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Herbert Ampferer (Porsche) : "Ferrari et McLaren ont changé la règle du jeu"

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2 juin. 2019 • 12:40
par
Laurent Mercier
14 mars 1996, 20h26. La Porsche 911 GT1 effectuait ses premiers tours de roue à Weissach sous la direction de Herbert Ampferer. L'objectif de cette 911 GT1 : défier la McLaren F1. Il y a 23 ans, on ne parlait pas encore d'Hypercars, mais à cette époque, Porsche s'orientait vers le GT pour aller chercher la victoire dans la Sarthe."Porsche produit des voitures de GT", expliquait Herbert Ampferer, patron de Porsche Motorsport. "Sans aucun doute, nous devons être présents sur la scène GT et si possible, à tous les niveaux, des courses de club au GT1. Nous en sommes là aujourd'hui après être repartis à zéro. L'orientation choisie par les instances sportives nous plaît et nous déplaît à la fois. Le GT prend de l'importance, c'est indéniable, mais en matière de réglementation internationale, l'évolution est un peu lente à notre goût. On n'arrive pas à s'accorder sur une règle unique. Nous participons activement aux discussions, mais les décisions sont longues à venir. Malgré tout, les courses continuent à se développer et une étape importante à nos yeux a été franchie cette année. La FIA et Le Mans ont rapproché leurs points de vue. Il y a encore à faire, mais les deux parties se rencontrent sur les points essentiels."
Il n'était plus question pour Porsche de poursuivre en WSC (World Sports Car), comme le confirmait Ampferer : "Après ce que nous avons connu à Daytona en 1995, nous avons pris la décision de ne plus porter nos efforts dans les années à venir, et peut-être pour toujours, sur la catégorie Sport. Porsche se concentre désormais sur le GT. Nous développons une GT1 compétitive en constatant avec satisfaction que les chances sont équilibrées au Mans entre les photos et les GT. McLaren a mis la barre très haute et bouleversé la philosophie du GT. Malheureusement, McLaren et Ferrari ont fixé un certain standard technologique. Leurs autos sont plus ou moins des prototypes, même s'ils s'accompagnent d'une production de 25 voire 50 exemplaires. Cela va de pair, sur le plan technologique, avec l'emploi de châssis et de freins carbone, un moteur central, autant d'aspects que l'on retrouverait sur les prototypes. Cela ne nous plaît guère. Il y a deux ans, nous nous sommes battus pour le retour des GT, mais pas selon cette philosophie. Nous voulions partir d'autos produites en plus grand volume."
Porsche comptait bien poursuivre avec sa 911, mais la marque allemande a dû se creuser la tête : "Hélas, Ferrari et McLaren ont changé la règle du jeu. Pour être compétitif, il faut suivre la même voie et c'est impossible avec la 911. Celle-ci est, par exemple, pénalisée par la position réglementaire du diffuseur, derrière l'essieu arrière, exactement là où est placé son moteur. Sous la pression de la concurrence et de nos clients, j'ajouterai également qu'avec un certain nombre de gens chez Porsche, nous avons décidé, il y a un peu plus de six mois, de faire une autre GT1. Nous nous alignons, mais nous n'avons pas envie pour autant de faire un prototype. Après négociation avec toutes les parties prenantes, la nouvelle réglementation de la FIA et du Mans a fixé une procédure d'homologation complète par type avec un minimum de production d'un exemplaire. A l'origine, cela aurait dû être 25 exemplaires, avec, à la clé, une obligation de commercialisation. Or, on sait qu'une auto à 1 million de dollars ne se vend pas. Nous avons défendu la règle de l'exemplaire unique tout en exigeant une véritable homologation routière, pour être sûr de ne pas verser dans les prototypes." La version route, dont l'exemplaire unique a servi de base pour l'homologation, recevait un moteur atmosphérique de 300 chevaux dans l'attente d'une version suralimentée de 500 chevaux."Si un constructeur engagé en GT selon cette règle entrevoit la possibilité de vendre des autos, rien ne lui interdit", expliquait le patron de Porsche Motorsport. "Quand nous aurons établi le coût de notre auto et fait une étude de marché, nous prendrons peut-être la décision de commercialiser une version route. McLaren a réussi à vendre quelque chose comme 25 voitures. Il y a peut-être encore un débouché pour 25 à 50 unités. Mais pas 300. L'un de nos objectifs est d'arriver à un prix inférieur à ceux de McLaren et si possible Ferrari. Nous voulons être compétitifs en matière de coût, aussi bien pour la voiture de course que sa version routière." La Porsche 911 GT1 n'avait rien à voir avec une 911 traditionnelle même si la face avant était inspirée de la 993. Le châssis comprenait une structure tubulaire pour un poids total de l'auto d'environ une tonne. Avec des brides de 35,7 mm, la puissance de la 911 GT1 "1996" atteignait 600 chevaux.Il faudra attendre 1998 pour voir une Porsche 911 GT1 s'imposer aux 24 Heures du Mans...

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