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Henri Pescarolo en 2009 : "Le règlement a fait mourir les petites équipes par un manque de justice"

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7 nov. 2020 • 11:00
par
Laurent Mercier
On ne vous apprendra rien en vous disant que Henri Pescarolo n'a pas la langue dans sa poche. Il est toujours bon de relire des anciennes interviews. Celle que l'on va vous remémorer date de juillet 2009, soit il y a plus de 11 ans. A cette époque, Endurance-Info demandait au patron de Pescarolo Sport comment il voyait l'avenir. Retour onze ans en arrière...

Comment voyez-vous l’avenir de la discipline Endurance ?

« L’Endurance, c’est Le Mans. Jusqu’à maintenant, le comité technique de l’ACO n’était qu’une entité politico-économique. Le nouveau comité sport devrait logiquement permettre de donner la priorité à une réelle éthique sportive. Nous pourrons alors parler de l’avenir de la discipline. Le règlement a fait mourir les petites équipes de par un manque de justice. Durant trois ans, il n’y a pas eu de course, mais un duel Audi/Peugeot. Avec le nouveau comité, j’ai donc confiance et j’espère que l’ACO ne nous décevra pas.

« Je crois que l’Endurance a de l’avenir… même si la F1 restera toujours la F1. Derrière, la plus belle discipline, c’est l’Endurance, c’est Le Mans, avec des équipes privées de grande qualité qui affrontent des grands constructeurs. Historiquement, il y a toujours eu des duels, mais il ne faut pas sacrifier les autres teams… »

Que pensez-vous des nouvelles technologies, telle que l’hybride-électrique ?

« Mon sentiment est assez partagé. L’écologie, tout le monde veut en faire. Mais il ne faut pas oublier que la course automobile est un spectacle. 250 000 spectateurs pour regarder passer des voitures électriques dans un profond silence, ça ne marchera pas. Les gens sont brimés dans la vie de tous les jours donc ils ne veulent pas venir voir des voitures avec toutes sortes de limitations. Le sport auto, c’est en quelque sorte du rêve et de la démesure. L’écologie oui, mais sans dénaturer la course.

« Ensuite, je suis pour les nouvelles technologies, mais avec une bonne équivalence. On a vu qu’avec le Diesel, une technologie pourtant bien connue, ce n’était pas facile. Donc il faudra des spécialistes, pour faire les règlements, des spécialistes compétents et honnêtes. »

Quel est votre avis sur le nouveau règlement ?

« Je dois dire que je ne le comprends pas. Ce règlement a pour objectif d’avoir des voitures en 3min30. Or, les Pescarolo ou ORECA sont proches de cette barrière. Ce sont des autos existantes et raisonnables : c’est la solution que je préconise. La seule chose, c’est qu’on a permis aux voitures à moteur Diesel de rouler en moins de 3min20. Il faut seulement harmoniser les performances, jouer avec les brides. »

A vouloir absolument faire diminuer les performances des voitures, l'ACO ne se tire-t-elle pas une balle dans le pied alors que la performance est l'essence même du sport auto ?

« Diminuer drastiquement la performance des prototypes, je ne pense pas que cela soit la meilleure chose à faire. Les LMP2 actuelles consomment de 5% à 8% moins que les LMP1, mais elles sont en 3min42 et encore, elles ne roulent pas à 900kg. Ce nouveau règlement, c’est couper les ailes du rêve, un peu comme on l’a fait en installant des chicanes dans les Hunaudières. »

A propos du règlement 2011, comment Pescarolo Sport travaille-t-il dessus ?

« Nous sommes en phase de réflexion. L’ACO a écouté ce que nous avions dit puisqu’il ne nous a pas obligé à changer de châssis. C’est un bon point. En revanche, si les moteurs sont plus petits, il faudra adapter le châssis. Notre réflexion dépendra aussi de l’évolution des équivalences et des budgets. Or, le paramètre économique est lié à l’image de l’auto en France, image qui est catastrophique. Il faut la faire évoluer. En France, l’automobile représente 12% du PIB, il faudrait que les politiques s’en souviennent. »

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