Henri Pescarolo : "Mes 24 Heures 1980 avec la Rondeau M379"
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13 juin. 2020 • 12:00
par
Claude Foubert
Après avoir évoqué ses 24 Heures du Mans 1970 avec Matra, Henri Pescarolo revient pour nous aujourd'hui sur les 24 Heures 1980 qu'il a disputées avec l'équipe de Jean Rondeau en compagnie de Jean Ragnotti.
Cette édition 1980 restera marquée d'une pierre blanche pour les Français avec la victoire de Jean Rondeau (seul pilote constructeur à ce jour à avoir remporté la classique de l'endurance mancelle) et de Jean-Pierre Jaussaud qui signait sa deuxième victoire au Mans après son succès de 1978 avec l'Alpine-Renault A442B.
Pour Henri Pescarolo, tout avait bien commencé puisqu'il s'était élancé sous le déluge depuis la pole position avec la Rondeau M379-Cosworth #15. Elle s'est malheureusement moins bien terminée, la Rondeau devant abandonner à la 10ème heure de course, joint de culasse cassé alors qu'après le cap du premier quart de la course, elle pointait en tête.
Henri, ces 24 Heures 1980, c'est un bon ou un mauvais souvenir ?« C'est un peu mitigé puisque j'ai dû abandonner et que ce n'est donc pas satisfaisant, mais d'un autre côté c'est un bon souvenir avec la victoire de Jean Rondeau et de Jean-Pierre Jaussaud. Jean le méritait bien. Il aurait même dû être aussi Champion du Monde des Constructeurs en 1982 si Porsche n'avait pas exploité une faille dans la réglementation en faisant marquer des points à une auto qui n'aurait certainement pas dû en marquer. On avait vraiment une voiture compétitive. Notre principal problème était le moteur Cosworth. Il était puissant, mais il générait beaucoup de vibrations et c'est ce qui explique notre casse moteur. Heureusement, les deux autres Rondeau n'ont pas eu ce problème et ont fini première et troisième. « Vous étiez parti en pole position, même si c'est John Fitzpatrick qui avait réalisé le meilleur chrono en qualifications avec une Porsche 935, en raison de la réglementation...« Oui, en 1980, la grille de départ était déterminée par la moyenne des temps réalisés par l'équipage. On avait un très bon équipage, très homogène (Henri Pescarolo avait tourné aux essais en 3.44 et Jean Ragnotti en 3.46 et John Fitzpatrick avait fait un chrono de 3.40.2, ndlr). Nous avions tous deux une grande différence de taille, ce qui a donné une belle anecdote. Un journaliste a demandé à Ragnotti comment il faisait pour conduire la voiture alors qu'il faisait 1 mètre 60 et moi 1 mètre 80. Jeannot lui a répondu du tac au tac : « Ce n'est pas compliqué parce que Henri reste dans la voiture et moi, je me mets sur ses genoux !! » C'est Jean Rondeau qui avait choisi les équipages et j'étais content de faire équipe avec Ragnotti. C'était un joyeux camarade, il n'arrêtait de faire le pitre, mais dans la voiture, il était très sérieux Avec Jeannot, on s'entendait très bien et on était très complémentaires, il conduisait super bien, mais c'est vrai qu'on avait toujours sur la tête l'épée de Damoclès de la fiabilité du Cosworth, alors que la Rondeau était vraiment une excellente voiture, que ce soit la M379 ou la M382 avec laquelle j'ai remporté les 1000 Km de Monza deux ans plus tard, l'année où Rondeau aurait dû être Champion du Monde."Comment était Jean Rondeau en tant que Chef d'Equipe ?« Jean était avant tout un pilote et son objectif a toujours été d'avoir une voiture compétitive pour gagner des courses. Il a vite compris que, pour avoir une chance de remporter les 24 Heures du Mans, il fallait qu'il construise sa propre voiture. C'était ambitieux et même un peu osé sur le papier, mais il a su s'entourer des bonnes personnes pour mener à bien son projet. C'est une grande réussite. »Est-ce que sa victoire en tant que constructeur a été un élément déclenchant quand, plus tard, vous avez vous aussi construit votre propre voiture ?« Non, ça n'a rien à voir. Quand j'ai décidé de me lancer, la référence à la victoire Rondeau était oubliée depuis longtemps. Dans les années 1980, je ne pensais pas du tout à avoir un jour une équipe de course. Mon passage de pilote à constructeur, c'est pour d'autres raisons dont on parlera plus tard. »
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