Gunnar Jeannette (part 1) : "J’ai pris conscience que je faisais partie de cette course si spéciale !"
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13 fév. 2021 • 14:05
par
David Bristol
Gunnar Jeannette est né le 5 mai 1982 à West Palm Beach, en Floride. Il a pas mal roulé aux Etats-Unis, en ALMS, principalement pour l’équipe Panoz et aussi WeatherTech Racing en IMSA. On le connait en France pour avoir été le plus jeune pilote à avoir terminé les 24 Heures du Mans, c’était en 2000. Endurance Classic l’a rencontré pour feuilleter quelques pages de son aventure au Mans et ses huit participations...Gunnar Jeannette a commencé en sport automobile en participant à des courses de voitures de sport historiques à l'âge de 16 ans via l’équipe de son père. Il a fait ensuite le saut dans le monde professionnel moins d'un an plus tard. On trouve ses premières traces en American Le Mans Series en 2000. Il roule alors sur une Lola B2K/40 de Phillips Motorsports et sur une Porsche 911 GT3-R de White Lighning Racing. Il rentre six fois dans le top 10 en sept départs ! Il fait aussi fait ses débuts dans la classe GTU en Grand-Am Rolex Sports Car Series lors des 24 Heures de Daytona.La même année, il dispute des toutes premiers 24 Heures du Mans sur une Porsche 911 GT3-R de Manthey Racing / Gunnar Racing alors qu’il a tout juste soufflé ses 18 bougies. Il partage alors le volant avec Michael Brockman et Mike Lauer : « Je suis issu d’une famille qui tourne autour du sport automobile alors vous imaginez ma joie lorsque j’ai su que j’allais disputer les 24 Heures du Mans. C’est l’un des plus beaux souvenirs de ma vie. Même si je n’avais que 18 ans, j’étais le plus rapide dans la voiture. J’ai été chargé du départ et c’était comme une scène dans le film « Le Mans ». Vous savez, le cœur qui bat avant le départ, les sueurs froides, etc… C’était tout simplement incroyable. Cette année là, il y a eu une Cadillac Northstar LMP qui a pris feu très tôt dans la course (la #4 de Team Dams pilotée par Christophe Tinseau, ndlr). Il y a donc eu un safety car. Comme on était au ralenti, j’ai pu regarder les abords du circuit avec toute cette foule massée. J’ai alors pris conscience que je faisais partie de cette course si spéciale. Rien que le fait d’y repenser là, cela me fait dresser les poils sur les bras ! Nous avons terminé, j’ai piloté quelque chose comme 11 heures. Ce sont de très bons souvenirs. »En effet, les trois hommes franchissent la ligne d’arrivée à la 27e place, la 6e en GT.
L'année suivante, il remporte sa toute première course en Grand Am Rolex Series en catégorie GTS. On le retrouve en Sarthe, toujours sur une Porsche 911 GT3 RS, la #77 de Fresinger Motorsport. L’Américain y signe cette fois là son meilleur résultat au Mans (son seul podium) avec une 7e place au général, une 2e en GT : « J’étais associé à un pilote français, avec Romain (Dumas et aussi à Philippe Haezebrouck, ndlr). Ce fut un week-end difficile. J’ai eu un accident avec la voiture lors des essais du jeudi et la voiture avait pas mal de dommages. L’équipe a eu beaucoup de travail pour que l’auto soit prête pour le départ. Ce fut une édition particulière avec ce déluge quelques minutes après le départ au niveau des Virages Porsche. Ensuite, il a plu presque tout au long de la course. Les conditions étaient vraiment difficiles, mais mes coéquipiers et toute l’équipe ont fait du super travail. Nous avons été assez proches de la voiture lauréate, car nous terminons à un tour. En tout cas, monter sur le podium, voir toute cette foule en bas, c’était juste fantastique, ce sont de supers moments. »En 2002, il a fait ses débuts dans la classe LMP 900 en ALMS sur une Panoz 01 Evo et il fait également partie de l’équipe officielle, Panoz Motorsports en Sarthe. Il partage alors la Panoz LMP01 Evo #12 avec Bill Auberlen et David Donohue : « La Panoz était vraiment une voiture spéciale. J’ai beaucoup roulé avec que ce soit en American Le Mans Series ou aux 24 Heures du Mans. Piloter une LMP1 au Mans était vraiment cool. Malheureusement, nous avions Audi en face de nous, qui n’avait pas du tout le même genre de voiture que nous. La première année avec cette voiture, c’était en 2002. Ils avaient fait pas mal de modifications sur l’auto et, pour être honnête, cela n’allait pas dans la bonne direction. Nous avons eu pas mal de soucis mécaniques et je crois qu’à deux heures du matin, alors que j’étais dans les virages Porsche, j’ai eu un problème de boîte de vitesses. J’ai essayé de ramener la voiture jusqu’à la pilane, mais malheureusement, je me suis arrêté avant la ligne d’entrée aux stands, un endroit où les mécaniciens ne peuvent pas intervenir ni aider. Il a donc fallu que je descende de la voiture et que je la pousse tout seul vers la pitlane jusqu’à temps que je franchisse cette fameuse ligne pour obtenir ensuite le soutien des mécanos ! C’est un sacré souvenir pour moi. » Mais il abandonnera finalement sur un souci moteur.
Il reste chez Panoz l’année suivante en ALMS et roule désormais pour l’équipe JML Team Panoz. Il est au Mans avec la même structure et est à bord de la Panoz LMP01 Evo 2002 #11. « En 2003, nous décrochons le meilleur résultat pour une Panoz avec une 5e place au classement général et première non Audi ou Bentley (rires). J’étais associé à Max Papis et Olivier Beretta. En fin de course, j’ai eu une grosse bataille avec Jean Marc Gounon qui était sur la Courage. Nous échangions notre place avec cette voiture depuis des heures et la bagarre fut vraiment sympa. En fin de course, j’ai discuté avec les ingénieurs, avec Don Panoz car j’avais envie d’être celui qui terminerait cette course. Ce fut sympa car ils m‘ont répondu qu’ils croyaient en moi et que je pouvais le faire ! Cette bataille avec Jean-Marc fut intense et nous étions vraiment roues dans roues. Cela a bien duré 20 à 25 minutes, mais à la fin je crois qu’ils ont eu un souci d’embrayage. Nous étions mieux dans les lignes droites et eux au niveau des freinages. Quand je prenais un peu le large dans les Hunaudières, il revenait dans les virages Porsche et le virage du Raccordement. A chaque fois que nous passions dans la ligne droite des stands, nous étions revenus roues dans roues. Je me souviens que, quand je passais dans la ligne droite des stands, il y avait un écran géant et je pouvais voir nos deux voitures l’une derrière l’autre. A ce moment là je me disais « oh, concentre-toi sur ta course ! » (rires) Je me rappelle aussi un autre moment. C’était la pleine lune dans la nuit du samedi. J’étais dans la ligne droite des Hunaudières, tout seul à ce moment là, éclairé par cette lune avec tous ces arbres qui défilaient. Ces images restent gravées dans ma mémoire, c’était magique ! » A suivre...
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