24H Spa

Les 24H de Spa-Francorchamps en mode Tourisme : 1988 (BMW)

20 juin. 2024 • 12:00
par
Fabrice Berenhuiden

Privée de victoire, lors de l'édition précédente, suite à un bris de joint de culasse à quelques heures de l'arrivée, l'écurie Eggenberger Motorsport comptait bien prendre sa revanche en 1988.

 

Pour ce faire, pas moins de trois Ford Sierra RS Cosworth, toujours soutenues par Texaco, étaient alignées.

 

Ce qui n'était cependant pas de trop pour faire face à une meute de BMW M3 affûtée par de très solides équipes dont bien évidemment l'incontournable Team Schnitzer mais également les formations Bigazzi, Prodrive et Garage du Bac.

Lauréate en 1987 avec le trio Van de Poele-Martin-Theys, l'écurie CiBiEmme passait dans le giron Alfa Romeo et alignait d'ailleurs l'unique bolide au trèfle figurant sur la liste des engagés. Les 75 Turbo, très décevantes voici 12 mois, faisant place à une 75 3.0 V6 confiée à un équipage de choc composé de Johnny Cecotto, Giorgio Francia et Nicola Larini.

Autre belle Italienne au départ, la Maserati Biturbo de Santal-Rahier-Lindström constituait l'une des attractions de l'épreuve, à l'instar de l'impressionnante Nissan  GT-S R de Grice-Percy-Olofsson.

 

Quant à l'écurie RAS Sport, désormais soutenue par FINA, elle optait pour deux Toyota Supra Turbo tandis que les Suisses de Bemani faisaient le choix de deux versions atmosphériques.

 

Dès les qualifications, les Ford Sierra/Eggenberger montraient clairement leurs intentions en s'octroyant autoritairement les trois premières positions sur la grille. La première BMW M3/Schnitzer, 4e, étant reléguée à près de quatre secondes!

De manière étonnante, si le début de course voyait les Ford/Texaco de Boutsen, Schneider et Theys imprimer le tempo, les BMW M3/Bigazzi de Grouillard et Schnitzer de Heger et Oestreich parvenaient à rester soudées au pare-choc de la 3e Sierra.

Boutsen ayant été victime d'une crevaison lors du 4e tour, Schneider héitait du commandement et se détachait de la meute tandis que Theys, un peu moins véloce, ne pouvait résister aux assauts du trio infernal composé de Grouillard, Heger et Oestreich.

 

Auteur d'un très joli début de parcours, Grice avait, de son côté, installé la Nissan GTS-R en 6e position.

 

La première salve de ravitaillements, où les teams BMW se montraient très efficaces, permettait à Makus Oestreich (Schnitzer) de prendre les commandes de l'épreuve devant Jean-Michel Martin (Bigazzi) et Jean-Louis Schlesser (Prodrive). Frank Biela, lequel avait relayé Bernd Schneider sur la Ford N°3, étant repoussé au 4e rang devant la seconde BMW/Schnitzer d'Altfrid Heger.

Entre-temps, Didier Theys (Ford n°2) avait été contraint à l'abandon suite à une violente sortie de piste provoquée par la casse d'un porte-moyeux.

 

Une sacrée tuile pour Rudi Eggenberger dans la mesure où Soper et Dieudonné, ses pilotes les mieux placés au championnat, étaient censés faire équipe avec le vainqueur de l'an dernier. Le Suisse n'hésitait pas à remanier ses équipages, Soper rejoignant Schneider et Biela sur la n°3 tandis que Dieudonné en faisait de même avec Boutsen et Ludwig sur la n°1. Gianfranco Brancatelli et Bertrand Gachot étant prié de passer leur tour.

 

Après avoir tous deux effectués un double relais, Oestreich (BMW/Schnitzer n°57) et Heger (BMW/Schnitzer n°56) cédaient leur baquet à, respectivement, Van de Poele et Quester, de quoi permettre à Frank Biela et Eggenberger de reprendre les rênes de l'épreuve.

A contrario, cela se passait nettement moins bien pour la Sierra n°1 de Boutsen-Ludwig-Dieudonné qui perdait cinq tours suite à des ennuis d'alternateur.

 

En début de soirée, l'écart restait très minime entre les six premiers, rendant la course d'autant plus passionnante.

 

On enregistrait cependant quelques abandons dont ceux de la Maserati de Santal-Rahier-Lindström qui, jusque là, se comportait plutôt bien et de la BMW M3/SDA de Salam-Destic-Chatriot pourtant pointée en 10e position.

 

A 23H, la Ford Eggenberger de Biela-Schneider-Soper continuait de dominer les débats, précédant les BMW M3/Schnitzer de Quester-Heger, Prodrive de Danner-Béguin-Joosen, Bigazzi de Martin-Laffite-Grouillard, Garage du Bac de Malcher-Petit-Trollé et Schnitzer de Van de Poele-Oestreich.

Un Eric Van de Poele qui était d'ailleurs en proie à des soucis de phares. Mais ne perdant pas trop de temps, il était bien décidé à pousser jusqu'à la fin de son relais. Las, à 5 tours de la fin de ce dernier, le phare gauche cessait subitement de fonctionner et le Belge ne pouvait éviter une grosse touchette dans le raidillon. S'il parvenait à ramener sa monture aux stands, de nombreuses minutes seront nécessaires pour réparer les importants dégâts.

 

Roberto Ravaglia qui, jusque là, n'avait pas encore enfilé sa combinaison, préférant attendre le milieu de la nuit afin d'opter pour la mieux classée des BMW/Schnitzer, rejoignait, comme initialement prévu, Quester et Heger sur la n°56 tandis qu'Harald Grohs allait prêter mains fortes à Van de Poele et Oestreich sur la n°57 pour le restant de l'épreuve.

 

Une nuit pour le moins clémente d'un point de vue météo et qui générait un bien joli spectacle, bon nombre de pilotes se succédant en tête de la course.

Ainsi après Soper (Ford/Eggenberger), ce furent, tour à tour, Ravaglia (BMW/Schnitzer), Danner (BMW/Prodrive) et Grouillard (BMW/Bigazzi) qui eurent le privilège de dicter l'allure.

Quant à l'Alfa Romeo 3.0 V6/CiBiEmme de Cecotto and co, plutôt discrète, elle était contrainte à l'abandon, peu après 2H, suite à des problèmes de démarreur.

Aux premières lueurs du jour et à la faveur des ravitaillements, la BMW M3/Schnitzer de Ravaglia-Quester-Heger parvenait à s'isoler en tête tandis que la Ford Sierra/Eggenberger de Boutsen-Ludwig-Dieudonné, auteure d'une solide remontée, s'était portée au 6e rang.

 

Si la BMW M3/Garage du Bac de Dryver-Celi-Delétraz, alors excellente 8e, venait de renoncer (moteur cassé), à 10H la BMW/Schnitzer de Ravaglia menait toujours les débats en dépit du forcing de la Ford/Eggenberger de Soper-Schneider-Biela.

La BMW/Prodrive de Danner-Béguin-Joosen pointait à une superbe 3e position, précédant la BMW/Bigazzi de Martin-Grouillard-Laffite, la Ford/Eggengenber de Boutsen-Ludwig-Dieudonné et les BMW/Garage du Bac de Malcher-Petit-Trollé et Prodrive de Duez-Schlesser-Jabouille. Cette dernière, en proie à des soucis de pneumatiques, ne cessait de chuter dans la hiérarchie tandis que la Nissan de Grice-Percy-Olofsson, en dépit de quelques ennuis, se positionnait au 9e rang.

 

Alors qu'elle était revenue à une minute de la BMW de tête, la Ford n°3 de Soper rencontrait des soucis de porte-moyeux et perdait 5 tours dans l'aventure!

La BMW M3/Schnitzer n°56 étant désormais sur le velours, tout l'intérêt se portait sur la lutte pour le gain des accessits.

Un moment 2e, la BMW/Prodrive de Danner-Béguin-Joosen était trahie par son moteur, en vue de l'arrivée, tout comme la Garage du Bac de Malcher-Petit-Trollé.

La Bigazzi de Martin-Grouillard-Laffite étant  perturbée par des problèmes de freins, la Ford Sierra/Eggenberger de Boutsen-Ludwig-Dieudonné en profitait pour s'adjuger, au terme d'une magnifique remontée, la médaille d'argent, trois tours derrière la BMW M3/Schnitzer victorieuse de Roberto Ravaglia-Dieter Quester-Altfrid Heger, par ailleurs également lauréate en Division 2.

 

Quant à l'Autrichien Quester, il remportait sa 3e victoire dans les Ardennes belges, après celles conquises en…1973 et 1986, toutes au volant bien entendu d'une BMW.

 

En dépit de leurs soucis, Jean-Michel Martin, Olivier Grouillard et Jacques Laffite hissaient la BMW/Bigazzi n°52 sur la 3e marche du podium, précédant la Ford Sierra/Eggenberger de Soper-Schneider-Biela et la surprenante Toyota Supra/Bemani du local Philippe Ménage, de l'Allemand Ludwig Hölzl et du Suisse René Hollinger.

 

Quant à la spectaculaire Nissan GTS-R de Grice-Percy-Olofsson, elle signait également une jolie performance en décrochant une très méritoire 6e position, devant les BMW M3/Linder de Lohr-Schmickler-Bartels, Prodrive de Duez-Schlesser-Jabouille et Schnitzer de Van de Poele-Grohs-Oestreich.

 

Associé aux Allemands Bovensiepen et Roppes sur une BMW 325I, Pascal Witmeur se classait 12e, juste derrière la Toyota Corolla de Pierre Fermine-Serge De Liedekerke-José Close, brillante lauréate en Division 1.

 

Si le résultat d'ensemble est plus que flatteur pour Toyota, en revanche ce fut un nouveau fiasco pour l'écurie RAS Sport dont les deux Supra Turbo furent contraintes à l'abandon.

 

Celle de Jelinski-Dickens-Calderari suite à une sortie de piste survenue dans le premier tour (!) et la n°29 de Bachelart-Thibaut-Verellen suite à une perte de roue, au cœur de la nuit, et ce après avoir multiplié les arrêts aux stands en raison d'insolubles problèmes de pression de turbo.

 

Si, en fin de saison, Ford était une fois de plus titré du côté des constructeurs, Roberto Ravaglia raflait à nouveau la mise chez les pilotes. Ce sera, hélas, la dernière couronne européenne pour le pilote BMW, la FIA, qui n'est jamais à une ineptie près, décidant en fin d'année de supprimer purement et simplement cette magnifique compétition qu'était le championnat d'Europe de voitures de tourisme. 

 

Cependant, pour conclure sur une note positive, nous retiendrons de cette période dorée la mainmise  (presque totale) de BMW, non pas sur la compétition où, chaque année la lutte fut épique, acharnée, entre les différents constructeurs présents, mais bien sur les 24H de Spa-Francorchamps.

 

Le constructeur à l'hélice remportant 6 des 7 dernières éditions et ce avec trois modèles différents! Chapeau bas!

 

Grand coup de chapeau également à l'Ecossais Tom Walkinshaw, le seul à avoir réussi à faire mordre la poussière à l'ogre bavarois sur son terrain de prédilection et ce avec, qui plus est, une imposante mais non moins splendide JAGUAR XJS!

 

Enfin, mention spéciale à Toyota, le constructeur nippon parvenant à imposer à 5 reprises ses Corolla, dans la petite division, au cours de ces sept belles années qui resteront à jamais ancrées dans la mémoire des fans de voiture de tourisme.

Commentaires (2)

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dmeyers

20 juin. 2024 • 13:41

Quelle géniale lecture, dommage, pas de photo de la Maserati.

vnf GT

21 juin. 2024 • 14:15

Merci à vous, et à Didier pour les photos...
on revit un petit bout d'histoire...

Et en plus, j'y étais ... ;-)
De 83 à 93, j'étais là chaque année où BMW gagnait... j'avais même fini par croire que mon absence avait une incidence sur le résultat !!!
Jusqu'en 93 bien sur, où j'ai du me rendre à l'évidence ! :-D