Sir Stirling Moss, le champion sans couronne, s'est éteint à 90 ans
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12 avr. 2020 • 12:07
par
Laurent Mercier
Avec le décès de Sir Stirling Moss à l'âge de 90 ans, le sport automobile perd l'une de ses têtes les plus connues. Atteint du virus automobile par le biais d’un atavisme familial certain – son père a disputé les 500 Miles d’Indianapolis et sa mère courait également- Stirling Moss a débuté en compétition en 1948, tout d’abord en côte, puis sur circuit. Dès l’année suivante, on le retrouve en F3 et en F2 (victoire en F3 au GP de Grande-Bretagne 1949 et victoire en F3 à Monaco en 1950 sous les yeux de tout le gratin du sport automobile) et même en sport dès 1950, avec une victoire dans le Tourist Trophy au volant d’une Jaguar. Il devient pilote officiel Sport avec Jaguar et dispute son premier GP en Suisse avec une voiture britannique, une HWM F2.Après être resté fidèle aux voitures et aux écuries britanniques pendant quelques années, Moss passe dans le camp Maserati, sur une voiture privée puis sur une voiture officielle en raison de ses performances de début de saison. Il tient la dragée haute aux Mercedes, ce qui lui vaut d’être recruté par la firme allemande en 1954 aux côtés d’une autre figure de légende, l’Argentin Juan Manuel Fangio.Ce sera le début d’une cohabitation et d’une lutte fantastique, sans pareille à l’exception des bagarres Senna/Prost. Pourtant, Moss ne coiffera pas la couronne mondiale, étant trois fois vice-champion consécutivement, en 1955, 1956 et 1957.Moss et Fangio jouissaient d’un prestige extraordinaire et étaient des références. Il n’était pas rare d’entendre des “Tu te prends pour Fangio?” ou encore “Tu te prends pour Stirling Moss?”
1955, justement… Le Mans 1955, une édition qui restera elle aussi dans l’histoire, pour les raisons dramatiques que l’on connaît, avec le décès de 80 spectateurs, à la suite de la sortie de route de la Mercedes de Pierre Levegh. Cette année-là, Stirling Moss venait dans la Sarthe pour la cinquième année consécutive. Après deux abandons, il avait terminé deuxième en 1953 sur une Jaguar C associé à Peter Walker. Ayant été recruté par Mercedes, Alfred Neubauer, le directeur de Mercedes l’associa pour l’édition 1955 à Juan Manuel Fangio, formant ainsi peut-être l’équipage le plus huppé vu au Mans, avec le duo Graham Hill/Jackie Stewart en 1965 sur la Rover BRM à turbine.
Il ne sera pas non plus Champion du Monde de Formule 1. En 1958, il est pour la quatrième fois d’affilée vice-champion, un petit point derrière Mike Hawthorn que Stirling Moss avait fait reclasser après qu’il ait été disqualifié. Le fair-play britannique… Il terminera troisième du Championnat du Monde en 1959, 1960 et 1961. Accidenté en 1960, Stirling Moss mettra un terme à sa carrière au plus haut niveau en 1963 après avoir été gravement blessé à Goodwood en 1962, lors d’une course de F1 hors championnat sur une Lotus 18.Le palmarès de Stirling Moss en F1 est édifiant : 16 victoires, 16 poles, 24 podiums, 20 meilleurs tours en course, le tout en 66 GP, avec donc quatre places de vice-champion et trois troisièmes places.
Les pilotes courant à l’époque indifféremment en F1 ou en sport-protos, Moss s’est également bâti un palmarès superbe en Protos, avec une victoire aux 12 Heures de Sebring en 1954 sur une Osca MT4. Il a également signé entre autres de multiples victoires dans le Tourist Trophy, s’est imposé en Sicile dans la Targa Florio avec une Mercedes 300 SLR. En 1955, il fit une course de légende dans les Mille Miglia, une course de 1000 miles -plus de 1600 km- sur les routes italiennes, des routes très accidentées, avec une sécurité plus que précaire. 520 voitures étaient au départ et avec une Mercedes 300 SLR, avec Denis Jenkinson comme co-pilote, il établit le record de l’épreuve en 10 heures, sept minutes et 48 secondes, à la moyenne horaire, invraisemblable dans ces conditions, de 157,650 km/h !
Au cours de sa carrière, il a pris le départ de 495 courses, avec 84 modèles différents, et en a remporté 222 ! Sir Stirling a toujours eu le sport automobile dans le sang. Il a racheté une Osca FS 372 de 1956, qu’il a fait entièrement restaurer et il a couru régulièrement avec ce petit proto rouge dans les meetings de Motor Racing Legends. On l’a ainsi vu au Mans en lever de rideau des 24 Heures 2009. Il a participé également constamment aux manifestations de Goodwood.
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