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Hugues de Chaunac : « Un instant de folie avec la Peugeot 908 HDi FAP »

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13 jan. 2020 • 17:26
par
Laurent Mercier
« 2010 était la troisième année de notre Défi Le Mans. Après un Top 10 avec la Courage-Oreca en 2008, et un Top 5 avec la ORECA 01 en 2009, nous savions que nous devions avoir un prototype à moteur diesel pour faire mieux. Nous avions alors décidé d’engager une Peugeot 908 HDi FAP, aux côtés d’une ORECA 01. L’objectif était clair : être dans le match avec les deux constructeurs officiellement engagés, Audi et Peugeot. Pour cela, nous avions un équipage au top avec Olivier Panis, Nicolas Lapierre et Loïc Duval, et nous avions beaucoup travaillé pour être au même niveau que les usines dans les stands.Tout le monde se rappelle de cette édition. Les 908 HDi FAP ont abandonné les unes après les autres et nous nous sommes retrouvés seuls face aux trois Audi R15. Nous avions un problème de transmission durant la nuit et depuis ce moment-là, nous étions passés en mode « full attack ». Après les gros relais de Nicolas, Loïc a commencé à battre record du tour sur record du tour. Cela a créé une véritable excitation, bien poussée dans le public par la voix de Bruno Vandestick.On s’est mis à croire au podium, voire à la deuxième place. Loïc volait et, sur le muret, il n’y a jamais eu le moindre doute : il n’y avait plus de consigne autre que celle d’attaquer au maximum. « Push, push, push… » C’était un instant de folie ! Est-ce que cela m’était déjà arrivé aux 24 Heures du Mans ? Je ne crois pas. Nous étions les outsiders et nous n’avions rien à perdre. Et puis il y a eu cette image terrible, qui est arrivé au moment même où Loïc nous a dit entendre un bruit bizarre. Et la voiture qui s’immobilise à Arnage avec notre pilote qui semble anéanti. En une fraction de secondes, nous sommes tous passés d’un fol espoir au complet désespoir. C’était un coup dur car on y croyait vraiment. Heureusement, Olivier était là pour me consoler…En parallèle, la ORECA 01 avait fait une course solide même si elle n’avait pas non plus été épargnée. Mais Soheil Ayari, Didier André et Andy Meyrick terminaient quatrième : premier privé, premier essence, et premier derrière trois Audi. Je me rappelle encore d’Andy qui pleurait à chaudes larmes dans le camion. C’était son premier Le Mans et il avait fait du bon boulot à côté de deux pilotes d’expérience. Je crois qu’il ne s’imaginait pas finir à cette position, qui était vraiment un super résultat. Cela confirmait les qualités de la ORECA 01… mais je l’avoue, cela n’estompait pas la déception de l’abandon avec notre Peugeot.A l’arrivée, j’ai tout de même pris conscience que tout le team avait fait « un truc ». Nous avions été au même niveau que les autres Peugeot, voire plus rapide sur un tour. Nous avions rivalisé avec les Audi et nous avions combattu jusqu’au bout. Nous étions tombés, mais les armes à la main. En course, je ne gère pas mes émotions. L’atmosphère de la compétition me fait vibrer et je me laisse envahir par les émotions. J’étais effondré après l’abandon. Mais quelques heures plus tard, c’est un autre trait de mon caractère qui avait pris le dessus : je vais toujours de l’avant. J’ai compris que nous étions sortis grandis de cette expérience et que nous avions marqué les esprits. C’est peut-être ce jour-là que le team a commencé à construire la victoire aux 12 Heures de Sebring 2011. Nous ne le savions pas encore, bien évidemment, mais nous avons surement pris conscience de ce dont nous étions capables. »

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