérer pour mon père...Je vais essayer de ne pas écrire un roman et de ne pas trop m'égarer, il y a tellement de choses que je voudrais raconter, pas forcément sur ce que j'ai vécu chaque année sur le circuit, mais sur un rêve qui a grandi et qui continue de s'épanouir.Mais je pense sans trop de doutes que cette passion, pour la plupart des personnes nous a été transmise par nos parents. Les premières années, nous quittions Paris le samedi a 5H du matin pour arriver a l'heure du warm up. Chaque année, j'ai réussi a me faire accompagner par au moins un copain d'école.
Arrive l'adolescence où je prend un peu plus d'indépendance, et commence a passer mes nuits a la fête foraine et chasser la Mancelle si toutefois je n'étais déjà pas accompagne par la petite copine du moment.Mais ce rêve alors commence a germer dans mon esprit, un rêve modeste mais que les passionnés comprennent. Sur les marches en face des stands au moment du départ, je me dis, un jour je serais sur cette piste.Puis la majorité, alors je commence à quitter seul Paris de plus en plus tôt dans la semaine pour assister aux essais en passant par le pesage puis la Journée Test...Je commence à collectionner les miniatures et comble chaque espace disponible dans mon appartement. J'ai prévenu famille et amis que si ils venaient à se marier à la mi-juin, ils ne pourraient pas compter sur moi.Sans être un supporter inconditionnel d'une marque, un team ou un pilote, j'ai de l'admiration pour certains. Aux termes de chaque 24H je suis heureux pour chaque équipe ralliant l'arrivée.  Mes plateaux coup de cœur sont 94 et 98 (et 99). Yannick Dalmas m'a impressionne, 4 victoires, 4 marques différentes.
Je me suis vu en photo dans un magazine suite aux 24H 98, essayant, au terme de la course, de voler le panneau qui ornait le garage de la voiture gagnante. La Porsche 911 GT1 98 est pour moi la plus belle de toutes et la plus belle victoire que j'ai vu.J'ai aussi fait parti du Fan Club de Sébastien Bourdais, je me suis pris d'affection pour Pescarolo Sport et la magnifique auto d'André de Cortanze.Des anecdotes, j'en ai des tas mais rien de bien excitant. A la fin de chaque édition je pensais juste à l'année suivante et le week-end que je passerais en famille et entre amis, pour assister à ce superbe spectacle en profitant du camping et des barbecues.J'en viens a vous parler de comment je vis la course aujourd'hui.  Comme beaucoup, j'imagine, je me suis vu pilote. J'ai fait une journée de détection a la filière Elf, en Twingo Cup sur le circuit de Maison Blanche. Sans suite, malgré des encouragements et des dérogations, fautes de moyens financiers.Je me suis essayé à Rallye Jeunes. Finalement, ce n'était pas pour moi car moi c'est la piste. J'ai envoyé des CV à un grand nombre d'adresses figurant dans l'Almanach du Sport Auto, sans succès, mauvais parcours scolaire. Puis il y a 5 ans bientôt, suite a une proposition que l'on m'a faite, j'ai décidé de m'envoler à l'autre bout de la terre.Les miniatures que j'allais admirer tous les week-ends à Chatelet et que parfois j'achetais à Evelyne et Jean-Marc Tesseidre, aujourd'hui j'en suis de  près le développement dans l'usine qui les fabriquent en Chine.Je travaille chez Spark Model, et depuis ce jour, dans le cadre du travail, j'obtiens des accréditations pour vivre la plus belle course du monde. La première que j'ai obtenu était pour les 6H de Shanghai en WEC, j'ai alors un "gridwalk", et lorsque j'ai pu passer les barrières et que je me suis retrouvé au milieu des bolides et des pilotes, je me suis alors dis, "ca y est j'ai réalisé mon rêve".Aujourd'hui, je croise régulièrement les personnages actifs de ces courses et il me reconnaissent, certains sont devenus mes amis, une certaine fierté m'a gagné.Lors d'un événement et en compagnie de Stéphane Ortelli, j'ai eu la chance et l'immense joie, de mettre mon cul dans le baquet de la Porsche 911 GT1 98 vainqueur, Laurent Aïello, Allan McNish, Maddie et Henri Pescarolo peuvent aussi en témoigner. Et surtout je peux échanger des SMS avec le rédacteur en Chef de Endurance-Info.com.  Voila je me suis éparpillé, et j'en oublie certainement beaucoup, mais je souhaitais partager cette expérience.

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