Quand Ferrari disait non aux 24 Heures du Mans 1972
Nous sommes en 1972 et le Championnat du Monde d’Endurance se déroule sur 11 rendez-vous : Buenos Aires, Daytona, Sebring, Brands Hatch, Monza, Spa-Francorchamps, Palermo, Nürburgring, Le Mans, Österreichring, Watkins Glen. Onze courses et dix victoires pour la Ferrari 312 P.
Au championnat, Ferrari totalise 160 points, soit 75 de plus qu’Alfa Romeo. Dix succès, un titre mais pas de victoire aux 24 Heures du Mans, l’épreuve la plus prestigieuse remportée cette année-là par Matra-Simca.
Pourtant, on retrouve en 1972 cinq Ferrari dans le top 10 grâce aux 365 GTB/4, dont celle de Jean-Claude Andruet et Claude Ballot-Léna (Charles Pozzi), cinquième au général et victorieuse de la classe GTS 5.0. Pourquoi diable Ferrari n’a-t-il pas participé à la classique mancelle 1972 ? Rien à voir avec une querelle de BoP ou une décision sportive contestée.

A Maranello, on conserve soigneusement les traces de ce forfait dans un dossier comprenant des dizaines de pages, certaines écrites par Enzo Ferrari en personne à l’encre violette qui le caractérisait. 1972 marquait une nette domination de Ferrari avec systématiquement deux 312 P sur le podium. Ronnie Peterson, Tim Scheken, Mario Andretti, Jacky Ickx, Clay Regazzoni, Brian Redman, Arturo Merzario et Sandro Munari composaient l’effectif Ferrari au gré des meetings.
La seule absence notable de la saison : Le Mans. En 1972, le règlement sportif se voyait modifié, mettant fin à l’ère des 5,0 litres dans laquelle la 512 M avait concouru, inaugurant ainsi un groupe 6 avec des moteurs de 3 litres. Ferrari engageait donc la 312 P issu du modèle de 1969 fortement remanié par l’équipe de Mauro Forghieri. Place à un moteur 12 cylindres à plat de 3000 cm3 développant 460 chevaux dérivé de la Formule 1.

La presse parlait alors de Ferrari 312 PB afin de la distinguer du modèle précédent, le B faisant référence à la configuration boxer du moteur 12 cylindres. Franco Gozzi, alors responsable des relations publiques chez Ferrari, publiait une note officielle le 25 janvier 1972 à l’intention de la presse italienne, précisant que le prototype devait être appelé 312/P et non 312/PB car la lettre B était réservée aux Formule 1, tels les modèles B1, B2, B2/72 et B3.
Le moteur dérivé de la F1 était parfait pour les courses typées sprint mais il n’avait jamais terminé une simulation de 24 heures, ce qui rendait les ingénieurs Ferrari perplexes en vue du Mans, d’où la décision de se retirer. « Ferrari ne participera pas aux prochaines 24 Heures du Mans, » titrait le communiqué de presse de l’époque. Cette décision est uniquement motivée par le fait que la course française ne peut s'intégrer dans le programme technique et sportif de la Ferrari 312 P, qui se concentre sur un championnat du monde des voitures de sport comprenant des courses de 1 000 km ou de six heures. Ferrari exprime ses regrets aux amateurs de sport automobile et aux organisateurs du Mans pour ce retrait inévitable. »

Il s’est dit un moment que N.A.R.T, l’équipe nord-américaine soutenue par Ferrari, pourrait faire rouler une 312 P mais il n’en sera rien. Conservé dans les archives et daté du 5 juin 1972, le courrier conservé par l’usine précise : « Concernant les informations relatives à l'engagement d'une Ferrari 312 P aux 24 Heures du Mans sous les couleurs de N.A.R.T., Ferrari, confirmant le communiqué de presse publié le 31 mai, précise qu'aucune des sept 312 P Boxer construites n'a été vendue ou prêtée. »

Commentaires (2)
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dmeyers
19 aoû. 2025 • 15:58
LedZeppelin
19 aoû. 2025 • 19:33
Après vérification Sebring était bien sur 12 heures en revanche, Daytona était une course de 6 heures cette année là, format réduit pour rester inscrite au championnat du monde FIA si j'ai bien compris.
C'est une exception car depuis 1966, toutes les autres éditions courues ont duré 24 heures.