Retour sur la carrière de Christophe Bouchut aux 24 Heures du Mans (part 2)
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25 jan. 2021 • 14:02
par
David Bristol
Suite et fin du portrait de Christophe Bouchut qui compte, entre autres, 20 participations aux 24 Heures du Mans.Après donc trois participations de suite aux 24 Heures du Mans avec Kremer Racing (1995, 1996 et 1997, lire première partie ICI), Mercedes le contacte et le fait signer dans l’équipe officielle AMG Mercedes. La première année, il pilote la Mercedes CLK-GTR LM #36 en compagnie de Jean-Marc Gounon et Ricardo Zonta. On le sait, les deux autos ne vont pas aller très loin et celle de Christophe Bouchut abandonne après trois heures de course suite à un souci moteur (courroie pompe à huile). Il remet cela l’année suivante avec la Mercedes CLR #5 qu’il partage avec Nick Heidfeld et Peter Dumbreck. Là encore, on sait comment cela va se terminer : en looping dans la 5e heure de course ! « A ce moment-là, je pouvais rouler partout. Les propositions arrivaient de toute part. J’aurais pu aller chez BMW, mais j’ai choisi l’option Mercedes. J’avais un contrat de trois ans, mais le programme a tourné court. On devait aller rouler en ALMS et la déception a été double pour moi. Dans la foulée est arrivée une proposition de Mercedes pour aller rouler en DTM. Le championnat redémarrait et je me suis réorienté vers l’Endurance. Pourtant ces Mercedes CLK et CLR étaient très performantes et jolies. Malgré tout ce que les gens peuvent dire, elles ont marqué les esprits et pas seulement par les envols des 24 Heures du Mans. Certes, elle s’est envolée, point ! Pour moi, ces Mercedes restent parmi les meilleures autos. A cette époque là, j’ai relativisé car, à chaque fois que quelque chose s’est arrêté, j’ai eu d’autres opportunités. » (Christophe Bouchut reviendra plus en détails sur sa période Mercedes dans un prochain article).
Pour sa 8e participation aux 24 Heures du Mans en 2000, Christophe Bouchut va entamer une longue collaboration (commencée déjà bien avant en BPR, Daytona, Championnat du France FFSA GT, etc…) avec Labre Compétition et Jack Leconte. Il est aussi vainqueur du championnat FIA GT en 2000 dans la catégorie N-GT (2e division avec Patrice Goueslard sur Porsche 911 GT3-R de Larbre Compétition, champion N-GT) ainsi que champion FIA GT en 2001 et 2002 sur Chrysler Viper GTS-R toujours avec l’équipe française. C’est donc tout naturellement que l’on le retrouve dans la structure du Val de Vienne au Mans.Sept éditions se dérouleront ensemble et cela commence dès 2000 avec une Porsche 911 GT3 R qu’il partage avec Patrice Goueslard et Jean-Luc Chereau. Ce sera d’assez courte durée puisque la voiture est accidentée aux Esses de la Forêt (avec la #78) à 18 h44.
Les trois années suivantes se font avec une Chrysler Viper GTS-R et, coïncidence, il terminera à chaque fois 4e en catégorie GTS. En 2001, il finit 20e avec Jean-Philippe Belloc et Tiago Monteiro, 18e en 2002 (Patrice Goueslard et Vincent Vosse) et 16e en 2003 avec Patrice Goueslard et Steve Zacchia. 2004 passe par la Ferrari 550 Maranello, toujours chez Larbre, avec Patrice Gouelsard et Olivier Dupard (14e, 5e LMGTS).
En 2005, le Français fait une entorse à sa longue collaboration avec Jack Leconte. En effet, il roule cette année là sur la Ferrari 550 Maranello #61 de Russian Age Racing, avec les Russes Nikolay Fomeko et Alexei Vasiliev. Les trois hommes finissent 17e de la course, 5e en catégorie GTS !
En 2007 et 2008, Christophe Bouchut revient au sein de Labre Compétition d’abord sur l’Aston Martin DBR9 #008 (Fabrizio Gollin et Casper Elgaard, 7e au général) avec laquelle il monte sur le podium LMGT1 (3e) puis avec la Saleen S7-R #50 (David Hallyday "Smet" et Patrick Bornhauser, 28e, 7e des LMGT1).
Avoir passé autant d'années dans une seule et même écurie crée forcément des liens. Christophe Bouchut revient sur sa complicité avec Jack Leconte et sa fidélité à Larbre Compétition. « En 1995, j’ai rencontré Jack Leconte qui avait été impressionné par mes victoires au Mans et à Daytona. Il s’est dit qu’un pilote qui gagne ces deux courses ne les remportent pas par hasard. Je suis resté plusieurs années à ses côtés, aussi bien au Mans qu’en FIA-GT après ma période Mercedes. J’ai connu avec lui et son écurie beaucoup de victoires et de titres. C’est un moment très fort de ma carrière. J’ai partagé un tas de choses avec Jack. Nous avons été de toutes les campagnes, de tous les combats. Il m’est impossible de tout ressortir tant il y a eu de bons moments. Aux 24 Heures du Mans, la collaboration a débuté en 2000 sur une Porsche avant trois années sur la mythique Chrysler Viper GTS-R. Avec Jack, nous prenons toujours du plaisir à nous voir, ce qui est toujours régulièrement le cas. »Entre temps, Christophe remporte les 24 Heures de Spa en 2001 (avec Jean-Philippe Belloc et Marc Duez) et 2002 (avec Sébastien Bourdais, David Terrien et Vincent Vosse) sur Chrysler Viper GTS-R. Il est aussi couronné en Championnat de France de Supertourisme avec Seat (2003), devient champion ELMS en catégorie GTS en 2004 et Champion de France de FFSA GT en 2008 (avec Larbre Compétition, Saleen S7-R). Après sa période Larbre au Mans, il dispute l'édition 2009 avec JMB Racing sur une Ferrari F430 GTC en GT2 avec Manuel Rodrigues et Yvan Lebon (29e).2010 marque un nouveau tournant dans sa carrière qu’il oriente vers les Etats-Unis avec un certain Scott Tucker qui détient l’écurie Level 5 Motorsports. Il roule déjà avec l’Américain aux 24 Heures du Mans la même année sur une Audi R10 TDi engagée par Kolles. Sur cette #14, il est aussi associé à Manuel Rodrigues qu'il retrouve, mais la voiture ne voit pas l’arrivée suite à une sortie de piste au virage du Karting à la 13e heure. Il roule avec Scott Tucker en 2010, 2011 et 2012 en American Le Mans Series et bien lui en prend puisqu’il remporte le championnat en 2011 et 2012 dans la catégorie LMP2. « Je compare l’époque Larbre Compétition à ce que j’ai vécu avec Level 5 Motorsports aux Etats-Unis. J’aurais pu continuer à rouler en France après le titre 2008 (en FFSA GT). Puis l’opportunité d’aller rouler aux Etats-Unis s’est présentée et le choix a été vite fait. C’était important pour moi de ne pas rester enfermé. »Il roule aussi pour l’équipe américaine aux 24 Heures du Mans en 2011 (Lola B10/60 #33 avec Scott Tucker et João Barbosa, 10e) et 2012 (HPD ARX-03b #33 avec Scott Tucker et Luis Diaz, abandon 17e heure, alimentation essence).
Il termine sa (longue) carrière aux 24 Heures du Mans avec une 20e participation en 2013. Elle se fait via Lotus et la Lotus T128 qu’il pilote avec Kevin Weeda et James Rossiter. Manquant cruellement de mise au point, l’auto ne voit pas l’arrivée et abandonne à la 3e heure sur une panne du circuit électrique.
Christophe Bouchut n’a aucun regret par rapport à sa carrière et, en particulier, avec son parcours aux 24 Heures du Mans. « J’ai toujours eu la même ligne de conduite avec mon franc-parler, mon propre style et je pense que cela a plu aux équipes. L’objectif était de donner le change sur la piste. Personnellement, je n’ai aucun regret par rapport aux 24 Heures du Mans car je ne regarde jamais derrière moi. Mes choix ont souvent été difficiles et j’ai toujours pris du temps pour la réflexion. Si c’était à refaire, je ne changerais rien. J’ai fait de ma passion ma profession, la course m’a tout apporté. Je me suis toujours efforcé d’être professionnel et affûté sur le côté physique. Chaque saison, je me disais que je vivais quelque chose d’extraordinaire. Chaque fin d’année, les pilotes se demandent ce qu’ils vont devenir l’année suivante et je n’ai quasiment jamais été dans cette situation. »Photos Eric Fabre, Michel Faust, Nicolas Trefou, Laurent Chauveau, Christian Vignon et Stéphane Cavoit
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