50 ans Dijon

50 ans Dijon-Prenois – Gérard Larrousse : « L'aventure du turbo avait été jusque-là difficile »

14 oct. 2022 • 11:00
par
Thibaut Villemant, à Dijon-Prenois
Le Président du Club des Pilotes des 24 Heures du Mans était mercredi à Dijon-Prenois pour le cinquantenaire du tracé, journée au cours de laquelle il a été intronisé au Hall of fame du circuit.
© Porsche

Qu'est-ce que ce circuit de Dijon-Prenois évoque pour vous ?

Nous avons tous un placard à souvenirs, et dans le mien, le circuit de Dijon occupe une belle place. J'y ai énormément de souvenirs, tant en tant que pilote qu'en tant que manager. C'est un circuit que j'aime beaucoup.

 

Commençons par la période pilote alors...

J'ai participé aux premières courses ici en 1972. Par la suite, je gagne en 1973 les 1000 km de Dijon avec Henri (Pescarolo, sur une Matra MS670B. Ndlr), une victoire qui m'est chère. C'est l'une des première courses où j'ai été vraiment performant sur Matra, ce qui m'avait réjoui. En revanche, je ne me suis hélas pas qualifié pour le Grand Prix en 1974 (il était sur une Brabham BT42-Cosworth. Ndlr). Mais j'ai gagné la course de Porsche organisée en lever de rideau du Grand Prix, ce qui reste encore aujourd'hui un excellent souvenir. J'ai dû faire beaucoup d'autres courses dont je ne me souviens plus et je suis revenu courir en tant que « retraité » car j'ai fait pas mal de courses notamment en Lamborghini.

 

Et en tant que manager ?

Bah j'y ai tout simplement vécu ce qui est peut-être le moment le plus intense de ma carrière à ce poste en 1979. Nous avions gagné ici le Grand Prix de France de Formule 1 avec Jean-Pierre Jabouille, alors que René (Arnoux. Ndlr) nous avait lui fait son numéro avec Gilles Villeneuve dans les ultimes tours. Jamais je n'oublierai cette journée tant nous avions galéré auparavant à mettre au point cette voiture (RS01 puis RS10. Ndlr). L'aventure du turbo avait été jusque-là difficile et il fallait vraiment que j'ai une équipe d'ingénieurs fabuleuse pour tenir le coup.

Jean-Pierre Jabouille à Dijon en 1979 © Renault UK

Avez-vous songé à laisser tomber?

Non, même si je suis obligé d'admettre que moi-même j'ai eu des moments de doute. Deux semaines avant ce Grand Prix de France, nous avions disputé le Grand Prix de Monaco. Nos voitures n’avançaient pas, ça avait été une horreur. Mais ce Grand Prix ici a tout changé. J'y ai décroché d'autres bons résultats, notamment quand on gagne avec Alain Prost en 1981, ce qui était aussi exceptionnel.

 

Pilote ou manager, à quel point les émotions sont-elles différentes ?

Quand on est pilote, c'est très personnel. On est content de sa propre performance. En tant que patron d'équipe, la satisfaction est plus large, plus ouverte car sans toute votre troupe, il vous est impossible d'arriver à quoi que ce soit. Et gérer des personnalités n'est pas toujours une mission aisée. Il faut les pousser à donner le maximum, le meilleur d'eux-mêmes, et quand vous y parvenez ça vous procure un sentiment de satisfaction immense.

© MPS Agency / Bruno Vandevelde

Qu'avez-vous ressenti quand vous avez parcouru le grand circuit des 24 Heures du Mans en juin dernier sur cette Matra, vous qui étiez le Grand Marshal de cette 90e édition ?

Ça m'a fait évidemment très plaisir même si la voiture ne fonctionnait pas excellemment bien donc ça a été quelque peu compliqué. Mais rien que de pouvoir entendre à nouveau la mélodie de ce V12 fut une expérience fantastique. J'ai retrouvé tout comme c'était à l'époque: la position de conduite, le levier de vitesses... C'était un moment exceptionnel.

 

En tant que Président du Club des Pilotes des 24 Heures du Mans, que nous préparez-vous pour l'édition du centenaire ?

Nous nous y attelons. L'ACO prépare le centenaire et je pense qu'ils vont faire quelque chose d'assez exceptionnel. Pierre Fillon (Président de l'ACO. Ndlr) nous a donné un avant-goût de ce qu'il songeait à faire. Rien n'est entériné mais il y a plein de choses dans les tuyaux. Nous, au Club des Pilotes, nous allons aussi assurément faire quelque chose d'important avec tous les pilotes présents et je pense que nous en aurons beaucoup.

 

Est-ce une tâche qui vous tient à cœur ?

Oui, car je ressens la même chose que tous mes acolytes. Après avoir arrêté de courir, c'est toujours un peu difficile d'aller voir des courses. On se fait plaisir, mais tout en étant un peu sur la réserve car on ne sait pas où aller... Le fait d'avoir un club où nous nous pouvons nous parler ou nous rencontrer avec les anciens, c'est vraiment génial.

© Club des Pilotes des 24 Heures du Mans

 

 

Commentaires

Connectez-vous pour commenter l'article