Le Mans Classic 2023 – Pescarolo Sport gagne au Mans !

Le mercure dépasse allègrement les 30°C et la chaleur est à peine supportable sur la butte du virage de Mulsanne. Nous sommes le dimanche 19 juin 2005 et mon drapeau Pescarolo Sport ne suffit pas à me protéger des morsures du soleil mais je tiens bon. Chrono en main, je constate que l'écart entre l'Audi R8 n°3 de tête et la Pescarolo C60 n°16 fond comme neige au soleil. Manu Collard revient sur Tom Kristensen et la victoire est encore envisageable malgré le temps perdu en début de course, la faute une boîte de vitesses récalcitrante. Las, le V10 Judd en décidera autrement, brisant mes espoirs et ceux de nombreux fans des « verts »...

➡️ Le Mans Classic - Henri Pescarolo au volant d'une Pescarolo C60 LMP1 !

Dix-huit ans plus tard, sur la pré-grille de Endurance Racing Legends. Henri Pescarolo - revêtu d'une veste Pescarolo Team - observe avec attention, stoïque, « sa » C60-Judd dans laquelle Emmanuel Collard est harnaché. Même circuit, même pilote, il ne lui manque plus que le casque sur les oreilles pour nous faire faire définitivement un bond d'une quinzaine d'années en arrière. Le quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans se penche alors vers le baquet. « Ne penses-tu pas qu'il faudrait changer les pneus ? » glisse-t-il à Manu en regardant le ciel qui peine à se décider. Tel un jeune rookie, ce dernier s'exécute.

On ne discute pas une décision de Henri, qui s'en va rejoindre Stéphane Menu, Nicolas Clémençon et Luc Monteillet, trois hommes qui faisaient partie du petit escadron Pescarolo Sport de la belle époque, celui qui donnait du fil à retordre à la surpuissante armada Audi. Âgé de 80 ans, le Français demeure un compétiteur hors-pair, un pure racer comme on en fait plus, qui a banni le mot défaite depuis bien longtemps de son vocabulaire. Et peu importe si Endurance Racing Legends est plus un show qu'une course à proprement parler, il faut terminer premier. « Je suis très touché par l'opportunité qui m'est donnée de prendre le volant de la voiture, nous avait-il d'ailleurs confié quelques jours auparavant. Mais je ne veux pas ralentir Manu. Je veux que Manu gagne, que Pescarolo Sport gagne ! »

Pas de communication radio cette semaine, mais Henri suit avec attention la course, partie avec une heure de retard en raison des intempéries. Si Manu s'échappe, son pote et rival François Perrodo remonte après le passage obligatoire par la voie des stands. L'écart entre la Toyota GT-One n°1 et la Pescarolo C60 n°16 (euh... 23 pardon) diminue mais Manu parvient à garder un avantage de 3''5 sous le damier. Les deux hommes se congratulent alors que dans les stands, Henri souffle... quoique.

« La direction de course nous a fait savoir que Manu allait écoper d'une pénalité de 50'' pour ne pas avoir assez ralenti sous Slow Zone, nous confiera-t-il après coup. Je me suis dit : 'Zut, ça va nous passer sous le nez, ce n'est pas possible'. Et ce avant de me dire qu'il en était de même pour François (Perrodo. Ndlr). » Plus de peur que de mal, le troisième étant repoussé à 1'15, le classement général ne s'en est pas retrouvé modifié.

Manu revenu - coupe à la main - au paddock Endurance Racing Legends, Henri s'en va discuter avec lui pour recueillir son ressenti et discuter réglage. « Tu sais, nous avons des pneus du commerce, lui lâche-t-il alors. En fait, il faudrait revoir tout le set up de l'auto pour l'adapter en conséquence. » Et Henri de lui rétorquer : « Tu ne penses pas que l'on puisse améliorer cela pour demain ? »

Demain ? Mais ce n'est donc pas fini ? Ah oui c'est vrai, nous ne sommes pas en 2005, mais en 2023. Et nous ne sommes pas aux 24 Heures du Mans, mais à Le Mans Classic. Et puis m****, laissez-nous rêver, Pescarolo Sport a gagné !

Le classement de la Course 1 Endurance Racing Legends est à retrouver ICI.