La D.B Panhard HBR4, victorieuse à l'indice de performance en 1960 et 1961, de retour en France
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6 juin. 2020 • 19:08
par
Claude Foubert
Soixante-seize ans, jour pour jour, après le D-Day, une voiture française a fait son débarquement depuis les USA. Ce n'est cependant pas tout à fait exact puisque, si la voiture a bien été dévoilée ce samedi 6 juin, elle est en fait arrivée dans la Sarthe au mois de mars depuis les Etats-Unis.Cette auto, ce petit prototype, a de jolis titres de noblesse puisqu'elle a remporté à deux reprises les 24 Heures du Mans, en 1960 et en 1961, à l'indice de performance (ci-dessous en 1960).
Il s'agit d'une D.B Panhard HBR4 de 1959, le châssis #1091. Elle a été conçue par Charles Deutsch (le D) et par René Bonnet (le B). Réné Bonnet et Charles Deutsch se séparèrent après 1961 pour aller chacun de leur chemin, avec bonheur, une CD Panhard remportant l'indice de performance en 1962 et une René-Bonnet l'indice énergétique en 1963Charles Deutsch et René Bonnet étaient quasiment voisins à Champigny. Avant la Seconde Guerre Mondiale, ils s'associent et construisent la première D.B, la D.B1, qui était propulsée par un moteur Citroën -un moteur de Traction optimisé-. Cette DB1 fut accidentée au Bol d'Or 1939 sur l'Autodrome de Linas-Montlhéry. La D.B2 fut mise en chantier, mais la guerre mit un terme au projet. Une DB3 resta dans les cartons et la D.B4 sortit des ateliers en 1945. Motorisée par un bloc Citroën 1,5l, la D.B4, surnommée le « Tank » à cause de sa carrosserie aux ailes intégrées, participa aux premières 24 Heures du Mans de l'après-guerre en 1949 et prit la 16e place de la course. Elle courra également au Mans en 1950 mais abandonna.Il n'y a jamais eu d'accord entre D.B et Citroen, pire que ça le constructeur a interdit au concessionnaires et agents de la marque de vendre des moteurs à la petite écurie, stipulant que leurs moteurs n'étaient pas fait pour courir, et que leur casse éventuelle nuirait à l'image de la marque. Deutsch et Bonnet se tournent alors vers un moteur plus petit, un Panhard 0,6l René Bonnet lui-même conduisant ce « Tank » en 1950 et terminant 23ème. Une D.B Coupé sera engagée au Mans en 1952, avec un moteur 0,7l et en 1953 deux D.B HBR font leur première course au Mans, René Bonnet et André Moynet (qui construisit plus tard les Moynet XS et LM) remportant leur classe. Les DB HBR gagnèrent également leur classe en 1954 et 1955, René Bonnet et Elie Bayol signant une victoire en 1954 au classement à l'indice de performance et prenant la dixième place de la course. Une autre DB Panhard s'imposa également à l'indice en 1956.C'est peu après que l'histoire rejoint l'actualité puisque cette D.B était pilotée par Gérard Laureau et Paul Armagnac (celui-ci ayant donné son nom au circuit de Nogaro où il avait été...huissier de justice). Paul Armagnac et Gérard Laureau ont renouvelé cette performance en 1960 avec une D.B HBR4 et c'est justement cette voiture qui a été présentée aujourd'hui, la D.B ayant été rachetée par la famille Laureau.
Cette même voiture, châssis #1091, était une nouvelle fois victorieuse à l'indice de performance en 1961, pilotée de nouveau par Gérard Laureau et Robert Bouharde. Ce châssis #1091 a été ensuite vendu aux USA à la fin de cette année 1961 et la voiture n'est pas revenue dans l'Hexagone depuis.Elle a couru à Sebring en 1962. Elle est restée la propriété de son premier acheteur jusqu'en 1972, date à laquelle elle a été achetée par un passionné de courses historiques qui la conserva jusqu'en 1999. Depuis, elle n'avait pas changé de mains.
Cette D.B HBR4 a été abritée depuis son retour dans la Sarthe par les Etablissements Robineau, spécialistes du Transport et de la Logistique. La famille Laureau était très représentée, par Jean-Louis, le fils de Gérard Laureau, Antoine, le petit-fils, ainsi que les enfants d'Antoine, arrière-petit-fils et arrière-petite-fille donc. Gérard Laureau, né le 22 mars 1920, aurait eu 100 ans cette année.
Jean-Louis Laureau avait du mal à cacher son émotion devant cette D.B HBR4 qu'il n'avait pas revue depuis les 24 Heures du Mans 1961. Il se rappelait que pendant les 24 Heures, il empruntait les bracelets des mécaniciens pour pouvoir circuler en bord de piste derrière les fascines et, qu'en 1960, son père, au volant de la D.B, l'avait repéré derrière les fascines et il lui avait demandé s'il avait bien rasé les dites fascines!Antoine expliqua la difficulté avec laquelle cette acquisition avait pu se faire. Elle est le fruit de négociations opiniâtres qui ont duré pas moins de six années avant de trouver un accord.
Antoine et Jean-Louis ont remercié Michel Germaine (ci-dessous), une des chevilles ouvrières de l'Amicale D.B.
C'est d'ailleurs Michel Germaine qui a servi de cicérone pour cette cérémonie amicale de présentation de la D.B HBR4.
Celle-ci est comme neuve avec le moteur et la boîte de vitesses des 24 Heures du Mans. Par rapport au Mans, seul un arceau a été ajouté, afin de pouvoir installer une ceinture de sécurité, celle-ci n'étant pas de mise dans les années 50 et le début des années 60.Si la voiture n'était jamais revenue en France, elle a, en revanche, participé au Festival of Speed 2002 à Goodwood. Ce châssis #1091 était inscrit dans le Plateau 2 du Mans Classic 2020. Le meeting ayant été reporté à l'année prochaine, Antoine Laureau a assuré que la DB participerait bien en 2021 à l'épreuve. Lui et son père sont des habitués du Mans Classic (ci-dessous Jean-Louis Laureau au volant de la D.B HBR5 Coach #12 au côté de la D.B HBR #50 en 2018 au virage d'Indianapolis).
Antoine Laureau a ensuite mis en marche le moteur de la DB, celui-ci fonctionnant à merveille. Jean-Marie Mille, un fidèle de l'Amicale D.B, collectionneur et propriétaire lui-même d'une D.B, avait revêtu sa combinaison de course.
Nous reverrons avec plaisir cette D.B HBR4 en 2021 au Mans Classic (ci-dessous, le casque de Gérard Laureau) .
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