Henri Leconte : « Le mot d'ordre est avant tout le plaisir de piloter ! »

L’ancien finaliste de Roland Garros 1988 et vainqueur de la Coupe Davis en 1991 est un fan absolu de voiture et de sport automobile en particulier. De retour de l’US Open où il a officié en tant que consultant tennis pour la chaîne Eurosport, Henri Leconte va bientôt disputer la manche de VdeV au Mans (6 et 7 octobre). Avant cela, nous avons pu le rencontrer pour savoir d’où lui venait cette passion.Dans quelles disciplines avez-vous roulé auparavant ?« J’ai fait de la Porsche  Supercup à Silverstone, du Trophée Andros pendant quatre ans, j’ai d'ailleurs gagné les 24 Heures de Chamonix avec Franck Lagorce. J’ai également disputé les 24 Heures de Spa-Francorchamps. »Vous avez roulé dans plusieurs disciplines différentes. Était-ce par choix délibéré de toucher un peu à tout ou par opportunité ?« J’ai eu l’opportunité et la chance de rouler en Trophée Andros avec Yvan Muller dans la structure d’Hugues de Chaunac en 1996. J’ai privilégié ce type de discipline car, même si c’est particulier, c’est plus facile d’avoir des sensations sans trop rouler. Pour rouler fort et vite sur un circuit, il faut vraiment s’entraîner et rouler énormément. En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir dans tout ce que j’ai pu faire en sport automobile. »Comment vous est venue cette passion pour l’automobile ?« Elle me vient de mon père, j’ai toujours eu un moteur dans le ventre. J’ai eu bon nombre de voitures, j’adore piloter, j’adore les voitures. D’ailleurs, je ne compte plus le nombre d’autos que j’ai pu avoir. Aujourd’hui, je me calme, mais c’est ma passion. »

Qu’est ce qui vous attire dans le sport automobile ? Le côté mécanique ? Le partage du cockpit ? La recherche d’adrénaline ?« Très tôt, à l’âge de 16 ou 17 ans, j’ai rencontré Jean-Pierre Fleur, dit « Pipo » à Valence (spécialiste préparation moteur, en WRC, entre autres, ndlr). Il m’a mis cette passion dans le sang. J’ai ensuite passé mon permis et j’ai eu une Peugeot 104 ZS gagnée dans un tournoi de tennis. La première chose que j’ai faite lorsque je l’ai eu a été de l’emmener chez mon pote pour qu’il me la prépare. Par la suite, toujours avec mon ami, on a roulé en karting et il a travaillé sur la préparation moteur de la voiture d’Yvan Muller pour le Trophée Andros. J’ai eu l’opportunité de pouvoir piloter la seconde auto de l’équipe. Il y avait Michel Ferté, René Arnoux, Jacques Laffite et Alain Prost un peu plus tard. J’ai  connu cette génération des pilotes de F1 des années 1980. J’ai eu la chance de rencontrer Ayrton Senna et de passer quelques jours avec lui… »

Aimeriez-vous rouler en moderne en GT ou dans d’autres séries ?« Depuis pas mal d’années, j’ai fait beaucoup de choses, j’ai énormément voyagé et je n’ai pas eu trop le temps. Là, j’ai la possibilité de rouler avec Eric Van De Vyver en VdeV sur une TVR Griffith 200. Je cherche à reprendre les bases, réapprendre les choses, que les automatismes reviennent car je n’ai pas piloté depuis un moment. J’aimerais faire d’autres choses, il est vrai, mais je manque vraiment de temps et il faut aussi un budget conséquent. J’avais envie de faire quelque chose d’autres comme le VdeV Historique. Avec Eric, on a l’intention de faire des meetings VdeV, surtout historique, l’année prochaine. Je pense que c’est là que les sensations sont vraiment super sans un budget hors norme. J’adore l’historique, j’en ai déjà fait à travers le Rallye Monte Carlo Classique avec Erik Comas. C’était exceptionnel. De plus, il fait bien avouer, même si j’ai toujours cette folie en moi, que je n’ai plus les mêmes réflexes. »

Est-ce que les 24 Heures du Mans vont font rêver ?« Tout à fait ! Les 24 Heures du Mans sont un vrai rêve, si je pouvais les faire une fois dans ma vie ça serait extraordinaire, mais il faut rester réaliste. Je connais bien Olivier Panis et Fabien Barthez. Je sais que trouver des partenaires est très dur et que ça coûte très cher. La chose la plus importante est le plaisir avant tout ! »Est-ce que Fabien Barthez, qui a fait une 2e carrière professionnelle dans la compétition automobile, vous inspire ?« Comme je l’ai dit, je connais très bien Fabien. Cela va bien au-delà de ça. Il est champion du monde et a un grand cœur. Il a eu la chance de pouvoir faire cette deuxième carrière après le football et, en plus, avec de beaux résultats car il a un bon coup de volant. Je trouve cela fabuleux et génial, je dirais tout simplement : respect ! »

Est-ce que l'on peut faire un parallèle entre le tennis et le sport automobile en termes de sensations, de recherche d’adrénaline, de sport individuel…« L’endurance me fait penser à la Coupe Davis et, en plus, c’est d’actualité (la France vient de se qualifier pour la finale 2018, ndlr). Certes, c’est un sport individuel, mais par équipe car on a une voiture et des coéquipiers. On doit être performant, penser à eux et rouler pour l‘écurie. En Coupe Davis, c’est la même chose, c’est le joueur qui se met au service du collectif, qui joue pour son équipe, pour défendre les couleurs de son pays. De plus, l’endurance a bien changé, maintenant, au Mans, c’est un sprint de 24 heures. On ne ménage même plus la monture, il faut aller très vite. Mais ce côté mécanique et le côté être humain, il y a toujours des erreurs et ça me rappelle la Coupe Davis. Dans l’auto, je pense à moi mais aussi à l’équipe. C’est ce qui fait le bonheur et le charme de ces compétitions. »

Comme vous l’avez précisé, vous n’avez pas roulé depuis un moment. Comment allez-vous vous entraîner ?« Je vais refaire d’abord du karting et le vendredi du meeting du Mans, il y a possibilité de beaucoup rouler. J’ai la chance d’avoir déjà roulé sur le circuit Bugatti. Mon but est vraiment de me faire plaisir, de reprendre mes marques et progresser. J’aimerais aussi, si possible, faire venir des personnalités en plus grand nombre en VdeV moderne ou historique à l’avenir. J’ai tellement de bons souvenirs dans cette série. C’est sympa, décontracté, bon enfant et même si il y a ce coté compétition, l’ambiance y est très bonne… »