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Henri Pescarolo aux 12H de Sebring 1990 : "Démerdez-vous !"

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Meeting
17 mar. 2019 • 12:00
par
Laurent Mercier
En 1990, Henri Pescarolo disputait les 12 Heures de Sebring sur une Porsche 962C alignée par Joest Racing et partagée avec Jean-Louis Ricci, John Winter et Bob Wollek.Malheureusement, l'équipage de la #0, en lice pour la victoire, a dû s'arrêter net suite à une sortie piste due à un concurrent peu observateur au volant d'une Nissan 300 ZX. Il restait deux heures de course et la Porsche pouvait légitimement penser à la victoire. Mais c'était sans compter sur le pilotage d'Alistair Oag qui a envoyé le châssis #962-011 (le châssis vainqueur en 1989 à Dijon) à la casse et causé bien des frayeurs à Henri Pescarolo et son entourage. C'en était terminé des espoirs de victoire de la #0.Plus tôt dans la course, Bob Wollek avait donné quelques sueurs froides à son équipe en calant au Turn 13 (photo de Une). Il aura fallu une bonne minute pour qu'un commissaire s'approche de la Porsche pour tenter de la pousser dans un premier temps non pas vers l'intérieur mais vers l'extérieur.Cette année-là, Reinhold Joest n'avait pas fait le déplacement en Floride (raison de santé), si bien que tout le monde s'était improvisé team manager avec quelques tensions dans l'équipe. C'est finalement Jean-Louis Ricci qui s'y était collé en prenant la direction des opérations.A l'issue de la course, Henri Pescarolo est revenu sur son expérience floridienne dans un encart publié par nos confrères d'Auto Hebdo :"Je n'étais plus retourné à Sebring depuis...20 ans ! En 1970, le circuit n'avait déjà pas la réputation d'être très moderne. En 1990, rien n'a changé ! Il est carrément anachronique. Passe encore de courir sur des circuits dangereux, mais on pouvait s'attendre, dans un championnat aussi réputé que l'IMSA, à se trouver en présence de gens compétents. Or, à Sebring, chaque incident ou accident a donné naissance à une série de "gags" que seule la Providence évita qu'ils ne se transforment en tragédie. Linda Ludemann arrête sa voiture en feu au bord de la piste, une "marshall" s'empare d'un extincteur pour 30 mètres et...s'évanouit. L'effort a été trop grand ! C'est donc la pilote elle-même qui s'attaque au feu. Toujours durant les essais, Stuck sort de la route et percute violemment un mur. Il reste plusieurs minutes coincé dans sa voiture puis défonce finalement tout seul sa portière gauche pour sortir. Aucun commissaire en vue ! Quand un imbécile interrompt une bagarre de plus de dix heures en tête de la course, en m'expédiant dans le béton à plus de 200 km/h, c'est Jean-Louis Ricci qui vient m'extraire, conscient mais momentanément paralysé de mon épave. Une demi-heure plus tard, le service médical recherche enfin le deuxième blessé dans la voiture. Après avoir été ficelé, momifié, transporté, secoué, on me mit en attente à l'hôpital. Deux heures après, toujours ligoté sur ma civière, j'attendais toujours. "Il y a d'autres accidentés de la route plus blessés que vous. Ils ont priorité." Ce n'est que trois heures après l'accident qu'une radiographie m'autorisa à rejoindre mon hôtel, non sans avoir signé une décharge de responsabilité et payé les frais. Help yourself en IMSA doit donc se traduire par "démerdez-vous" !" 

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