Raul Boesel (part 1) : "Je n’avais pas remis correctement le capot et il s’est envolé !"
Featured
17 fév. 2020 • 12:00
par
David Bristol
Tout le monde se souvient (ou presque) du pilote brésilien Raul Boesel, champion du monde d’endurance en 1987 pour le compte de Jaguar. En plus de ses 30 Grands Prix de Formule 1 (pour le compte de March et Ligier), de ses nombreuses années en CART et ses 14 éditions aux 500 Miles d’Indianapolis (!), il peut aussi se targuer de trois participations aux 24 Heures du Mans, toutes avec Jaguar. Lors de son introduction au Hall of Fame de l’Endurance de la FIA, nous avons pu rencontrer cet homme qui se fait si rare !Alors que Raul Boesel n’avait disputé qu’une seule course d’endurance dans sa vie (Silverstone 1982 sur une Dome RC82) et qu’il était impliqué en CART, il débarque en 1987 dans le Championnat du Monde des Voitures de Sport. « C’est une situation assez drôle en fait. A la fin de l’année 1986, j’ai eu une proposition de la part de Newman Haas Racing pour courir en CART. J’avais un accord verbal de la part de Carl Haas et, à la fin d’un meeting, je lui ai demandé si Mario Andretti était opposé à cette idée. Il m’a alors répondu que non, qu’il n’y avait pas de problème et que Mario n’était que pilote dans cette écurie. J’ai alors annoncé à mon écurie de l’époque (Dick Simon Racing, ndlr) que je ne roulerai plus pour eux dorénavant. Cependant, juste avant Noël, Carl Haas m’a rappelé pour me dire qu’il n’avait pas réussi à convaincre Mario Andretti d’aligner deux voitures, une pour lui et l'autre pour moi, et qu’une seule serait finalement engagée, la sienne ! J’étais alors sans volant et, au mois de Janvier, alors que j’étais à New York avec un de mes grands amis et aussi manager, il m’a dit qu’il avait lu dans le magazine Autosport que l’équipe TWR Jaguar n’avait pas tous ses pilotes pour la saison 1987. Il m’a alors dit : « pourquoi ne les contactes-tu pas ? » Jaguar America m’a aidé à entrer en relation avec Tom Walkinshaw et il m’a invité à venir faire un test au Paul Ricard. Il a regardé mes chronos attentivement et m’a ensuite dit que c’était ok pour lui. Nous avons alors signé un pré-contrat, mais sur papier cette fois-ci (rire). Voilà comment cela est arrivé, je ne m’y attendais pas, je n’avais jamais piloté ce type de voiture auparavant. »L’accord solidement signé, Raul Boesel se lance alors dans l’aventure du Championnat du Monde des Voitures de Sport sur une Jaguar XJR-8. « Je devais faire équipe avec Eddie Cheever, mais juste avant le début du championnat de F1, ce dernier a eu une proposition d’Arrows. Il a donc continué à rouler pour Jaguar en Endurance, mais dès qu’il y avait un clash de date, il privilégiait la F1. C’est pourquoi je me suis retrouvé avec différents coéquipiers (John Nielsen, Jan Lammers, Eddie Cheever, Johnny Dumfries, ndlr) et que je suis devenu champion du monde tout seul cette année-là.D’ailleurs, je tiens à remercier Martin Brundle qui m’a bien aidé à décroché ce titre en 1987, en particulier aux 1000 km de Spa. Ce fut fabuleux de découvrir une nouvelle discipline et d’y être titré la même année. » Il va donc gagner ce championnat avec 127 points, soit 25 de plus que Jan Lammers, 2e. Il remporte cette saison là cinq des dix épreuves, termine une fois 2e, une fois 3e !
1987 va aussi marquer sa toute première participation aux 24 Heures du Mans. Il pilote alors la Jaguar XJR-8LM #4 avec Eddie Cheever et Jan Lammers. « J’avais tellement d’attente quand je suis arrivé au Mans, on m’avait beaucoup parlé de cette course. Au début, je ne devais faire équipe qu’avec Eddie Cheever, à deux ! Finalement, Jan Lammers est venu nous prêter main forte après l'abandon de sa voiture (la #5 qu’il partageait avec John Watson et Win Percy, ndlr). Pendant la course, notre auto s’est arrêtée dans la ligne droite des Hunaudières. Nous avions été entraînés à plusieurs reprises avant les essais pour savoir quoi faire en cas de panne sur le circuit. J’ai dû enlever le capot de la Jaguar. J’ai réussi à changer l’électronique comme ils me l’avaient dit et cela a fonctionné. J’ai ensuite remis le capot, redémarré la voiture, me suis réinstallé et suis reparti. A ce moment-là, j’ai regardé dans mes rétroviseurs et je voyais le radiateur de la voiture. Je me suis tout de suite dit que je ne le voyais pas d’habitude (rire). Je me suis alors rendu compte que je n’avais pas remis correctement le capot et qu’il s’était envolé. Heureusement, je rentais au ralenti. Une fois au stand, ils ont vérifié ce que j’avais fait, remis un capot et nous sommes repartis. Au final, nous terminons 5e de la course. Ce fut vraiment une édition intéressante. »Le Brésilien est de retour l’année suivante sur une Jaguar XJR-9 LM avec un bel équipage. On y trouve John Watson et le quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans, Henri Pescarolo. « Malheureusement, nous avons eu un souci très rapidement au niveau de la transmission. Ce fut la bonne année pour Jaguar, mais pas avec la bonne voiture pour moi (rire). Nous étions cependant très heureux que Jaguar regagne de nouveau les 24 Heures du Mans. » (Pour relire l'interview d'Henri Pescarolo sur son édition 1988 avec Jaguar, c'est ICI).Après une pause de deux éditions, Raul Boesel revient au Mans en 1991, toujours avec le constructeur britannique. Il est sur la Jaguar XJR-12 #35 avec Davy Jones et Michel Ferté. « Ce fut une très belle édition, nous avons fait une superbe course avec mes deux coéquipiers, mais Mazda était avantagée au niveau du poids qui était inférieur au notre (rire). C’est comme cela, nous terminons 2e quand même ! »A suivre...
Commentaires
Connectez-vous pour commenter l'article