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Retour sur la manche ISRS de Donington 1997

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22 avr. 2020 • 12:02
par
David Bristol
Jérôme Fougeray travaille actuellement au sein du team Toyota Gazoo Racing en WEC. Il a longtemps évolué au sein de Courage Compétition et vous livre l'une de ses anecdotes de cette époque..."En ces temps de confinement, on a forcément le temps de se remémorer des souvenirs et surtout ce que l’on pourrait appeler les courses oubliées.Nous sommes en 1997. Depuis la fin du championnat du monde, en 1992, la possibilité de voir évoluer en piste les sport-prototypes se limite aux 24 Heures du Mans ou, pour les plus chanceux, en IMSA aux Etats-Unis. Devant le succès du BPR devenu FIA GT, un anglais, John Mangoletsi se décide à lancer un championnat exclusivement réservé aux protos : l’International Sports Racing Series. Sur le papier, ça a de la gueule. Surtout, les artisans, comme Courage, ou les teams privés y voient l’opportunité de faire rouler leurs voitures habituellement limitées au bitume des Hunaudières. Il faut être franc, ce n’est pas au niveau du BPR. Ceux qui y ont participé doivent sûrement se rappeler de la gestion familiale du championnat avec Penny, la femme de John et sa fille Anna.Après les 24 Heures du Mans 1997, plusieurs équipes prennent donc la direction de Donington pour cette première manche (6 juillet). Si le plateau est bien maigre, quelques pointures de l’époque ont fait le déplacement. Ainsi, Joest Racing, récent vainqueur dans la Sarthe, est présent avec sa TWR confiée à Stefan Johansson et Pierluigi Martini. Horag Hotz Racing (futur Lista) est venu avec une Ferrari 333 SP pour Fredy Lienhard et Didier Theys. Pilot Racing dispose aussi d’une italienne pour son propriétaire Michel Ferté et Adrian Campos. Malgré son fiasco au Mans, Pacific Racing est aussi là avec sa BRM (Konrad-Dean-Rossler). Le petit constructeur français Debora a fait l’effort d’engager deux barquettes pour Chevallier-Bonnet et Dudley-Cope. Enfin, une petite équipe italienne aligne une Centernari pour Merzario et Li Calzi.Côté Courage, deux voitures sont présentes. Une C36 (la voiture de Andretti-Andretti-Grouillard au Mans) est engagée directement par Courage Compétition pour Didier Cottaz et Jérôme Policand. La Filière est aussi là, avec une C36 également, pour Henri Pescarolo et Emmanuel Clérico.Sur la liste des engagés initiale, plusieurs autres voitures devaient être présentes, mais ne sont finalement pas venues. Si certaines (Kremer, Spice SCI) sont arrivées lors des courses suivantes, je doute que les autres aient existé (Lola BDD par exemple). Au final, ce sont donc 13 voitures qui sont engagées mais seulement 9 participent aux essais. On est quand même loin du plateau BPR / FIA GT mais bon, il fallait bien commencer.Aux essais, alors que l’on s’attendait à une domination de la TWR Joest, c’est finalement la Ferrari de Michel Ferté qui réalise la pôle. Avec des pneus en “bois”, les écarts sont conséquents. Je n’ai pas le souvenir que les manufacturiers de pneus avaient fait le déplacement.
Au moment du départ, et ce malgré le peu de voitures, la descente après le 1er droit est un peu difficile. Didier Cottaz sur la C36 part en tête à queue dans l’herbe sans toutefois rien toucher. Il faut dire que les dégagements gazonnés sont assez conséquents là-bas. La TWR se retrouve rapidement en tête prise en chasse par les deux Ferrari. Malheureusement pour celle de Ferté, elle tombera en panne d’essence, la seconde fois après les 24 Heures du Mans.Les deux Debora abandonnent aussi rapidement. Pour la petite histoire, je me rappelle avoir croisé Didier Bonnet, le patron de Debora, dépité après la course. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il n’était pas au bout de ses mésaventures ce jour-là. Après la course, alors que nous nous dirigions vers Douvres pour prendre le bateau avec notre minibus, nous avions été pris dans un bouchon causé par un accident (sans gravité). En se rapprochant du lieu de celui-ci, nous avons vu Didier Bonnet sur le bord de la route avec sa XM break complètement explosée. Il avait été pris dans un carambolage.Revenons à la course et au premier ravitaillement. Les deux C36 devaient ravitailler en même temps. Cottaz revenu devant la Filière allait être le premier à s’arrêter. Au moment où la voiture s’arrête, de grandes flammes sortent de la roue avant droite. C’est la panique, le commissaire vide l’extincteur sur la voiture sauf à l’endroit des flammes. Je me rappelle avoir eu le temps de voir Yves (Courage) devenir rouge et arracher l’extincteur de ses mains. En fait, c’est l’herbe amassée dans la roue suite à la sortie de Cottaz en début de course qui est devenue foin et qui brûle… La C36 pourra finalement repartir. Sûrement perturbé par ce qui venait de se passer, le préposé à la vanne à air de la C36 de la Filière a rabaissé la voiture sans qu’aucune roue n’ait pu être remise. Elle est donc posée sur le fond plat et les disques…. Je vous le dis, ce premier ravito restera certainement le plus catastrophique que j’ai pu voir.
Au final, au bout des 2 heures de course, c’est finalement la TWR qui remporte la course pour sa seule apparition dans le championnat. Elle a devancé la Ferrari 333 SP Horag et la Courage C36 officielle a complété le podium. Cinq voitures au final ont franchi la ligne. Mais peu importe, l’ISRS était lancé. Un mois après, les quelques concurrents avaient rendez-vous à Zolder." &feature=emb_title 

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