24 Heures du Mans 1987, part 1 : Jaguar défie Porsche
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24 juin. 2020 • 14:06
par
David Bristol
Après la démonstration de 1986 avec sept voitures aux sept premières places et neuf dans le Top 10 (trois 962C, quatre 956, une 936 et une 961), Porsche remettait sa couronne en jeu, titre qui est la propriété du constructeur allemand depuis 1981 (victoire de la 936 #11 "Jules" de Jaky Ickx/Derek Bell). Le constructeur allemand a également remporté les titres Pilotes en 1986 avec Derek Bell et Hans Stuck et le titre Equipes grâce au Brun Motorsport. Les 24 Heures du Mans 1987 constituaient la cinquième manche du Championnat du Monde des Sports-Prototypes.Les Jaguar XJR8 ont dominé le début du Championnat du Monde en remportant les quatre manches précédant les 24 Heures du Mans : victoires de Lammers/Watson à Jarama, de Cheever/Boesel à Jerez, de Lammers/Watson à nouveau à Monza et de Cheever/Boesel encore à Monza. Les Porsche 962C ont certes été battues quatre fois, mais elles n’ont pas été laminées et, sur 24 heures, cela risquait d’être une toute autre affaire…Les engagés63 voitures ont fait acte de candidature mais la course n’a pas fait le plein des engagés, puisque 50 voitures seulement (51 en fait, Mazda ayant amené une voiture de réserve) -toutes des prototypes- se sont présentées pour les Vérifications Techniques, réparties en trois catégories : C1, C2 et IMSALa liste des engagés est ci-dessous (avec quelques inexactitudes…)C1La catégorie reine, le C1, est la mieux représentée avec 27 engagés. Le duel Jaguar-Porsche, la revanche de 1986, est au rendez-vous, chacun des deux constructeurs alignant trois voitures d’usine.
Porsche AG engage trois 962C officielles : #17 pour Hans Stuck/Derek Bell/Al Holbert, #18 pour Bob Wollek/Jochen Mass et #19 pour Vern Schuppan/Kees Nierop/Price Cobb. Ces trois 962C sont propulsées par un moteur 3 litres Turbo à refroidissement par eau, avec une puissance annoncée de 700 chevaux à 7000 tours/minute pour un poids avoisinant les 900 kg, la limite de la catégorie étant fixée à 850 kg.
Silk Cut Jaguar, sous la direction de Tom Walkinshaw, présente trois XJR8 LM à moteur atmosphérique 6900 cm3 pour une puissance similaire à celle des Porsche : 700 chevaux à 7000 tours/minute, les XJR8 ayant elles aussi un poids près de 900 kg. Les Jaguar sont chaussées en Dunlop comme les Porsche officielles.Si Jaguar n’a que ces trois unités, Porsche a en revanche d’autres fers au feu, avec pas moins de neuf autres 962C engagées par des équipes privées : trois pour Brun Motorsport, deux pour Jöst Racing, deux pour Porsche Kremer Racing, une pour l’Equipe Liqui Moly et une pour Primagaz Compétition, des équipes de grande valeur avec des pilotes talentueux comme Michel Trollé, Oscar Larrauri chez Brun, Sarel Van der Merwe, Hurley Haywood, David Hobbs chez Joest, Volker Weidler, Franz Konrad ou Wayne Taylor chez Kremer, Jonathan Palmer et James Weaver chez Liqui Moly, Jürgen Lassig chez Primagaz, et d’autres.
Porsche motorise également la Cougar C20 engagée également sous la bannière de Primagaz Compétition et pilotée par Pierre-Henri Raphanel, Hervé Regout et Yves Courage, le constructeur de la voiture lui-même. La Cougar était équipée de pneumatiques Michelin tandis que la Porsche 962C également sous les couleurs de Primagaz Compétition est en Goodyear.Face aux deux grands favoris, Porsche et Jaguar, l’opposition vient de Nissan, avec deux R87E officielles à moteur V8 3 litres turbo et une R86E de l’année précédente (V6 3 litres) engagée par Italya Sports. Les modèles 87, une évolution de la R86E, sont cependant plus lourds, trop peut-être…Les Nissan officielles ont des équipages entièrement nippons, dont Aguri Suzuki et Masahiro Hasemi.
Le Toyota Team Tom’s aligne deux nouveaux modèles, des C87 avec un moteur 4 cylindres turbo de 2140 cm3, avec une puissance annoncée en hausse par rapport à 1986, avec une belle brochette de pilotes dont le Champion du Monde F1 Alan Jones, Geoff Lees, Tiff Needell ou Masanori Sekiya.
Autres têtes de gondole en catégorie C1, les deux Kouros Mercedes C9, dotées d’un moteur 5 litres préparé par l’usine. Les deux équipages sont solides, la #61 étant confiée à Henri Pescarolo, Mike Thackwell et Hideki Okada, la #62 à Johnny Dumfries, Mike Thackwell (inscrit donc sur les deux C9) et un certain…Chip Ganassi (l’emblématique patron du Chip Ganassi Racing, qui a engagé les Ford GT au Mans à quatre reprises, a fait une carrière de pilote, notamment en CART ou en IMSA Camel Lights, a disputé 5 fois les 500 Miles d’Indianapolis, a disputé les 24 Heures de Daytona, et donc les 24 Heures du Mans).Outre une Sauber C8 engagée par Noël Del Bello, trois protos français complètent la catégorie C1. WM, sous l’égide de Secateva, a engagé une WM P86 et un nouveau modèle, la WM P87. L’équipe de Gérard Welter et Michel Meunier a largement dépassé - mais officieusement - les 400 km/h la semaine précédant le Pesage sur une autoroute en construction. Graff Racing a, pour sa part, engagé une Rondeau M482 motorisée par un Ford Cosworth DFL V8 3,3 litres.C2La diversité était de mise dans la ”petite”catégorie, avec 10 marques différentes : Ecosse, Sauber, Bardon, Spice, Chevron, Tiga, ALD, Alba, Royale (même si celle-ci est dérivée de l’Argo) et Argo justement.Cette diversité se retrouve dans le choix des motorisations, même si le Cosworth DFL 3,3litres est en force avec neuf unités (Ecosse, Bardon, Spice, Alba, Royale, Tiga). On trouve quelques originalités, comme le moteur ROC équipant la Chevron B36 de José Thibaut, le Zakspeed 1,9l turbo de l’Argo JM19 du team Schanche, ou encore les moteurs de plusieurs Tiga : un Volvo 2,3l Turbo pour la GC287 #171 du CEE Sport Racing, un Rover V6 3,2l pour la GC297 #181 du Dune Motorsport, un Porsche 2,6 Turbo type 935 pour la GC287 #123 du Charles Ivey Racing, un Cosworth DBT 2,3 l Turbo pour la GC287 #114 du Tiga Ford DK.Diversité également pour Spice, avec un Hart 1,4 litre Turbo pour la SE86C #117 de Chamberlain Enginneering et un Cosworth DFL 3,3l pour la SE86C #111 de Spice Engineering, cette Spice jaune arborant, à l’initiative de Philippe De Henning, un sponsoring d’un genre nouveau puisque mettant en valeur l’ouvrage de Ron Hubbard ”La Dianétique” ! On ne connaissait pas encore énormément en Europe la Scientologie à l’époque…
Les deux ALD de Louis Descartes (#177 pour le modèle 87 et #178 pour le modèle 86) ainsi que la Sauber C6 #108 de Roland Bassaler sont équipées d’un moteur BMW 3,5l alors que l’Argo JM19 #200 de Dahm Racing Cars est propulsée par le moteur 3,2l double turbo de la Porsche 930.
Les favorites de la catégorie sont les deux Ecosse C286 DFL, avec des pilotes comme Mike Wilds, Ray Mallock ou Marc Duez, ainsi que la Spice officielle avec Gordon Spice lui-même et Fermin Velez.IMSA GTPLa catégorie la moins représentée concerne seulement deux marques : Mazda et Porsche. Mazdaspeed présente (comme en 1986) deux 757 conçues par Nigel Stroud à moteur rotatif Wankel, des tri-rotor.
Porsche engage officiellement, comme en 1986, sa 961 à quatre roues motrices, elle avait terminé septième l'année précédente.Merci à Christian Vignon pour ses photos.
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