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Andy Wallace, première participation au Mans et victoire ! (part 2)

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14 juin. 2020 • 13:07
par
David Bristol
Suite de notre entretien avec Andy Wallace. Sur cette 2e partie, le Britannique nous parle de la course de 1988 et de son déroulé...
Le jour tant attendu arrive enfin. Les Sauber-Mercedes ont finalement déclaré forfait dès les essais suite à des problèmes d’éclatements de pneus non résolus. Le duel s'annonce grandiose entre Porsche et Jaguar, les deux prétendants à la victoire. Le samedi 11 juin, le départ est donné à 15 heures à cause d’élections qui se tiennent en France devant 280 000 spectateurs dont un très gros contingent de supporteurs britanniques. Très vite, la Jaguar XJR-9 #2 pilotée par Jan Lammers prend la tête de la course suivie comme son ombre par les Porsche 962C usine. « Il n’y avait pas vraiment de stratégie favorisant une voiture par rapport aux autres. Je pense que le set-up de notre voiture était peut-être légèrement différent, mais uniquement à cause des préférences des pilotes. C’est ce qui a fait que nous avons pris le commandement de la course.»
Plus tard dans la course, deux des Jaguar doivent abandonner : la #3 de John Watson, Raul Boesel et Henri Pescarolo (boîte de vitesses) vers minuit et la #1 de Martin Brundle et John Nielsen (culasse) à 9 h 50 officiellement. Du côté allemand, ce n'est pas beaucoup mieux : une Porsche 962C officielle a disparu (#18 de Wollek / Schuppan / Van der Merwe, moteur), une autre, la #19, est plus loin ralentie par un changement de pompe à eau. Tom Walkinshaw ne donne pourtant pas d’instructions particulières pour la fin de course. « On nous avait donné la liberté de faire notre propre course, mais après que deux des cinq voitures aient abandonné, nous avons tous été conscients que nous ne devions pas faire de fautes.»La Jaguar XJR-9 #2 est en tête, mais elle est toujours poursuivie par la Porsche 962C #17 de Hans Joachim Stuck, Derek Bell et Klaus Ludwig. Impossible de jouer stratégique. « Nous roulions aussi vite que nous le pouvions et, en même temps, nous essayons de ménager la mécanique de la voiture. »
Mais cela tient. Même si la #17 est revenue dans le même tour, Klaus Ludwig n'arrive pas à combler l'écart dans les toutes dernières heures sur Jan Lammers qui franchit la ligne d'arrivée. Andy Wallace et ses coéquipiers remportent la 56e édition des 24 Heures du Mans,  31 ans après la Jaguar Type D (#3 engagée par Écurie Ecosse et pilotée par Ron Flockhart et Ivor Bueb). Jaguar bat donc Porsche pour 2'36" d’avance seulement au terme d'une course mythique, haletante et disputée de bout en bout ! Ce succès est aussi celui d’une voiture devenue mythique : la XJR-9. « Je me rappelle bien qu’à l’intérieur de cette auto, il y faisait très chaud, environ 55°. Elle  était vraiment très basse. Même avec un kit à faible appui aérodynamique, quand vous passiez les virages Porsche, les sensations étaient phénoménales, ça allait tellement vite. Je me souviendrai donc de ça : la vitesse de cette auto dans les parties très rapides du circuit. »Quand on demande au vainqueur des 24 Heures du Mans plus de 30 plus tard une anecdote, il nous conte la suivante. « Tout au long de la course, nous étions en lutte avec les Porsche usine. Du Tertre Rouge jusqu’au virage de Mulsanne, nous avions moins de puissance que les Porsche, mais aussi moins de traînée aérodynamique. Lorsqu’une 962 C nous suivait à la sortie du Tertre Rouge, nous étions dépassés 200 mètres plus loin. Quand les pilotes Porsche nous dépassaient, ils nous faisaient un petit signe. Un kilomètre et demi plus tard, alors que nous avions atteint la vitesse maximum, c’était à notre tour de les dépasser et nous faisions le même signe ! C’était incroyable ! »
Cette victoire a un goût spécial pour Andy Wallace car il ne faut pas oublier qu'il est arrivé en Sarthe en tant que Rookie (débutant) en 1988. Il tient cependant à revenir sur l'aide importante qu'un pilote lui a a apporté... « Tout cela vient de mes années en Formule 3. Fin 1986, je suis allé à Macao. Il y avait deux épreuves au programme. A la fin de la première, au dernier tour, j’étais en lutte avec Jan Lammers, il menait et j’étais derrière lui. Au dernier endroit où il est possible de dépasser, il regardait dans ses rétros et me surveillait. Il a freiné si tard qu’il a perdu l’arrière et touché les rails de sécurité ! J’ai alors saisi ma chance et j’ai remporté la course, il a réussi à terminer 2e. En 1986, il était déjà pilote Jaguar et lorsqu’il a su que l’équipe cherchait un pilote pour Le Mans 1988, il leur a dit de m’appeler. Quand je suis arrivé au Mans, Jan m’a dit : « Ecoute, tu n’as jamais disputé les 24 Heures du Mans. Tu dois être très prudent ». Je dois avouer qu’il m’a tout appris. Il m’a surtout dit de me méfier de la boîte de vitesses de la Jaguar car, à ce moment là, c’était le point sensible de la voiture. Il m’a ensuite indiqué le rapport de boîte que je devais enclencher à chaque portion du circuit et ça a marché ! »
Bien entendu, gagner les 24 Heures du Mans a marqué sa carrière et cela a propulsé sa carrière. Il a ainsi couru pour de nombreux grands constructeurs comme Toyota en IMSA et au Mans, McLaren, Bentley, AUdi ou encore Cadillac (voir 3e partie). « Pour être honnête, remporter Le Mans, c’est une sensation si particulière que j’en avais oublié que c’était ma première course au Mans ! »
A suivre...

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