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Jules Gounon : "Ne pas s'enflammer et ne pas avoir de regret"

GT World Challenge Europe
2 nov. 2021 • 16:00
par
lmercier
A 26 ans, Jules Gounon fait partie des ténors du plateau GT3 mondial. Le fils de Jean-Marc avait un nom, il s'est fait un prénom. Promu pilote Mercedes-AMG, le vainqueur des 24 Heures de Spa 2017 est celui sur qui on peut compter en piste pour faire le job demandé.

Transfuge de Bentley à Mercedes l'hiver dernier, Jules Gounon a régalé son nouvel employeur dès sa première saison. Entre le GT World Challenge Europe, l'ADAC GT Masters et les 24 Heures du Nürburgring, l'Ardéchois a marqué les esprits quatre ans après sa première expérience en AMG GT3 déjà chez AKKA-ASP.

 

Cette fois, il s'agissait de rouler en Pro avec Raffaele Marciello et Daniel Juncadella (Felipe Fraga sur deux courses) en Endurance et un rôle de coach en Sprint avec Petru Razvan Umbrarescu. Jules Gounon est le premier pilote à s'imposer sur trois marques différentes en GT World Challenge Europe : Audi, Bentley, Mercedes. Meilleur temps de sa qualification à Monza et Barcelone, le Français n'a pas mis longtemps à retrouver le mode d'emploi de la Mercedes-AMG GT3. S'il a perdu son pari du tatouage face à Lello, il peut compter sur le soutien indéfectible de son panda. Entretien sans concession...

 

Le passage de Bentley à Mercedes a été compliqué ?

 

"Il a fallu prendre ses marques en début de saison. Au début, je voulais trop en faire avec la voiture en poussant un peu trop. A Monza, j'ai eu un tour clair qui m'a permis de décrocher le meilleur temps en Q3. Ensuite, j'ai passé l'été à la montagne en Andorre à faire du vélo et à travailler sur moi-même. La deuxième partie de saison a été fantastique avec sept podiums en autant de courses."

Ce travail estival a été bénéfique ?

 

"Le travail de l'été m'a permis de me concentrer sur ce que j'avais envie de faire. Tout s'est fait naturellement avec une spirale positive. Le podium décroché en Sprint avec Petru à Brands Hatch a été un déclic pour les deux. Tout s'est ensuite bien enchaîné. Disputer trois championnats aident pour la mise en action, pas pour la performance. Au bout de deux tours, tu es là." 

 

Diriez-vous que la catégorie GT3 est devenue au fil du temps une catégorie de spécialistes ? 

 

"Ce que je sais, c'est que la catégorie GT3 est très relevée. Si je vais rouler en Formula E, je sais que ça ne sera pas facile pour moi car les deux autos sont à l'opposé. René Rast a roulé en VW Polo Cup et il a brillé ensuite dans toutes les catégories où il est passé. C'est la même chose pour Nick Tandy. Tout cela reste une auto avec un accélérateur, un frein et un volant. Le GT3 est pour les spécialistes car on fait cela toute l'année." 

 

Justement, vous connaissez votre programme 2022 ? 

 

"J'espère rouler à nouveau en GT World Challenge Europe. Le Sprint est un très bon championnat avec des jeunes et ne plus y voir deux Platinum en 2022 va dans le bon sens. Quand je roule avec Petru, il n'est pas possible de rivaliser face à Engel/Stolz."

L'ADAC GT Masters est aussi très disputé en Sprint...

 

"C'est le championnat qui m'a lancé en GT. En Q2, sur 26 pilotes, tu as 20 pilotes officiels. C'est tellement dur de tout mettre ensemble."

 

Vous avez roulé dans plusieurs équipes cette saison. C'est aussi une force ?

 

"Le principe de Mercedes est de faire confiance à un pilote qui est demandé par les équipes clientes. C'est comme cela que j'ai rejoint Mercedes car Jérôme (Policand) était demandeur auprès de Mercedes. Le constructeur apprécie les demandes des équipes. Il y a eu Zakspeed, GetSpeed Performance et Craft-Bamboo Racing." 

Il se dit pourtant que ce n'était pas gagné pour vous de rejoindre Mercedes...

 

"(il sourit). Lorsque je roulais pour Bentley aux 24 Heures de Spa, on se battait pour une position en Intercontinental GT Challenge. Mon ingénieur m'a demandé de ne pas favoriser le dépassement d'une Porsche alors que Maro (Engel) se battait face à la Porsche. L'hiver dernier, j'étais en contact avec plusieurs constructeurs et Stefan Wendl (en charge de la compétition-client chez Mercedes-AMG, ndlr) m'a dit qu'il était en colère pour cette histoire de blocage sur Maro. J'ai expliqué les consignes en place et Maro a mis son petit mot positif en ma faveur. Le milieu est petit, alors il faut faire attention à ce que l'on fait en piste."

 

Maro Engel et d'autres ont favorisé votre venue chez Mercedes...

 

"Il n'a en tout cas rien fait contre moi, comme d'autres d'ailleurs ont été très bienveillants à mon égard. Maro est un super mec, très gentil avec tout ce qu'il faut pour un pilote officiel : vitesse, talent, régularité, polyglotte, bon communicant, palmarès. C'est le premier à me féliciter après une pole même si je roule contre lui. Indianapolis marquait la première fois à ses côtés. Pour la petite histoire, le père de sa femme est le meilleur ami de mon parrain. Lorsqu'il roulait en DTM, alors que j'étais en Formule 4, je l'ai rencontré en 2013."

Comment jugeriez-vous votre association avec Lello et Dani ?

 

"Lello dit ce qu'il pense et tout se passe très bien entre nous. J'espère pouvoir rouler à nouveau avec lui en 2022. Rouler avec Dani cette saison a aussi été quelque chose de très positif. L'entente avec les deux est parfaite car tout le monde va dans la même direction. C'est un plaisir de partager le baquet avec ces deux gars. Il ne faut surtout pas oublié que les deux ont été champions en F3 et proches de la F1." 

 

Et cette histoire de tatouage avec Lello. Qui va se faire tatouer ?

 

"Celui qui faisait le moins de pole dans l'année et qui battait le plus souvent l'autre en Sprint devait se faire un tatouage. Je pars avec un gros handicap car Lello est déjà pas mal tatoué contrairement à moi. Il a fait 5 pole positions, moi 4 avec les 2 en ADAC GT Masters. Donc, je vais me faire tatouer un petit panda sous le poignet en fin de saison." 

 

Un panda ? 

 

"Le panda est mon animal favori. Lors de ma première course de karting en 2010, je déjeunais dans un restaurant Courtepaille. J'avais 15 ans, mais on m'a donné un panda. Depuis, ce panda est toujours dans mon casque lorsque je ne roule pas (on a vérifié à Barcelone et c'est bien le cas, ndlr). Lorsque je suis rentré chez ma copine de l'époque, il y avait un panda. Après mon accident en ADAC GT Masters sur la Corvette, il y avait un panda dans la chambre à l'hôpital au-dessus de la télévision. Lorsque j'ai rencontré pour la première fois Giuseppe Risi dans un restaurant, il y avait le dessin d'un panda dans l'assiette. Je signe pour Phoenix Racing en GT et dans le bureau de Ernst Moser se trouve un panda. Il y a toujours eu un panda dans un moment clé de ma vie." 

Votre panda va vous aider pour rouler en Hypercar à l'avenir ?

 

"Comment pourrait-il en être autrement ? Ma meilleure chance d'y parvenir est de bien faire mon boulot, être au bon endroit au bon moment. Il ne faut pas s'enflammer et ne pas avoir le moindre regret."

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