Après ses 24 Heures du Mans de 1970 et de 1980, Henri Pescarolo revient aujourd'hui pour Endurance-Classic sur l'édition de 1990.
Cette année-là, le quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans pilotait une Porsche 962 C, la #6, engagée par Joest Porsche Racing. Il était associé à Jean-Louis Ricci et Jacques Laffite. Le trio, qui s'était qualifié en 15ème ligne (Mark Blundell avait signé la pole position avec la Nissan R90CK #24 qui illustrait la couverture du programme officiel), prenait à l'arrivée la 14ème place d'une course remportée par la Jaguar XJR-12 LM de Martin Brundle, John Nielsen et Price Cobb.Henri, qu'évoquent pour vous ces 24 Heures du Mans 1990 ?"En 1990, en fait, je ne devais pas courir. Jean-Louis Ricci avait créé une écurie qui s'appelait France Protauto Team , dirigée par Pierre-François Rousselot, et il faisait courir une Spice SE88 C avec Claude Ballot-Lena en 1988. Jean-Louis avait dépensé énormément d'argent pour faire courir cette auto. Pensant sans doute qu'il n'en avait pas dépensé assez et, pour le prestige, plutôt que de conduire une voiture de son écurie, il a loué une voiture chez Joest, finançant donc en 1989 l'engagement auprès de Reinhold Joest d'une Porsche 962 C sur laquelle il courait, toujours associé avec Ballot-Lena. Pour ma part, je faisais le début de saison sur la Spice avec Alain Ferté comme coéquipier. En 1989, j'ai d'ailleurs fait les 24 Heures sur la Porsche avec Ricci et Ballot-Lena et nous avions terminé 6e. En 1990 donc, Jean-Louis a renouvelé l'opération avec Joest. Seulement, Reinhold Joest trouvait que Claude Ballot-Lena n'était pas à l'aise dans la Porsche et pas assez rapide. Il a proposé à Jean-Louis de me demander de courir avec lui et c'est pour ça que j'ai quitté la Spice et fait une bonne partie de la saison du Championnat du Monde et les 24 Heures du Mans avec Jean-Louis Ricci. Jacques Laffite pilotait avec nous au Mans. Jacques, tout comme moi, étions bons copains avec Jean-Louis. On a donc fait cette course par amitié. La voiture était engagée par Reinhold Joest mais c'est Jean-Louis Ricci qui avait entièrement financé l'engagement de la voiture, l'équipe de Joest gérant toute la partie technique. »Reinhold Joest, ce n'était pas un inconnu pour vous...« Non, bien sûr, puisque j'avais remporté les 24 Heures du Mans en 1984 avec Klaus Ludwig sur une Porsche 956 de Joest Racing. J'étais très content de refaire les 24 Heures de 1989 à 1991 avec cette équipe.L'organisation de l'équipe était parfaite. Reinhold Joest était quelqu'un de très professionnel, extrêmement compétent. Quand on montait dans une de ses voitures, on partait en confiance, c'était très sécurisant.D'ailleurs, quand on a parlé des 24 Heures 1980, vous m'aviez demandé si j'avais été influencé par l'histoire de Jean Rondeau pour monter ma propre équipe. J'avais répondu non. Avec le recul, je pense que c'est peut-être l'exemple de Reinhold Joest qui m'a inspiré...Quel genre d'homme était Jean-Louis Ricci ?« Jean-Louis, c'était un Monsieur...Alors qu'il était très riche, puisqu'il était le petit-fils de Nina Ricci, il était d'une très grande simplicité. Il avait une passion absolue pour le sport automobile et pour l'endurance, en particulier. C'était un vrai gentleman driver, gentleman et pilote en même temps. Il connaissait parfaitement ses limites et n'essayait pas de surpiloter ou de prouver quoi que ce soit pour approcher les temps des pilotes professionnels. Il faisait ce qu'il savait faire et tournait avec régularité, sans faire de fautes, pour être à l'arrivée. C'était un plaisir de conduire avec lui. Je l'ai d'ailleurs retrouvé en 1992 avec aussi Bob Wollek sur une Cougar C28 LM de Courage Compétition. Nous avions terminé 6e et gagné en catégorie C3, en battant toutes les Porsche !Avec Jean-Louis et vous, il y avait aussi Jacques Laffite...« Oui et c'était très bien. J'ai toujours considéré que Jacques était un des tout meilleurs pilotes français. Jean-Louis Ricci avait réussi à le convaincre de revenir au Mans, et de courir avec moi. En 1990, Jacques a été parfait et n'a pas voulu épater la galerie. Il a tout a fait respecté l'esprit d'équipe. L'objectif de Jean-Louis était d'être à l'arrivée et on a donc piloté dans cette optique. Jacques et moi, on allait vite, mais sans en demander trop au moteur Porsche et en assurant. Notre Porsche avait un petit problème de consommation, mais quand Jean-Louis prenait le relais, il tournait moins vite et consommait moins de carburant, ce qui équilibrait les choses. Nous nous sommes tous les trois très bien entendus et l'objectif a donc été atteint..."
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