Don Panoz (part 1) : "J’ai été contaminé par le virus du Mans !"
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4 juin. 2020 • 14:05
par
David Bristol
Nous vous proposons de lire ou de relire l’interview que nous avions consacrée à Don Panoz. Elle avait été publiée dans la rubrique Club des Pilotes des 24 Heures du Mans, même s'il n'était pas pilote, mais constructeur !Don Panoz a été un personnage incontournable du sport automobile et de l’endurance. En fondant l’American Le Mans Series en 1997, il a grandement contribué au rapprochement entre l’Automobile Club de l’Ouest (et donc Le Mans, Don Panoz et Jean-Claude Plassart, précédent Président de l’ACO ci-dessous), c'est à dire l’endurance version européenne avec l’Amérique du Nord, ramenant les constructeurs du Vieux Continent outre-Atlantique. Il a également créé Petit Le Mans en 1998 sur le circuit de Road Atlanta, en Géorgie.
Don Panoz est également un homme d'affaires puisqu’il s’est investi avec succès dans de nombreux domaines, avant de se lancer dans le sport automobile. Il a évolué dans le domaine pharmaceutique (cofondateur de Mylan avec le premier patch anti-tabac, puis de Elan Corporation, fondé en Irlande en 1969, avec des recherches sur la maladie d’ Alzheimer et toutes les maladies neurodégénératives), viticole (Chateau Elan Winery & Resort) et de nombreuses autres entreprises, avec, bien sûr, pour ce qui nous concerne plus précisément, Elan Motorsport Technologies qui a produit les fameuses Panoz Roadster, les Panoz Esperante, la célèbre DeltaWing, la Panoz Avezzano...Malheureusement, Don Panoz nous a quittés il y a près de deux ans maintenant, le 11 septembre 2018, à l’âge de 83 ans.Don Panoz, quand vous étiez un jeune garçon, Le Mans représentait-il quelque chose pour vous?“Non, pas du tout, je n’ai pas développé l’infection du Mans avant d’y venir pour la première fois.”Quand êtes-vous donc venu au Mans pour la première fois? Quel a été votre sentiment et que pensez-vous du Mans maintenant?“Mon premier voyage au Mans a eu lieu en 1997 avec la Panoz GTR1 et, pour être exact, c’était seulement la septième course à laquelle j’assistais et, quand je suis venu, la course automobile, c’était quelque chose de tout nouveau pour moi. Cela ne m’avait pas intéressé avant 1997 au moment où j’ai discuté avec mon fils et où je lui ai dit qu’il lui fallait un palmarès en compétition. Il m’a dit de m’occuper de mes affaires car il était trop occupé par la conception de ses voitures de sport. Puisque je venais de me retirer d'Elan Corporation, j'ai compris que je devais alors me lancer moi-même dans la compétition et, bingo, j’étais là, j’ai été contaminé par le virus du Mans.”Qu’est-ce qui vous a décidé à vous engager dans le sport automobile? Pourquoi avoir choisi les Sport-Prototypes et les GT, et non les monoplaces avec le CART, la NASCAR ou autre chose ?“Bien, j’ai pensé tout d’abord que les monoplaces ne représentent pas vraiment les voitures que Monsieur tout le monde conduit quotidiennement alors que les voitures de sport débouchent généralement sur de nouvelles bases : en technologie, en performance, en aérodynamique, en développement des moteurs, etc... C’est une situation concurrentielle et, pour être compétitif, il faut prouver des choses et, en les prouvant, vous améliorez les performances et je trouve cela vraiment intéressant.Nous avons construit des monoplaces, mais après que nous nous soyons lancés en course automobile. Quand j’ai décidé que je n’avais pas besoin de continuer à aller en Europe pour acquérir des technologies et acheter des produits, j’ai décidé de construire nos installations. Quand nous avons mis en pratique les compétences que nous avions acquises dans le développement des moteurs et dans la fibre de carbone, nous avons commencé à construire toute une gamme de voitures de sport et des monoplaces.Nous avons remporté le Champ Car quatre fois en six ans. Je n’étais pas un expert en sport automobile, je voudrais éviter toute confusion. Ce que j’ai aimé ce que je trouvais que ça m’enthousiasmait, car j’étais ce que les gens appellent un néophyte en sport automobile. J’avais 62 ans quand je m’y suis mis.Je ne ressemblais à tous ceux qui arpentent la pit-lane, comme les politiciens, etc. Je faisais attention de l’autre côté de la piste à ce que les fans disaient, à ce qu’ils voulaient, et ils veulent pronostiquer ceux qui vont être les plus performants, ceux qui ont été le plus créatifs, qui vont gagner. C’est d'ailleurs tout le contraire avec quelques-unes des composantes actuelles. La Balance de Performance est, à mes yeux, une sorte de socialisme : dépensez de l’argent, allez vite, et on vous pénalise! Ne dépensez rien, on vous récompense et vous pouvez lutter.”Vous avez été le premier à engager une voiture hybride au Mans, la Panoz Esperante GTR-1 Q9. Pourquoi avez-vous arrêté cette technologie?“En 1997, quand je suis venu aux 24 Heures du Mans pour la première fois avec la GTR1 (le premier prototype depuis plusieurs années à avoir un moteur placé à l’avant), j’ai rencontré Bill Gibson, un personnage intéressant, qui avait une société appelée Zytek qui fabriquait des moteurs et il parlait de faire un moteur électrique. Et, en substance, il m’a expliqué ce que pourrait être une voiture hybride, et j’ai été enchanté par ce qu’il me disait et je me suis dit “Oui, je pense que nous pourrions le faire”. Nous nous sommes servis de notre GTR1 pour construire une voiture hybride avec des batteries hybrides en nickel sur lesquelles nous avons travaillé avec la firme allemande Varta. Nous étions tous excités et nous sommes allés au Mans. Nous avons raté notre qualification lors des Préqualifications (avecJames Weaver et Perry McCarthy au volant, ndlr) pour une seconde environ, je crois, mais nous avions été stupides! Nous n’avions pas compris que nous aurions pu économiser le poids de la batterie pour ces Préqualifications (la batterie pesait autour des 150 kg, ndlr).Nous avons ensuite continué, nous l’avons fait courir au Petit Le Mans (avec Christophe Tinseau, John Nielsen et Doc Bundy) et nous avons remporté notre catégorie en 1998. J'ai été ravi, je pensais que c’était vraiment la nouvelle frontière pour la technologie et je suis parti voir tous les équipementiers les plus importants. J’ai discuté avec eux, c'était 1998, ça fait 20 ans maintenant, et je leur ai dit que nous étions certains de l’efficacité, nous étions sûrs de pouvoir économiser de l’argent, etc, etc. J’ai eu, de leur part à tous, ce vitreux regard en coin qui disait en quelque sorte : ”Nous ne sommes pas intéressés par les hybrides”. N’est-ce pas étrange, car aujourd’hui ils vous donneraient tous leur bras droit pour avoir la bonne hybride!”A suivre...Ci dessous, une vidéo : Don Panoz, the Man who founded the American Le Mans Series (ALMS)
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