Gunnar Jeannette (part 2) : "Le commissaire m’a regardé et m’a dit : Là, vous êtes hors course !"
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14 fév. 2021 • 14:10
par
David Bristol
Suite de notre entrevue avec le pilote américain Gunnar Jeannette. Sur cette 2e partie, il nous livre une belle anecdote d'une des participations au Mans avec Panoz...En 2004, Jeannette revient à ses premières amours, le GT2. Il pilote alors une Panoz Esperante GTLM en ALMS et cela va durer trois ans avec deux équipes différentes. Par contre aux 24 Heures du Mans, il est cette fois ci sur une LMP2, catégorie qu’il découvre. Il pilote alors la Courage C65 #35 d’Epsilon Sport avec Renaud Derlot et Gavin Pickering : « Là, ce furent de moins bons souvenirs. L’équipe était bonne, mais pas le moteur. Désolé de vous dire cela, mais c’était un moteur français (rires), un Mecachrome, et il n’était pas très bon, il y avait trop de vibrations. C’est dommage car la voiture et le châssis, français également (rires) étaient vraiment bien. Au final, le moteur a rendu l’âme au niveau du Virage de Mulsanne. Nous étions loin au classement, il était une heure du matin. Je me suis dit : « mais comment je vais revenir au stand ? Avec l’équipe, nous logions dans une maison qui était proche du circuit. J’ai alors décidé de laisser la voiture où elle était et de rentrer directement me coucher à notre logement (rires). » Il continue donc de rouler aux Etats-Unis avec Panoz en 2005 et en 2006. Il signe d’ailleurs ses deux meilleurs résultats cette année là, une quatrième place à Mosport et Petit Le Mans avec Tommy Milner. Il ne dispute pas les 24 Heures du Mans en 2005, mais est de retour en 2006. Il est à nouveau inscrit en GT2 sur une Panoz Esperante GTLM cette fois-ci, la #77 de Multimatic Motorsport Team Panoz. Il roule avec son coéquipier ALMS, Tommy Milner, ainsi que Scott Maxwell. Cette édition ne va pas être de tout repos comme il l’explique : « Ce fut une année difficile déjà parce que nous avons dû abandonner mais aussi parce que c’est la voiture client qui a remporté la catégorie GT2 (Team LNT). Il y a eu une erreur de la part de nos ingénieurs et nous sommes tombés en panne d’essence tôt dans la course. On avait une consigne. "Ne passez pas devant le stand si vous avez un certain chiffre affiché". J’ai alors averti à la radio que j’approchais du dit chiffre à ne pas dépasser. Je leur ai demandé si je devais rentrer au stand pour ravitailler. Ils m’ont dit que je pouvais encore faire un tour supplémentaire. Je leur ai dit que si c’était le cas, je passerais sous le chiffre « limite ». Ils ont insisté et m’ont dit que je pouvais en faire un de plus.Je l’ai donc fait et, après le Virage de Mulsanne, j’ai évidemment commencé à tomber en panne d’essence. J’ai fait tout ce que j’ai pu, réussissant à emmener l’auto jusqu’aux Virages Porsche, mais elle n’a pas voulu aller plus loin. L’ingénieur s’est déplacé et il m’a dit : « j’ai besoin que tu ouvres la cellule à combustible et que tu mettes le reste d’essence dans la pompe. » Je lui ai répondu : « T’es sérieux là ? » (rires). J’ai fait ce qu’il m’a demandé, j’ai glissé ma main dedans, cela brulait et, évidemment, il ne restait plus rien, pas une goutte ! Ils ont donc envoyé un mécanicien avec une bouteille d’eau, mais elle contenait de l’essence (rires). Je suis allé devant la voiture afin de distraire le commissaire. Pendant ce temps là, il a lancé la bouteille dans la partie arrière de la voiture où se trouvait la cellule, mais en tombant dedans, elle a rebondi et fait du bruit. Le commissaire l’a entendue, il est allé voir et a récupéré la fameuse bouteille. Il m’a regardé et m’a dit : « Là, vous êtes hors course ! » Mais cela n’aurait rien changé de toute façon car nous étions vraiment trop loin. C’est juste une histoire drôle ! »Il revient deux ans plus tard en 2008, cette fois-ci en LMP2 sur une Radical SR9 aux couleurs de Team Bruichladdich Radical. Il partage alors le volant avec Marc Rostan et Ben Devlin. Les trois hommes terminent 31e de la course. Il a remporté le championnat des pilotes LMPC de la saison 2011 de l'American Le Mans Series.
Après avoir effectué quelques départs en 2008 pour Corsa Motorsports, Gunnar Jeannette revient à plein temps en compétition en American Le Mans Series. en 2010 dans la nouvelle classe LMPC. Au volant de l'équipe Green Earth Team Gunnar de son père, il signe la première pole position LMPC de l'histoire de la série. Il a ensuite remporté quatre courses avec Elton Julian et a terminé 2e du championnat des pilotes cette année-là. Il rejoint ensuite CORE autosport pour 2011 et continue sa série de succès en LMPC, remportant deux victoires, trois pole positions ce qui le mène ver le titre pilotes LMPC. Il partage ce titre avec son copilote Ricardo Gonzalez mais aussi Eric Lux de Genoa Racing qui a terminé à égalité de points avec le duo CORE autosport. Cependant, entre 2008 et 2011, on le revoit plus en France...La dernière fois que Gunnar Jeannette est venu aux 24 Heures du Mans, c’était en 2012 avec la Ferrari 458 Italia de l’équipe française Luxury Racing. Il pilotait cette GTE (en GTE Am) en compagnie de Pierre Ehret et Frankie Montecalvo (abandon à 2 h 14 suite à un accident de l'un de ses coéquipiers). On n’a plus revu le pilote américain en Sarthe depuis. « J’ai eu d’autres programmes aux USA et je n’ai pas eu de vraies opportunités pour refaire cette course. »Plus de 24 Heures du Mans, mais par contre il dispute l'ELMS en 2013 sur une des Ferrari 458 Italia de l’équipe Ram Racing ainsi qu’en IMSA pour des piges régulières chez AJR/WeatherTech, Riley Motorsports et WeatherTech Racing. On le voit aussi en WEC lors des 1000 Miles de Sebring sur la Ligier JS P217 #50 de Larbre Compétition. « J’ai aussi disputé Le Mans Classic à deux reprises sur des Porsche 935, quelque chose de fabuleux ! »A noter que Gunnar Jeannette est une passionné de sport extrême. Depuis 2004, il a effectué plus de 1 500 sauts en parachute et 200 Base Jumps (sauts extrêmes) aux quatre coins du monde. Il a également participé à des records du monde de saut en parachute…
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