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Emanuele Pirro : “Je suis très fier de mes neuf podiums consécutifs”

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3 oct. 2020 • 14:12
par
Laurent Mercier
Emanuele Pirro est sans conteste un des seigneurs de l’endurance. Détenteur d’un palmarès rare, avec entre autres succès, les 12 Heures de Sebring (deux fois), le Petit Le Mans (trois fois), deux titres de Champion American Le Mans Series - mais qui a également couru en Tourisme et en Formule 1-, c’est surtout au Mans que son nom est gravé dans le marbre. Le charismatique pilote italien a remporté cinq victoires dans la Sarthe (2000, 2001, 2002, 2006 et 2007) et y a réussi une incroyable série de neuf podiums consécutifs entre 1999 et 2007 , série qui sera très difficile à reproduire, Tom Kristensen lui-même n’en ayant réalisé que sept à la suite…
Vous avez gagné les 24 Heures cinq fois et fait neuf podiums consécutifs entre 2000 et 2007. De quoi êtes-vous le plus fier : de vos cinq victoires ou de vos neuf podiums consécutifs?« Bien sûr, les cinq victoires, c’est quelque chose dont je n’aurais même pas rêvé, mais les neuf podiums consécutifs, c’est une performance qui me rend extrêmement fier. Les courses d’endurance, ce n’est pas uniquement une question de vitesse, c'est aussi une question de fiabilité et de régularité. Par conséquent, je crois que neuf Top 3 consécutifs c’est une preuve incroyable d’une fiabilité exceptionnelle et également d’une bonne approche des trois pilotes. Je suis fier d’être le seul à l’avoir réalisé. Je crois beaucoup à la régularité et je me suis toujours senti mal quand je faisais une faute qui pouvait compromettre le résultat final. Je ne m’identifie pas moi-même au dicton « ça passe ou ça casse. »
Quelle est votre victoire préférée au Mans?« La première en 2000 et la première avec une voiture diesel en 2006, voiture qui a l’époque avait une technologie très avancée. »
Y-a-t-il une édition du Mans que vous regrettez de ne pas avoir gagné ?“Je n’aime pas les regrets, mais oui. C’est l’édition 2005 que j’ai faite avec Frank Biela et Allan McNish. La voiture était très rapide. J’ai été en tête de la course pendant les trois premières heures et ensuite, à la fin d’un quadruple relais, j’ai fait une petite faute dans mon tour de rentrée au stand et nous avons dû changer le capot avant ce qui nous a fait perdre quelques secondes. Puis Allan est sorti violemment sur une flaque d’huile à l’entrée des virages Porsche et nous avons terminé à la troisième place. Cela me fait mal d’y penser car nous étions vraiment forts. Mais c’est la raison pour laquelle Le Mans est une si grande course. A d’autres reprises j’ai gagné grâce à la malchance ou à des petites fautes d’autres pilotes. Cela fait partie du jeu.”Vos cinq victoires ont toutes été acquises avec Frank Biela. Que pouvez-vous dire à son propos ?« Frank est un pilote incroyable, super fiable avec un caractère très calme. Quand il était au volant, je n’ai jamais eu à m’inquiéter. Il a un parfait équilibre entre la vitesse et la fiabilité, nous nous nous comprenions très bien et avions le même style de pilotage. Je suis heureux d’avoir été son coéquipier. »L’harmonie au sein d’un équipage est probablement une des clés d’un succès au Mans. Comment Audi parvenait-il à créer une pareille alchimie?« Pour être respecté, vous devez également respecter les autres, et pour avoir une bonne harmonie, vous devez faire preuve de votre bonne volonté afin de l’avoir en retour de la part des autres. Le fait que nous ayons été ensemble pendant de nombreuses années a bien aidé. Il y a aussi le fait que nous étions tous à un niveau similaire, sans superstars, a été important. Désormais, cette attitude est dans l’ADN de Audi Sport. »
Quelle voiture avez-vous préférée ?« Les R8 et R10 ont été toutes deux merveilleuses et très agréables à piloter, mais si je devais en retenir une, je choisirais la R8. Probablement la meilleure voiture de sport de l’histoire. »Avez-vous une anecdote insolite à propos du Mans que vous n’avez encore jamais racontée?« Après chaque victoire, je la célébrais et je faisais la fête toute la nuit en ville sans me coucher. »Vous avez été un des plus jeunes pilotes - à l’âge de 19 ans - à prendre le départ des 24 Heures (sur une Lancia Beta Monte Carlo), mais vous n’êtes revenu au Mans que 17 ans plus tard. Pourquoi une si longue interruption? Vous aviez été déçu par votre première expérience?« L’édition 1981 a été pour moi une terrible expérience. J’étais très jeune et pendant la seule heure où j’ai été au volant pendant la course j’ai été le témoin de deux accidents mortels. Le premier, celui de Jean-Louis Lafosse et peu après celui de Thierry Boutsen au cours duquel un commissaire est mort et un autre blessé. Ensuite, mon équipier, Beppe Gabbiani, est sorti violemment à très haute vitesse et on nous a tout d’abord dit qu’il était mort lui aussi. Ce fut pour moi un grand choc. Puis ma carrière a pris une autre direction jusqu’à ce que je revienne avec Audi. Ce fut le coup de foudre. »
Vous courez dans les courses “historiques”, en CER ou au Mans Classic avec Gianluca Rattazzi. Avez-vous toujours eu de la passion pour les course historiques et quel plaisir cela vous apporte-t-il encore? Pouvez-vous nous dire un mot de Gianluca?« Gianluca est un magnifique exemple pour de nombreux autres pilotes. C’est un gentleman, au vrai sens du terme, et un homme intelligent qui a dédié une grande part de sa vie à ses affaires et qui s’est décidé ensuite à assouvir sa passion infinie pour les voitures de course. Il court par pure passion et pas pour gagner à tout prix. C’est comme ça que je vois les courses historiques. Profiter du pilotage de belles voitures au mieux de ses propres possibilités et pas au-delà, respecter la voiture et les autres concurrents. J’ai toujours de la considération pour un propriétaire de voiture qui procure pendant tout le week-end le plaisir d’être ensemble. »
Quand vous étiez jeune pilote, quels étaient vos pilotes préférés?“Mario Andretti et Emerson Fittipaldi pour leur longévité et leur polyvalence.”

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