Toyota, la force tranquille...
En arrivant aux 24 Heures du Mans pour la Journée Test, on ne savait pas trop à quoi s'attendre. Avec des Hypercars débutantes et des LMP2 moins puissantes, qu'allait nous réserver cette course ?
Toyota Gazoo Racing n'a pas tremblé avec la GR010 HYBRID qui ouvre l'ère Hypercar avec un doublé sans la moindre contestation. Kamui Kobayashi, José Maria Lopez et Mike Conway raflent enfin la mise après avoir tourné autour ces dernières années. Les trois deuxièmes places et la deuxième sont effacées par une victoire. Le numéro #7 s'impose pour la septième fois depuis 1923. La #8 de Sébastien Buemi, Brendon Hartley et Kazuki Nakajima doit céder son trophée à la voiture soeur. Michelin décroche par la même occasion sa 24e victoire consécutive aux 24H du Mans. Le dernier arrêt de la #8 s'est même prolongé pour attendre le ravitaillement de la #7 histoire de s'assurer une parade pour les dix dernières minutes. Deux tours séparent les deux Toyota sous le damier.

Les Hypercars japonaises n'ont laissé la tête qu'à l'Alpine que quelques minutes peu avant le cap de la première heure. Pour le reste, les Toyota ont enchaîné les tours avec tout de même quelques alertes. Dès le départ, Sébastien Buemi a été touché par la Glickenhaus #708 à la Dunlop sur une piste rendue glissante par la pluie. Les équipes ont dû choisir entre les intermédiaires et les gommes pluie. Plus de peur que de mal pour la #8 qui a toujours couru derrière la #7 avec un petit contact avec une LMP2. C'est ensuite la #7 qui vers 4 heures du matin s'est arrêtée à quelques centimètres de la pile de pneus à Indianapolis. Dans la matinée, c'est la #8 qui a donné quelques sueurs froides au camp Toyota avec un souci de ravitaillement. Les relais étaient plus courts pour la #8 avec moins de dix tours par relais (problème de pression d'alimentation d'essence pour les deux GR010 HYBRID).
Une fois la frayeur passée, le constructeur japonais a pu souffler. Il convient de noter que Sébastien Buemi a bouclé dimanche matin 40 tours (545 km) avec le même train de pneus Michelin. Le Mans est à 587 km de Cologne, la base de Toyota. Pour l'anecdote, les cinq Hypercars comptaient plus de 20 000 km le dimanche matin.

Personne n'a pu contester la suprématie de Toyota. On attendait Alpine Endurance Team en outsider principal mais Nicolas Lapierre, Matthieu Vaxiviere et André Negrao n'ont pas pu lutter à armes égales. La petite figure de Nico Lapierre en début de course et la sortie sans gravité de Matthieu Vaxiviere sur une piste encore glissante n'ont rien changé au résultat final. L'Alpine A480 a été fiable mais cela n'aura pas suffi à faire trembler la concurrence. On attend maintenant l'officialisation du programme LMDh pour jouer sur le même terrain de jeu que les autres marques. A la régulière, Alpine Endurance Team n'a rien à se reprocher même si terminer à 4 tours des vainqueurs fait mal.

Il y a 30 ans, Peugeot Talbot Sport débutait au Mans avec sa 905 pour ce que le constructeur appelait les 6H du Mans. Le rideau des deux 905 était fermé dès la tombée de la nuit. Beaucoup pensaient que la prestation de Glickenhaus Racing allait être du même acabit. Les pronostics ont été déjoué avec les deux 007 LMH à l'arrivée. Le meilleur temps de la Journée Test, les bons chronos en essais et une course limpide ont de quoi ravir Jim Glickenhaus.
La victoire sportive n'est pas au bout mais la victoire morale l'est. La mécanique a tenu, les freins n'ont pas surchauffé comme à Monza, le moteur Pipo n'a connu de défaillance. Pourtant, le patron d'équipe n'a pas été loin de croquer son chapeau dès le premier virage suite à l'accrochage de la #708 avec la Toyota #8. La #708 a dû purger un arrêt plus long de 10s lors de son premier arrêt pour le contact. Pour le reste, Olivier Pla, Franck Mailleux et Pipo Derani n'ont pas ménagé leurs efforts pour rallier l'arrivée à 1 tour de l'Alpine. Deux minutes ont été perdues peu avant midi pour Franck Mailleux, contraint de rouler à 100 km/h. Un full course yellow n'a pas permis à la #708 de ravitailler normalement (stands fermés), d'où un tour supplémentaire à allure réduite. Quatrième place finale pour la #708 dans le même tour que l'Alpine.

La #709 de Romain Dumas, Ryan Briscoe et Richard Westbrook a toujours été en retrait de la voiture soeur depuis la Journée Test et cela s'est aussi vérifié en course. Les trois pilotes ont été contraints de cravacher pour essayer de respecter la stratification Hypercar/LMP2. La #709 a connu plus de soucis en dépit d'un bon 3:30.654 (3:30.102 pour la #708 de Pla en début d'après-midi) au petit matin. Briscoe a écopé d'un drive through pour dépassement sous safety-car peu avant 23h. Dimanche matin, c'est une pénalité pour avoir mis du carburant 2s trop tôt avant de couper le moteur qui a donné une pénalité de 10s. L'honneur est sauf, les deux 007 LMH ont franchi le damier.
Quand on connaît la complexité de développer un tel programme pour un petit constructeur, les 4e et 5e places des 007 LMH sont remarquables vu le peu de compétition avant d'arriver au Mans.
La FIA et l'ACO souhaitaient un 3:30 mn en rythme de course. Le tour le plus vite de ces 24H du Mans est pour Brendon Hartley en 3:27.607, soit près de trois secondes de mieux.
Avec des 24 Heures du Mans 2021 au mois d'août, il faut donc attendre moins d'un an pour assister à l'édition 2022...
Le classement de la course est ici
Commentaires (6)
Connectez-vous pour commenter l'article
Adrien72
23 aoû. 2021 • 8:30
Dommage pour Alpine, trop d'erreurs et Toy trop fort.
Les safety cars ont encore changé la donne dans les différentes catégories.
Manque de variété de proto (coupe Oreca), merci Glickenhaus.
4 ème victoire de toy de rang sans avoir été mis une fois dans la difficulté durant ses 4 années.
En espérant Peugeot l'an prochain (une année test puis la seconde pour vaincre ) et des Glickenhaus affutées (elle a du potentiel, seulement 6 mois depuis le début).