24 heures de course pour des arrivées serrées et inédites...
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14 juin. 2020 • 16:00
par
David Bristol
Voilà, la 88e édition des 24 Heures du Mans est maintenant terminée et on a assisté à la victoire de… Ce scénario, ce sera pour dans quelques mois, l’épreuve étant repoussée en septembre. Hier, nous avons fait un (gros) focus sur les départs et ses petites histoires. Nous faisons de même 24 heures plus tard avec les arrivées les plus "serrées" ou inédites…Les arrivées les plus serrées... Bien entendu, nous allons vous parler de 1966 avec les 20 mètres qui séparèrent la Ford GT40 MKII #2 de Chris Amon / Bruce McLaren et la Ford GT40 MKII #1 de Ken Miles / Denny Hulme. Il s’agit, bien sûr, du plus petit écart jamais enregistré aux 24 Heures du Mans. La photo d’époque, sortie des archives Ford, montre bien les deux voitures franchissant la ligne d’arrivée côte à côte. Après l’abandon de la dernière Ferrari P3 à la 17e heure, les deux Ford GT40 MKII de Shelby Company sont en tête, dans les mêmes temps. La pluie s’abat sur le circuit, mais rien n’y fait, impossible de les départager. Il est alors décidé que les deux voitures franchiront la ligne d’arrivée ensemble pour une victoire historique. Les pilotes passent alors la ligne d’arrivée en même temps, les deux Ford sont victorieuses. Cependant, à l’ACO, on ne l’entend pas de cette oreille. Le règlement est alors épluché et ce dernier stipule qu’en cas d’égalité, la voiture partie du plus loin sur la grille de départ sera déclarée victorieuse puisqu’elle aura parcouru une plus grande distance en 24 heures. Chris Amon et Bruce McLaren voient donc la victoire aux 24 Heures du Mans 1966 leur tomber dans les bras.
Alors que la première victoire était "un peu arrangée" sur le papier, l’arrivée la plus haletante fut celle de Jacky Ickx décrochant son premier succès en 1969 pour 120 mètres à l’issue d’une course pleine de malice ! On a déjà rappelé que le Belge était parti bon dernier après avoir protesté contre le départ en épi. Au prix d’une remontée fantastique (avec son coéquipier, Jackie Oliver), le pilote de la GT40 #6 John Wyer Automotive Engineering aux couleurs Gulf est en tête et se retrouve en bagarre depuis quelques temps avec la Porsche 908 #64. A l’entame du dernier tour, rien n’est joué, les voitures sont roues dans roues. La Porsche muée par un moteur 3 litres ne peut rien face aux 5 litres de la Ford. Cependant, le pilote allemand peut profiter de l’aspiration dans la longue ligne droite des Hunaudières sans chicanes à l'époque. Jacky Ickx le sait, ne veut pas entamer la ligne droite en tête et Hans Hermann l’a bien compris aussi. Les deux pilotes entament une course de surplace. Après un temps d’observation, l’Allemand craque et ce qui devait arriver arriva : Jacky Ickx profite de "l’aspi" pour doubler la Porsche avant Mulsanne. Sa première de ses six victoires lui tend les bras et il l’emporte pour deux secondes.
En 1933, grosse bagarre aussi entre deux voitures de la même marque, Alfa Romeo. Le duel oppose Tazio Nuvolari (8C #11) et Luigi Chinetti (8C #8). Les deux hommes s’échangent le commandement à plusieurs reprises dans les derniers tours, mais un retardataire lui coupant la route oblige Chinetti à monter sur les freins, partir en tête à queue et perdre la course. Au final, les deux hommes terminent avec 401 mètres d'écart sur la ligne d'arrivée !En 2011, la bataille fait rage entre deux grands constructeurs : Peugeot, lauréat en 2009, et Audi, vainqueur en 2010. En dépit de l'élimination de deux de ses R18 usine à la suite de spectaculaires accidents (Allan Mc Nish avant la fin de la première heure, Mike Rockenfeller avant Indianapolis la nuit), la marque aux anneaux remporte cette édition grâce à André Lotterer, Benoît Tréluyer et Marcel Fässler. La Peugeot 908 #9 pilotée par Simon Pagenaud, Sébastien Bourdais et Pedro Lamy termine avec 775 mètres de retard soit 13 secondes 854.
Le dernier plus infime écart à l'arrivée concerne l'édition 2004 et deux autos de la même marque, Audi. L'Audi R8 #5 de Ara-Capello-Kristensen l'emporte devant la R8 #88 de Davies-Smith-Herbert, ce dernier faisant le forcing en toute fin de course pour combler l'écart entre les deux autos. En vain, le Britannique échoue pour 2,267 km soit 41s 354.
Les plus gros écartsLe plus grand écart de l’histoire remonte à 1927 qui voit la victoire de la Bentley #3 de Benjafield-Davis devant la Salmson GS #25 de De Victor-Hasley. Après 24 heures, 349, 808 km les séparent.Les années 1980 marquent la domination des Porsche. En 1987, la 962 #17 officielle de Stuck-Bell- Holbert devance une autre 962, la #72, engagée par Primagaz Compétition, de Yver-de Dryver-Laesssig de 259,785 km.
1963 marque le 3e plus grand écart entre les deux premiers au moment du drapeau à damiers. Cette année là, la Ferrari 250 P #21 usine de Scarfiotti-Bandini gagne et précède une autre Ferrari, la 250 GTO #24 de l'Équipe Nationale Belge (Beurlys-Langlois), de 215,390 km.Revenons ensuite aux années 80. Cette fois-ci, 1981, avec la victoire de la Porsche 936 #11 « Jules » de Ickx-Bell devant la Rondeau M379C #8 « L’Automobile » de Haran-Streiff-Schlesser. L’écart : 186,025 km !Pour finir, le 5e plus gros écart nous emmène en 1934 pour ce qui marque la quatrième et dernière victoire Alfa Roméo aux 24 Heures du Mans. Sur leur 8C #9 bleue, Chinetti-Etancelin l’emporte devant la Riley Nine MPH Racing #27 de Sébilleau-Delaroche avec la confortable avance de 180,208 km.Les effectifs à l’arrivée Le plus grand nombre d'autos à l'arrivée est de 48 classés en 2017. L’année dernière, en 2019, ce ne fut pas mal non plus avec 47 autos classées sous le drapeau à damiers... De l'autre côté, le plus faible nombre d'autos à l'arrivée est de 6 classés en 1931 !Le meilleur pourcentage d'arrivées sur une course est curieusement la première édition des 24 Heures du Mans. En 1923, 90,9% des autos étaient à l'arrivée (30 sur 33 partants). Le moins bon pourcentage d'arrivées sur une course est de 13,7%. En 1970, ce fut une vraie hécatombe avec 7 autos passant la ligne sur les 51 au départ 24 heures plus tôt.Les arrivées : entre joies, sueurs froides et déceptions (là encore, nous n'avons pas tout répertorié, le choix est de nouveau subjectif)...1977 : Hurley Haywood est au volant de la Porsche 936 #4 qu'il partage avec Jacky Ickx, arrivé en cours d'épreuve, et Jürgen Barth dans la dernière heure de course. A l’approche de la ligne droite d’arrivée, la 936 dégage beaucoup, beaucoup de fumée…Cela parait sérieux, la voiture rentre au stand. Verdict : un piston gravement endommagé. Les mécaniciens condamnent un cylindre et débranchent le turbo. A 15 h 30, la 936 reprend la piste, Jürgen Barth au volant. La Porsche roule au ralenti, mais compte 17 tours d’avance sur la Mirage #10. Le règlement est formel, la 936 doit effectuer son dernier tour en deçà de trois fois son temps de qualifications, donc en moins de 12 minutes. Barth boucle un premier tour très lent, puis un deuxième, largement dans les temps imposés, passant sous le drapeau à damier en vainqueur, la Porsche ayant conservé 11 tours d’avance sur la Mirage GR8 #10 de Jarier / Schuppan.
1980 : à moins d'une demi-heure de l'arrivée, la Rondeau M379 B #16 est en tête, mais la pluie se remet à tomber. Jean Pierre Jaussaud, en pneus slicks, arrive dans la nouvelle portion et est alerté des conditions de piste par un commissaire. Il ralentit, mais pas assez. "Je suis arrivé sur un lac"avoue le futur vainqueur. Il part alors en tête à queue et se retrouve à quelques centimètres du rail, moteur coupé. Un premier coup de démarreur, rien. Une deuxième, toujours rien. Après 15 secondes, le moteur repart et la #16 file vers le sacre. "J'ai fini la course en slicks car j'avais peur de ne pas pouvoir repartir des stands si je changeais de pneus. Ce fut la trouille de ma vie" déclare le nouveau double vainqueur de l'épreuve. Jean Rondeau devient le premier artisan constructeur / pilote à remporter les 24 Heures du Mans ! 1983 : les soucis s'accumulent sur la Porsche 956 #3 de Vern Schuppan, Hurley Haywood et Al Holbert en fin de course. Il y a déjà eu un changement de porte. De plus, le moteur donne des signes de faiblesse voire plus. La voiture passe la ligne d'arrivée à l'agonie, de la fumée sort des échappements de l'auto. Ouf, il était temps, Derek Bell, déchaîné sur la voiture soeur, la #1, échoue à moins d'une minute !
1990 : la Porsche 962C #16 de Brun Motorsport a été principalement pilotée par Jesus Pareja et le patron, Walter Brun. Oscar Larrauri, le 3e pilote, n'est pas en forme, il est pris de nausées et de vomissements suite à une course annexe le matin de la course où il a été pris dans un carambolage. La #16 n'a pas résisté aux accélérations de la Jaguar XJR-12 #3 de John Nielsen, Price Cobb et Martin Brundle. Mais cette dernière est retardée suite à un changement d'étrier. La Porsche revient à un tour. La 2e place est en ligne de mire, mais à 15 minutes du drapeau à damiers, Jesus Pareja s'arrête au niveau des panneauteurs à Mulsanne dans un nuage de fumée. Le moteur est cassé par la faute d'une vis de carter. Cruelle désillusion.1991 : Mazda touche enfin le Graal et remporte les 24 Heures du Mans devant l’armada Jaguar qui suit…Johnny Herbert passe la ligne d’arrivée sur sa 787B #55, mais ce dernier déshydraté ne sera pas en mesure de monter sur le podium et savourer la douche au champagne…
1999 : la dernière heure de course se profile à l’horizon et une petite minute sépare la BMW LMR V12 #15 de la Toyota GT One #3. Ukyo Katayama sur la "Toy" est tout simplement déchaîné et grappille seconde par seconde. Au 346e passage, il fixe le record du tour en 3’35’’032. Malheureusement pour la marque nippone, cette course lui réserve un nouveau coup du sort (après l'abandon en 1998) : peu avant Indianapolis, le pneu arrière gauche de la GT One #3 éclate et le pilote japonais est tout heureux d’éviter la sortie de piste. Retour au stand, changement de la roue et il repart mais, cette fois-ci, le rêve touche à sa fin et le trio japonais doit se contenter de la seconde place derrière Joachim Winkelhock, Pierluigi Martini et Yannick Dalmas.
2016 : Alors que la Toyota TS050 Hybrid #5 aux mains de Kazuki Nakajima est en tête lors de l'avant-dernier passage sur la ligne, elle connaît un problème technique qui la force à s'arrêter. Elle est alors doublée par la Porsche 919 Hybrid #2 des futurs vainqueurs Marc Lieb, Neel Jani et le Français Romain Dumas. Bien que la voiture nippone soit finalement repartie, elle a effectué son dernier tour en plus de six minutes, ce qui est contraire au règlement. Elle n'est donc pas classée ! Cruelle arrivée !
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