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Ferrari aux 24 Heures du Mans, toute une histoire (part 2)

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27 fév. 2021 • 14:10
par
David Bristol
Suite de notre rétrospective Ferrari aux 24 Heures du Mans (première partie ICI). Place à la dernière victoire de la marque en Sarthe en 1965, mais aussi à tous ses succès en GT...La dernière victoire au général aux 24 Heures du Mans de Ferrari remonte à 1965 avec le duo Jochen Rindt / Masten Gregory sur leur 275 LM #21. Six Ford GT40, dont deux nouvelles MkII 7 litres officielles pour Phil Hill/Chris Amon et Bruce McLaren/Ken Miles, sont alignées. Les quatre GT40 MKI sont sous la bannière de Filippinetti, de Ford Advanced Vehicles, de Rob Walker et de Ford France (Guy Ligier/Maurice Trintignant). La Scuderia Ferrari dispose également d’une armada imposante avec les nouvelles Ferrari P2, trois dotées du nouveau V12 à double arbre cames en tête, deux 4 litres (330P), une 3,3 litres (275P), soutenues par deux P2 4,4 litres à simple arbre à cames pour Maranello Concessionnaires et le NART. Ferrari amène des pilotes de la trempe de John Surtees, Ludovico Scarfiotti, Jean Guichet, Mike Parkes, Pedro Rodriguez, Nino Vacarella ou Jo Bonnier.
Après des soucis de moteur en début de course, la 250 LM #21 du NART de Masten Gregory et Jochen Rindt remporte la dernière victoire en date de Ferrari au prix d'une remontée spectaculaire. L'Américain et l'Autrichien prennent la tête de la course le dimanche peu avant 13h00... mais leur victoire n'a tenu qu'à un fil. La boite de vitesses a souffert et le différentiel rend l'âme juste après que Gregory ait reçu le drapeau à damier. Elle l'emporte cinq tours devant une autre 275 LM, la #26 de Pierre Dumay / Gustave Gosselin. Une 275 GTB complète le podium, mais la lutte avec Ford fut intense même si le constructeur américain a trop vite lâché (récit de la course ICI). A noter l'histoire suivante sur les vainqueurs : "En course, alors qu'elle perd 25 minutes au stand pour un problème moteur, Masten Gregory rattrape Jochen Rindt de justesse alors qu'il est sur le point de monter dans un taxi pour quitter le circuit des 24 Heures et le convainc de reprendre le volant. Le duo repart en 18e position et effectue une remontée à bride abattue pour prendre la tête de la course le dimanche en fin de matinée et gagner" (anecdote de Jean-Philippe Doret). Bien leur en a pris !
S'en suivra ensuite la domination de Ford au Mans qui remporta les éditions 1966, 1967, 1968 et 1969. Pourtant, Ferrari y croit, en particulier, en 1967 avec son arme : la 330 P4. Cela démarre pourtant bien avec un doublé des P4 et une 412 P en 3e position aux 24 Heures de Daytona (photo).
Mais il faudra se contenter de la 2e et 3e place aux 24 Heures du Mans 1967, avec ces 330 P4, remportées à nouveau par Ford et sa MKIV. la #21 (photo 1) de la Scuderia est 2e avec  Ludovico Scarfiotti / Mike Parkes et la #24 (photo 2) de l'Equipe Nationale Belge est 3e avec Willy Mairesse et Jean Blaton qui nous a quittés il y a peu !
Après Ford, c'est Porsche qui met des bâtons dans les roues de Ferrari en 1970 et 1971 puis en 1973 c'est au tour de Matra de contrecarrer les plans de Il Commendatore. Les meilleurs résultats des voitures au cheval cabré dans ces années là sont une 3e place en 1971 avec une 512 M engagée par le NART (Sam Posey / Tony Adamowicz) alors que le dernier podium date de 1973, une deuxième place grâce à la 312 PB #16 d'Arturo Merzario et Carlos Pace (photo). Ce sera d'ailleurs la dernière fois que Ferrari s'engageait officiellement aux 24 Heures du Mans.
Il faudra attendre 22 ans et l'apparition d'une Ferrari 333 SP, une auto construite par l’intermédiaire de Dallara et Michelotto pour disputer l'I.M.S.A. (International Motor Sports Association). Aux 24 Heures du Mans, ce n'est pas l'usine qui l'aligne, mais Euromotorsport Racing Inc (photo). Elle était pilotée par Massimo Sigala, Jay Cochran et René Arnoux, mais va vite disparaitre sur un souci de moteur (pistons).Le meilleur résultat d'une Ferrari 333 SP aux 24 Heures du Mans est signée en 1997 avec Moretti Racing et une 6e place pour Giampiero Moretti, Didier Theys et Max Papis. Une autre 333 SP s'est illustrée l'année suivante, la #12 de Doyle Risi Racing. Pilotée par le trio Wayne Taylor, Eric van de Poele et Fermín Vélez, elle a fini 8e au général, mais a surtout remporté la catégorie LMP1. On n'a plus revu de Ferrari en catégorie reine depuis 1999 (photo de Une avec JB Racing pour Jérôme Policand, Mauro Baldi et Christian Pescatori), date de la dernière apparition d'une 333 SP au Mans. Mais heureusement, 2023 marquera le retour du cheval cabré en Sarthe pour le plus grand bonheur de tous...
Cependant, ce n'est pas parce que Ferrari ne court plus officiellement aux 24 Heures du Mans depuis 1973 et que l'on a plus revu de proto Ferrari depuis plus de 20 ans que la marque n'est plus présente en Sarthe. Bien au contraire !En 1959, lors de l’instauration de la catégorie GT, Ferrari s'y intéresse de près et est la marque toute désignée pour devenir la reine de la catégorie. Pendant neuf ans, de 1959 à 1967, la marque fait une véritable razzia sur les classements GT en les remportant tous, excepté en 1964 où une Cobra s’imposa ! Mieux encore, par trois fois, la marque signe un quadruplé en GT en 1959, 1960 et 1963 notamment avec ses deux armes : la 250 GT et la 250 GTO.
Passant le relais à la Porsche 911 jusqu’en 71, les Ferrari GT reprirent leur moisson de victoires à partir de 1972, même si en 1971 et à cause d’un problème d’homologation, c’est bien une véritable GT qui termina 5ème au général (Ferrari 365 GTB/4 du Nart de Bob Grossman et Luigi Chinetti Jr). Cette auto d'ailleurs, surnommée Ferrari Daytona, remportera la catégorie GTS en 1972 (photo : Jean-Claude Andruet et Claude Ballot-Léna, Ferrari Daytona de Charles Pozzi), 1973 et 1974.
Elle est supplée par la Ferrari BB512 à la fin des années 70, cette dernière remportant la catégorie GTX en 1981 grâce à la voiture engagée par Charles Pozzi et confiée à Jean-Claude Andruet, Claude Ballot-Léna et Hervé Regout (photo).
A partir de 1984, Ferrari se tourne de plus en plus vers la Formule 1. Ce n’est qu’au retour des GT en 1993 qu’une 348 TB fait une timide apparition (#72 Simpson Engineering de Robin Smith, Stefano Sebastiani, Tetsuya Ota), mais elle ne prit pas part à la course suite à un accident au warm-up. Trois 348 GT2 sont ensuite inscrites en 1994 ainsi qu'une F40. Cette dernière assure la transition mais subit la domination d’autos conçues spécifiquement pour la course comme les McLaren F1 GTR et Porsche 911 GT1.De retour en 2002 avec des 360 Modena GT et une 550 Maranello GTS, Ferrari renoue finalement avec la victoire en 2003 dans la catégorie GTS grâce à la 550 Maranello GTS #88 de Veloqx Prodrive Racing (Tomáš Enge, Peter Kox, Jamie Davies).
Déchue en 2004, après une bataille homérique face à Corvette, l’année 2005 n'est pas meilleure : la Ferrari 550 était maintenant reléguée au rang d’outsider. 2007 marque la dernière apparition de ce modèle sur la piste mancelle (une seule auto engagée), complétement dominé par les nouvelles Aston Martin DBR9.Que ce soit en GT ou GT2, la 360 Modena GT n’avait jamais convaincu, mais sa remplaçante, la F430 GTC, se bat pour la victoire : 3ème en 2006, 2ème en 2007, elle est finalement victorieuse en 2008 avec Risi Competizione (#82) pilotée par Gianmaria Bruni, Mika Salo et Jaime Melo. Mieux, la marque signe un quadruplé.
Une victoire rééditée en 2009 (nouveau quadruplé) toujours en GT2, mais pas par la suite. En 2012, la F458 Italia redonne la victoire à Ferrari avec la #51 d'AF Corse pilotée par Giancarlo Fisichella, Gianmaria Bruni et Toni Vilander. Luxury Racing permet à la marque au cheval cabré de s'offrir le doublé. La victoire sera rééditée en 2014 en GTE Pro et l'année suivante en GTE Am.
2016 voit l’apparition dune nouvelle Ferrari en GT, la F488, mais c’est la 458 Italia qui gagne en GTE Am. En 2017, on assiste à un triplé des F488, mais qu'en GTE Am. La victoire en GTE Pro se refuse à Ferrari pendant trois ans depuis sa première venue en Sarthe. La timbale est finalement décrochée en 2019. Elle est signée par la 488 GTE alignée par AF Corse et pilotée par Alessandro Pier Guidi, James Calado et Daniel Serra. Il s'agit de la 43ème victoire de Ferrari, 34 en classe plus ses neuf au général ! En attendant une 10e mieux à partir de 2023 ?
Quelques chiffres sur Ferrari pour finir de la page Facebook 100% Le Mans :
432 voitures ont pris le départ (2ème derrière Porsche)
9 victoires au Mans (1949-1954-1958-1960-1961-1962-1963-1964-1965)
34 victoires de classe
6 victoires d'indices énergétiques et performances
536 pilotes différents ont fait Le Mans pour Ferrari
Photos : Archives ACO, MPS Agency, Ferrari, Ecurie Francochamps, JMB Classic, Laurent Chauveau, Pascal Gachet, Club Jean-Claude Andruet, Luc Joly et Eric Fabre de V-Images.

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