24H Spa : l'oeil de lynx...

Pour être totalement honnête, on ne savait pas trop à quoi s'attendre sur cette édition 2021 des 24 Heures de Spa : situation sanitaire, incertitude sur l'accueil du public, récentes inondations dans la région. En piste, les pilotes ont assuré le show. Après la chape de plomb de l'accident dans le Raidillon, la course a repris son cours jusqu'à un final haletant avec un top 10 qui a déjoué une partie des pronostics. Comme quoi ce double tour d'horloge ardennais 2021 aura été fou. Il y en a des histoires à raconter sur cette course. 

Dix-sept ans qu'une Ferrari n'était plus montée sur la plus haute marche du podium à Spa et le constructeur italien est le premier de l'ère GT3 à faire chuter les marques allemandes. Jusqu'à maintenant, il y avait bien eu Kessel Racing, SMP Racing, Kaspersky Motorsport, sans oublier les succès dans les autres catégories pour Ferrari. Même l'année du 70e anniversaire s'était refusée à la marque de Maranello. Il aura fallu la mise en place du team italien Iron Lynx sous l'impulsion des frères Piccini pour aller sur la plus haute marche du podium. On a eu droit à la victoire d'Andrea aux 24H de Spa 2012, le titre Pro-Am Blancpain GT Series Sprint (Pro-Am) 2016 pour Giacomo, mais ce succès de Iron Lynx récompense aussi l'investissement consenti par Deborah Mayer, Claudio Schiavoni et Sergio Pianezzola depuis la création de l'équipe en 2017. 

Amato Ferrari et AF Corse ont aussi fortement contribué au succès de la Ferrari #51. La machine AF Corse reste impressionnante. Discret, terriblement efficace dans l'ombre, Amato Ferrari était déjà un grand Monsieur du sport automobile avant ce succès. Il rajoute une belle ligne au palmarès de son équipe et même deux avec un succès en Pro-Am pour la structure basée à Piacenza. 

Que dire d'Alessandro Pier Guidi ? Le pilote Ferrari traînait jusqu'à aujourd'hui comme un boulet son 360 degrés au départ des 24H de Spa 2013 dans le haut du Raidillon. Chaque année, tout le monde lui servait la même soupe. L'Italien aux mimiques expressives a offert un spectacle digne d'une série hollywoodienne en fin de course. "Ale", que beaucoup voyaient il y a quelques années comme un simple casseur de voitures s'est affirmé si besoin en était comme un pilote de tout premier plan. 

Que dire de Côme Ledogar ? Le Lyonnais prend un plaisir incroyable à rouler dans cette équipe avec Pier Guidi. Ce succès à Spa, le jour où son équipe CLRT s'est imposée en Porsche Supercup à Budapest, vient récompenser un pilote qui en plus de savoir tenir un volant est intelligent en piste en évitant toute pénalité pour les limites de la piste quand il le fallait, ce qui permettait à son coéquipier italien d'être un peu plus chaud. 

Que dire de Nicklas Nielsen ? Le Danois n'est pas le plus connu mais il se fait un palmarès petit à petit. François Perrodo a permis à son jeune coéquipier de s'émanciper en le recrutant pour une campagne mondiale. Sans faire de bruit, le pilote de 24 ans a décroché la couronne Ferrari Challenge 2018 avant de rafler le titre ELMS en GTE un an plus tard puis le sacre en FIA WEC en GTE-Am la saison dernière. 

L'arrivée de Philippe Dumas dans l'échiquier AF Corse a aussi contribué à faire évoluer l'équipe. En 2011, Philippe Dumas débutait sa carrière en Endurance aux 24H de Spa en tant que team principal de Hexis Racing. Il a aussi bien poussé en faveur de son poulain Côme Ledogar. 

Tout nous ramène à des histoires humaines, l'essence même de l'Endurance. L'accolade à l'arrivée entre Alessandro Pier Guidi et Dries Vanthoor restera aussi l'une des belles images de cette édition 2021. Malgré la joie de l'un et la déception de l'autre, on a senti un profond respect entre deux champions. La revanche en 2022 ?