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Stefan Johansson (part 1) : "les choses se sont faites tout simplement en 1997 !"

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26 aoû. 2019 • 12:00
par
David Bristol
Stefan Johansson a disputé les 24 Heures du Mans à 15 reprises tout au long de sa carrière. Son plus grand fait d'arme en Sarthe reste sa victoire en 1997 au volant d'une Joest Porsche TWR avec Michele Alboreto et Tom Kristensen. Il est évidemment aussi connu pour avoir pris part à 79 départs en Formule 1 et compte 12 podiums à son actif.Stefan Johansson est venu aux 24 Heures du Mans pour la première fois en 1983. Il pilotait alors une Porsche 956 Joest Racing en compagnie de Bob Wollek et Klaus Ludwig. « C’était impressionnant, il s’agissait de mes premières 24 Heures du Mans. De plus, à l’époque, le circuit n’avait pas de chicane. Les vitesses dans la ligne droite des Hunaudières étaient folles. Nous avions la version "longue queue" sur la Porche, à faible appui. Je me rappelle avoir eu le record de la vitesse de pointe la plus élevée pendant plusieurs années, plus de 400 km/h en qualifications ! Sur les autres circuits, une vitesse comme cela n’aurait jamais été possible mais au Mans…C’est vraiment ce qui m’a marqué pour ma première apparition ! Nous avons terminé 6e de la course. Malheureusement, Klaus Ludwig est sorti pendant la course, dommage une 2e place était jouable pour nous. » Le Suédois revient l’année d’après, toujours sur une Porsche 956 Newman Joest Racing, cette fois-ci, avec Jean-Louis Schlesser et Mauricio de Narvaez. Cela se passe moins bien. « Nous n’avons pas pu terminer en 1984. Nous avons eu un souci de refroidissement et nous avons dû abandonner. »On ne reverra pas Stefan Johansson avant 1990 au Mans. « J’étais à l’époque en Formule 1 et il n’est pas possible de faire le championnat du monde et les 24 Heures du Mans. A ce moment là, les équipes voyaient d’un mauvais œil le fait que leurs pilotes fassent différents championnats avec diverses autos. Je me suis alors concentré sur la Formule 1 (il a roulé pour Tyrell pendant deux saisons, Ferrari en 1986, McLaren en 1987, Ligier en 1988 et Onyx en 1989 et début 1990, ndlr). Dans les contrats de l’époque, il était écrit que l’on ne pouvait pas faire de course en dehors de la F1. »Stefan Johansson est donc de retour en Sarthe en 1990 avec Mazda. Il pilote la 787 #201 en compagnie de Pierre Dieudonné et David Kennedy (abandon 11e heure). « Les contacts se sont noués grâce à Alan Docking qui dirigeait alors l’équipe Mazdaspeed. Je le connaissais car j’avais déjà roulé dans son écurie (Alan Docking Racing) en Formule 2 en 1981 avant que ma période F1 ne démarre. Nous avons toujours gardé de très bons contacts et quand l’opportunité de me faire rouler aux 24 Heures du Mans s’est présentée, il m’a alors contacté. »
L’année suivante, il est dans la bonne équipe, toujours chez MazdaSpeed, mais, manque de chance, ce n’est pas sa voiture qui l’emporte (787B #18 avec David Kennedy et Maurizio Sandro-Sala), mais la sœur, la #55 de Bertrand Gachot, Volker Weidler et Johnny Herbert. « Nous étions dans la voiture supposée gagner, mais l’un de mes coéquipiers a eu la bonne idée de faire monter une boîte de vitesses avec des rapports courts. Sa réflexion était que nous atteindrions la vitesse maximum de la voiture plus rapidement et que nous pourrions aussi économiser de l’essence. C’est l’une des idées les plus stupides que j’ai pu entendre ! Je n’avais pas réussi à convaincre les ingénieurs et ce qui devait arriver arriva : un désastre ! Nous étions trop lents, nous avons consommé plus d’essence que prévu. Très frustrant car la voiture n’a pas eu un seul souci de toute la course. J’étais vraiment en colère à l’arrivée après ce qui s’était passé sur notre voiture, mais, en même temps, tellement content que Mazda gagne, bien entendu ! »  
Cette Mazda 787B aura marqué des générations de fans et d’amoureux des 24 Heures du Mans. Tout au long de la campagne du constructeur japonais, ces autos ont régalé (ou pas) les oreilles de tous les spectateurs avec leur moteur tri puis quadri rotor à la sonorité tout à fait particulière. « Cette auto était juste incroyable, le moteur fantastique avec une belle puissance. La voiture était bien équilibrée donc agréable à piloter. Toute l’équipe de mécaniciens et d’ingénieurs ont vraiment fait du super boulot. On entendait un peu le son du moteur à l’intérieur, mais pas tant que ça du fait de l’emplacement des pots d’échappements, mais il était très beau à entendre, incroyable ! »   
Après une dernière participation en 1992 au volant d’une Toyota 92 CV de l’équipe Trust Racing Team avec Steven Andskar et George Fouché ponctuée par une 4e place au général, nouvelle coupure dans la carrière du Suédois au Mans.
Il faudra attendre 1997 pour le voir de retour dans une Joest Porsche TWR WSC (#7 avec Tom Kristensen et Michele Alboreto). « J’ai couru mes premières 24 Heures du Mans avec l’équipe de Reinhold Joest. J’ai toujours gardé de très bonnes relations professionnelles et amicales avec lui. Je l’ai d’abord vu aux 12 Heures de Sebring. A l’époque, je courais sur la Ferrari 333 SP de Team Scandia d’Andy Evans (il était d’ailleurs au volant avec Yannick Dalmas et Fermin Velez, ndlr), course que nous avons remportée ! Nous avons discuté et il m’avait demandé pour qui j'allais rouler aux prochaines 24 Heures du Mans. A ce moment là, je n’avais rien de prévu, les choses se sont donc faites tout simplement. J’ai vite réalisé un rapide essai avec la voiture avant Le Mans. Je suis retourné chez Joest Racing presque 15 ans après mes premières 24 Heures du Mans. J’ai retrouvé tous les gars qui étaient là en 1983 ! C’est vraiment la marque des grandes équipes. Ils sont tellement bons, tellement bien organisés, très méthodiques. Ils sont peu nombreux, mais chacun sait exactement ce qu’il a à faire et quel est son rôle. C’est extrêmement bien dirigé, ce fut une grande victoire pour moi en 1997 ! »
Cette année là, il faisait équipe avec un certain Tom Kristensen. Quand on lui demande si, déjà à l’époque, il pressentait que le Danois allait devenir le recordman du nombre de victoires au Mans, il répond : « C’était impossible de le prédire. Audi n’avait même pas encore commencé à s'engager aux 24 Heures du Mans. Personne ne pouvait savoir. Ce sont les circonstances qui jouent en faveur de certains pilotes en sport automobile parfois. Il aurait très bien pu bifurquer après cette victoire vers la monoplace. »A suivre...

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