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Kévin Estre dompte (enfin) l'Enfer Vert !

24H Nürburgring
7 juin. 2021 • 13:20
par
lmercier
Il lui manquait encore une grande course et c'est désormais chose faite. Après les 24H du Mans en GTE-Pro et les Total 24H de Spa au général, Kévin Estre tient enfin son succès aux 24H du Nürburgring.
Estre N24

 Les détracteurs diront que la saveur de la victoire 2021 a un goût amer compte tenu de la très longue neutralisation. Quand on regarde le rythme en course jusqu'au drapeau rouge puis dans le sprint final, le mental des différents pilotes a été mis à rude épreuve. Le drapeau rouge fait partie de la classique allemande. Alors oui, les 24H du Nürburgring ont été raccourcies, mais la victoire de la Porsche 911 GT3 R/Manthey Racing de Kévin Estre, Michael Christensen et Matteo Cairoli est une victoire comme on l'entend.

 

Cette course, je voulais la gagner depuis toujours

 

La course de la #911, comme pour d'autres, aurait pu s'arrêter à plusieurs reprises dans le rail. Manthey Racing a une fois de plus fait le job et les pilotes ont flirté avec les limites, voire même au-delà. Kévin Estre, fidèle à lui-même, a régalé les spectateurs. Entretien sur le chemin du retour à la maison en famille avec le pilote officiel Porsche. 

 

Cela fait plusieurs années qu'on vous voit jouer les premiers rôles sur cette course. On vous voit enfin sur la plus haute marche...

 

"Je suis vraiment content de cette victoire. Cette course, je voulais la gagner depuis toujours. Cela fait plusieurs années que je passe tout près. En 2018, il y a un accident sur de l'huile, en 2019, une pénalité nous ralentit et en 2020, nous n'avons pas pu rouler pour les conditions que l'on connaît (les pilotes officiels Porsche ont été retirés pour cause de cas positifs au COVID-19, ndlr). Depuis les essais de fin mars, nous avions un bon feeling avec la voiture. Tout marchait très bien. L'équipe a passé beaucoup de temps à préparer la voiture." 

 

Manthey N24

 

Depuis le début de saison Nürburgring Endurance Series, on ne peut pas dire que Porsche cache son jeu. Finalement, cela ne vous a pas porté préjudice ? 

 

"La philosophie de Porsche est de tout donner comme on peut le voir depuis le début de saison. Les officiels ont apporté quelques ajustements à différentes marques pour la course qualificative. Nous n'avons pas été pénalisés, mais les autres ont progressé. Nous avions une très bonne voiture. Lors du debriefing d'après course, on a vite compris qu'on ne pouvait pas améliorer la voiture. Il fallait aussi les bons pneus et la bonne pression au bon moment. Je pense que BMW était mieux que nous même si c'était assez équilibré entre les différentes marques. Nous gagnons car nous avons été meilleurs."

 

D'où venait le danger après la reprise ? 

 

"La Mercedes/HRT #4 aurait été dure à battre si Maro (Engel) n'était pas sorti de la piste. J'avais plus peur d'eux que de la BMW. J'ai même failli taper la BMW de Sheldon (van der Linde) qui a fait une figure. C'est passé tout près en allant dans l'herbe. Les conditions étaient encore très précaires." 

 

Manthey N24

 

Justement, quel regard portez-vous sur cette interruption de course ? 

 

"Matteo était au volant et il se plaignait de la visibilité. Quand tu roules seul sur le circuit, c'est gérable. En course, c'est nettement plus compliqué. Le matin, c'était la même chose, surtout sur le circuit GP."

 

Cette victoire a la même saveur ?

 

"Il est clair que la course a été sacrément raccourcie. Pour nous pilotes, la course était bizarre. La météo est toujours très changeante sur la Nordschleife. Une année sur deux, il y a un drapeau rouge. Dans le final, c'était un sprint de folie avec 20 GT3 dans le même tour."

 

Obligé de rouler au-dessus de 100%

 

C'était usant physiquement ? 

 

"J'ai bouclé cinq tours à bloc de bloc. Mentalement, c'était compliqué car il faut rester concentré. En temps normal, tu gardes une marge. Là, aucune marge possible. Tu es obligé de rouler au-dessus de 100%." 

 

Manthey N24

 

Le choix des pneumatiques était crucial ? 

 

"Il fallait faire un choix entre 'Soft' et 'Medium'. A un moment, j'étais en soft, BMW et Mercedes devaient être en 'Médium'. Sur le circuit GP, j'étais pas mal, mais ça s'est ensuite vite dégradé. Le relais était dur, mais crucial. Après le restart, la Mercedes #4 et la BMW #98 étaient sur la même stratégie que nous."

 

C'est là qu'il a fallu tout donner ? 

 

"Dans ce relais, j'ai connu plusieurs frayeurs en prenant des risques dans le trafic. J'arrive dans un virage à environ 260 km/h et je tombe sur une petite BMW. Je parviens à passer à l'intérieur en mettant deux roues dans l'herbe. Le pilote m'a vu au dernier moment. S'il n'avait pas ouvert le volant, la course aurait pu se terminer là. Des situations comme celle-ci, tu en as dix par tour. Sur la Nordschleife, il faut de la chance. Tout le monde voulait à tout prix gagner." 

 

Estre N24

 

Vous avez vécu quelques grands moments de solitude ? 

 

"Même dans les stands (rires). On ravitaille, je suis dans l'auto prêt à partir. Chaque concurrent doit rester dans les stands un certain temps en fonction du nombre de tours couverts. J'attends que l'équipe me mette les roues. Pas de roue sur la voiture ! Je fais moi-même le décompte 10, 9, 8... Toujours pas la moindre roue... Elles arrivent. On perd 0,5s dans l'affaire, mais l'équipe a décidé de chausser les 'Soft' au lieu des 'Medium'. Il fallait gérer avec les 'Soft' car si tu pousses trop, la dégradation est trop importante. Cet avant-dernier relais n'a pas été de tout repos." 

 

 

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