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Florent Moulin (Art and Revs) : "Une auto, c'est une émotion et un tempérament"

6 sep. 2021 • 14:00
par
lmercier
Art and Revs

Franchir la porte de Art and Revs revient à entrer dans un magasin de jouets quand vous êtes gamin à l'approche de Noël. Vos yeux s'ouvrent en grand, vos souvenirs reviennent à la surface. Basée dans la banlieue de Luxembourg, dans un endroit discret, la structure Art and Revs combine "l'art et le régime moteur", sans oublier le rêve. Quoi de plus normal puisque tout est dans le nom. Rajoutez-y Iconic Racing, l'équipe de course et vous avez de quoi passer une journée complète dans un lieu qui vous fait battre la chamade. 

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Florent Moulin, qui dirige les deux entités, fait office de remède à la morosité ambiante du moment. Vous ressortez de chez lui boosté jusqu'à temps de comprendre qu'il faut revenir dans le monde réel. Art and Revs, qui achète, vend, restaure et fait rouler, n'a pourtant rien d'un musée. Il y en a pour tous les goûts et chaque auto présente vous rappelle quelque chose : votre enfance, une course, un pilote, une histoire. De la Peugeot 205 GTI 1.9 à l'Audi R18 ultra, l'écart est grand. La pandémie a mis à mal l'activité d'Iconic Racing qui a repris le chemin des circuits à l'occasion du meeting Endurance Racing Legends en ouverture des 24 Heures du Mans. De quoi revoir en piste la Dallara ex-ORECA et une Chrysler Viper GTS-R aux couleurs Corona. Florent Moulin, le maître des lieux, a reçu Endurance-Classic pour une visite qui aurait pu durer une journée complète. Entretien...

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Iconic Racing reprend petit à petit la direction des circuits ? 

 

"Depuis le début 2020, nous avons fait rouler la Saleen S7-R (ex-Acemco, ndlr) au Paul Ricard avec un podium au général. Pour le reste, pas la moindre course, juste quelques sorties privées. Toute notre activité n'est pas une nécessité, mais bien un plaisir. On considère que nous avons une chance incroyable de pouvoir sortir nos autos. Il y a eu récemment l'événement Endurance Racing Legends au Mans et j'espère bien que nous serons présents en fin d'année à Daytona Classic avec trois autos." 

 

Cela veut dire que votre activité s'est arrêtée ?

 

"Nous avons beaucoup travaillé à l'atelier. Depuis mars 2020, nous avons bouclé la septième restauration complète d'une de nos autos. Il y aura un avant et un après COVID-19. Le premier effet est l'annonce de la fin du moteur thermique. La COVID-19 a fait basculer de manière générale dans le monde numérique et électrique." 

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Quand on voit les magnifiques autos face à nous, il y a de quoi crier au scandale avec le développement de l'électrique...

 

"Nous nous dirigeons vers une société orientée vers le loisir. Le COVID-19 rappelle qu'on peut mourir. L'argent à la banque ne rapporte rien. De plus en plus de gens vont aller vers le marché du loisir dont les voitures de course. Ce qu'on a va devenir encore plus collector. La valeur des voitures va augmenter et les propriétaires voudront les utiliser." 

 

L'automobile ne va pas se 'ringardiser' ? 

 

"Quand on a supprimé les chevaux, c'était en partie pour éviter les maladies et le bruit sur les routes, donc pour du sanitaire et plus de confort. Pourtant, le marché du cheval se porte toujours très bien avec de plus en plus de chevaux. Avec ma Chrysler Viper, je serai comme le propriétaire d'un cheval. Je pense qu'on sera extrêmement populaire. La Dallara LMP1 dans 50 ans ? Elle aura toujours le même son magnifique. Le patrimoine culturel, mais aussi industriel va nous sauver. Toutes les périodes de transition sont des périodes d'opportunité." 

 

Le marché de l'automobile ancienne se porte bien malgré la crise ? 

 

"Tous les gros collectionneurs ont la même vision. Tout s'apprécie autant que la Bugatti Chiron dans les années 20 que maintenant l'Audi des années 2000. Les 40/50 ans ont le pouvoir économique. Ils préfèrent quoi ? La Ferrari de Phil Hill ou la McLaren F1 GTR ?"

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Une histoire de cycle ? 

 

"Si j'en avais la possibilité, je me porterai acquéreur d'une Toyota GT One et pas une Porsche 917. Pour moi, la GT One, c'est notamment Thierry Boutsen qui crève lors de l'édition du siècle des 24 Heures du Mans. C'est la roue qui tourne. En 2007, les propriétaires de Viper GTS-R pleuraient pour les vendre. La C35 a été achetée chez ORECA. Lorsque je suis allé voir Hugues de Chaunac, il m'a dit : "c'est courageux ce que vous faites". C'était en 2008. Il est venu ici dix ans plus tard en me disant avec le sourire : "jamais je n'aurais dû vous vendre mes voitures mais bravo pour ce que vous avez fait"." 

 

Hugues de Chaunac a été un acteur majeur dans votre histoire ? 

 

"Hugues a une culture très américaine. ORECA est la référence française du sport auto. Hugues de Chaunac est le Roger Penske français avec cette culture du 'tout est possible'. C'est un visionnaire. Les Viper sont les Cobra de l'époque." 

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J'ai le souvenir d'une interview récente faite à Daytona Classic avec Gérard Lopez que vous connaissez très bien. Il me disait que la Corvette C7.R était peut-être la dernière auto "historique". Vous êtes d'accord avec cela ? 

 

"Une auto, c'est une émotion et un tempérament. Le pinacle, c'est Ford qui part à l'assaut de Ferrari au Mans. On fait des autos pour faire avancer la technique. A partir du milieu des années 2010 et la fin des LMP1, sportivement c'est bien, mais techniquement ça l'est moins." 

 

Dans votre structure, on ne trouve pas la moindre GT3...

 

"Des Saleen S7-R, il y en a eu 15, des Chrysler Viper GTS-R, environ 50. On compte 11 Corvette C5-R, sept C6.R, quatre Nissan GT-R GT1 et 12 Ferrari 550 Prodrive. Des GT3, il y en a des centaines. Pourquoi une Ferrari F40 coûte 1,5 million d'euros et une McLaren en coûte plus de 10 ? Des Ferrari F40, il y en a 1300, des McLaren moins de 100."

 

Art and Revs va aussi développer le côté Chrysler Viper GTS-R...

 

"C'est prévu pour 2022 avec la restauration, l'entretien, les pièces détachées. J'ai racheté 14 tonnes de pièces à ORECA. On peut convertir les GT1 en GT2. Nous avons prévu de remettre en état la Viper ex-Equipe de France FFSA au Mans 2002. Il va y avoir un gros travail de transformation. Nous aurons un site internet dédié qui comprendra l'historique des Viper. Quasiment toutes les Viper sont en Europe. Seules deux ont été vendues neuves aux Etats-Unis à Carsport America."

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Commentaires (1)

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PAVE

8 sep. 2021 • 21:41

Le rêve !!!