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Martin Short (part 1) : "Au Mans, tout était magique..."

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Club des Pilotes des 24H du Mans
26 fév. 2020 • 12:00
par
claudeenduranceinfocom

Notre rubrique consacrée au Club des Pilotes des 24 Heures du Mans donne aujourd'hui la parole à Martin Short. Martin, le charismatique patron du Rollcentre Racing, est membre de la section britannique du Club des Pilotes. Il a couru à cinq reprises au Mans, y amenant cinq fois également le Rollcentre Racing, avec pour meilleur résultat la quatrième place de l'édition 2007 avec une Pescarolo Judd, frôlant le podium qui aurait pu lui être attribué si l'article 25.2.2 du règlement avait été activé. Mais on ne refait pas l'histoire...

Martin, quel sont vos meilleurs souvenirs du Mans ? Pourquoi ?

« Le Mans m'a procuré les meilleurs souvenirs de ma carrière de pilote ; tout était magique, dès les premiers préparatifs - bon, en fait tout ce travail, ce n'était pas si drôle - installer le stand, dans une ambiance de vacances car les choses sérieuses n'avaient pas encore commencé, puis le plaisir des vérifications et de penser que nous allions amener la ou les voitures dans le centre ville. Les choses commencent à prendre forme lentement, à devenir plus sérieuses. Je prenais plaisir à faire du vélo sur le circuit, en y allant tranquillement, en m'assurant que tout allait dans la bonne direction, mais en laissant les gars faire ce qu'ils avaient à faire. Bien sûr, ils appréciaient beaucoup ça, sinon je devenais une nuisance pour eux. Puis, les essais libres, les qualifications, et la tension montait et montait, et soudain ça commençait à devenir vraiment sérieux, puis une décompression avec la parade en ville et alors, boum ! le samedi arrivait et le temps passait si vite ...vraiment vite si vous aviez un problème. Et c'est alors presque un soulagement de prendre le départ et de voir si les dieux de la course sont avec ou contre vous ! 

Martin Short au volant en 2004

Les meilleurs souvenirs, il y en a tant....être quatrième au général pour notre première vraie course au Mans en 2004, et se faire percuter ensuite par Sebastien Bourdais, ce qui endommagea la suspension, et c'est devenu alors un mauvais souvenir !

Martin et la Dallara en 2005

Etre en tête de la course au Mans en 2005 pendant un demi-tour (la mauvaise moitié du tour) alors que j'étais au volant. Je me rendais compte que je devais être près du leader car je voyais les hélicoptères, et je n'ai pas réalisé que c'était moi avant que je ne sorte de la voiture ! Il y avait eu un problème avec la radio...ou alors le team n'avait pas voulu m'informer car ils pensaient que j'aurais pu sortir de la piste sous le choc ! Et ensuite une fuite dans la direction assistée nous a fait plonger dans le classement...

Martin Short au volant de la Pescarolo 01 en 2007

En 2007, quand nous avons fini quatrièmes, mais cela aurait vraiment dû être troisièmes, et on aurait été sur le podium, mon rêve, mais une certaine voiture française s'est garée près de la ligne d'arrivée et a terminé d'une manière que nous dirons contestable, mais elle n'a pas été pénalisée. Je n'ai pas porté de réclamation, comme c'était un constructeur français, qui revenait au Mans...Qu'est-ce qu'ils auraient fait ou auraient pu faire ? Mais c'était quand même fantastique. »

Les pires souvenirs, s'il y en a ?

La Dallara SP1 en 2004

« Le crash en 2004 a été dur après que nous ayons été en quatrième position. La voiture était fantastique. Nous aurions pu faire le podium.

La Radical SR9 en 2006 à Arnage

La course de 2006 avec la Radical a été difficile, mais nous avons terminé. Je pense que la pire des choses a été de se faire voler les vélos dans notre Motorhome dans le paddock par des gamins ! Petits imbéciles ! »

Avez-vous une ou plusieurs anecdotes que vous n'avez jamais, ou rarement, racontées à propos de vos courses au Mans ?

« En plus de celle des vélos, les Dallara-Nissan nous ont offert quelques histoires amusantes. En 2005, la voiture (la #8 de Michael Krumm/Harold Primat/Bobby Verdon-Roe, ndlr) ne marchait pas très bien avant le début des essais après un changement de moteur. La séance allait commencer et le moteur coupait dès qu'on touchait l'accélérateur. Nous avions une heure avant le début des essais pour arranger ça. Je suis allé voir Michael Krumm et je lui ai dit qu'il allait faire le relais le plus dur et le plus dangereux de sa vie, car il s'agissait de faire un tour du circuit du Mans au ralenti, juste pour nous qualifier pour être au départ de la course, si nous parvenions ensuite à régler le moteur. Il est monté dans la voiture, a mis le contact mais dès qu'il levait le pied de l'embrayage la voiture calait à chaque fois. Tout à coup, je lui ai crié dans la radio de démarrer la voiture une vitesse enclenchée, contre toute logique. Il a essayé, la voiture a bondi sur la pitlane, a quitté lentement les stands, à 10 km/h environ, sur le mauvais régime, sans accélérer. J'étais terrifié pour lui, et tout ce que je pouvais penser, c'était à la pente de la montée vers la passerelle Dunlop, et de savoir comment il allait y arriver...Il a réussi, et il est revenu Dieu sait comment longtemps après, et alors mon Ingénieur en Chef Mike Hurley a eu une illumination. Les gars de chez Nismo, avec leurs ordinateurs portables, ne pouvaient rien y faire à ce moment-là. Mike se pencha sur l'avant du moteur et, avec un marteau, il tapota le connecteur, qui était sur le capteur du vilebrequin. Il se redressa et dit « Essaie ». Le moteur s'est mis en route instantanément, avec l'accélérateur qui chantait, et le pilote et la voiture sont repartis !

La seconde histoire, c'est celle de Bobby Verdon-Roe qui pilotait cette même voiture pour ses premières 24 Heures du Mans et qui s'est fait doubler par Soheil Ayari à bord de la Pescarolo qui aurait dû gagner. Il s'est placé dans le sillage de la Pescarolo et s'est donc mis à rouler nettement plus vite qu'auparavant, et il a été alors surpris de voir Ayari freiner tôt car bien sûr il roulait 30 ou 50 kmh plus vite ! Bobby l'a heurté et a fait une grosse sortie, qui lui a procuré la peur de sa vie. Il a réussi finalement au bout d'une heure à ramener la voiture au stand. Elle s'est arrêtée, Bobby en a sauté, n'a pas dit un mot, est sorti du garage et nous ne l'avons plus revu ! La voiture était très endommagée, et nous l'avons renvoyée en piste, mais on a nous a poliment demandé de la retirer car les 75% de la distance n'avaient pas été couverts. C'est l'incident qui a coûté à Henri sa victoire au Mans. Je pense qu'il a rendu visite et fait des reproches à Ayari, mais c'est lui qui a été percuté par Bobby. »

Davantage de photos ici

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