Toto Wolff (Mercedes-AMG F1 Team) : « Nous n’aimons pas la BoP »

Avec le retour de Mercedes-AMG aux 24 Heures du Mans cette année, faut-il attendre plus de la marque à l’étoile ? Une possible arrivée en Hypercar du fait du prolongement des règles actuelles jusqu’en 2032 ? Pas vraiment selon les dires de Toto Wolff, patron de Mercedes-AMG F1 Team, qui s’est confié sur le sujet dans le podcast Hot Pursuit! sur Bloomberg le 20 juin dernier, soit dans la foulée des 24 Heures du Mans 2025.

Passionné par les courses d’endurance, Toto Wolff a roulé dans le passé en FIA GT et il est aussi le premier vainqueur des 24 Heures de Dubai sur une BMW M3 CSL / Düller Motorsport en 2006 avec à ses côtés Philipp Peter, Dieter Quester et Hans Stuck, sans oublier un succès aux 24 Heures de Bahrain. Est-ce suffisant pour lancer un programme Hypercar ? La réponse est non.

En mars 2020, à l’occasion des essais F1 de Barcelone, nous avions déjà posé la question chez Mercedes alors qu’à cette époque, la catégorie Hypercar était loin d’être ce qu’elle est maintenant. On nous avait fait comprendre que le fait que la catégorie reine de l’Endurance soit régie par une Balance de Performance faisait tiquer. Il y a encore deux jours, nous avons posé la même question à Stefan Wendl, patron de la compétition-client de Mercedes-AMG, au Nürburgring. « Une arrivée en Hypercar n’est pas à l’ordre du jour car nous avons déjà suffisamment de travail avec la nouvelle GT3 », nous a lâché Stefan Wendl. Mercedes-AMG doit remplacer son modèle actuel en 2027. 

Est-ce que Mercedes-AMG a regardé à un moment ce qu’il était possible de faire en Hypercar ? La réponse est oui mais sans lendemain. On sait de source sûre qu’au moins une équipe fortunée a déjà démarché le constructeur pour un potentiel programme Hypercar.

Les propos de Toto Wolff sur le sujet sont sans équivoque. « Nous n’aimons pas la BoP, a-t-il confié dans le podcast. On ne veut pas de quelqu’un qui surveille votre puissance, votre consommation, votre poids, les capacités de vos pilotes. »

Le fait d’équilibrer les performances entre les constructeurs n’est pas quelque chose qui séduit Toto Wolff. « Vous dépensez tant d’argent, de temps, d’énergie à développer l’auto la plus rapide, explique-t-il. Ensuite, on vous met un handicap poids de 10 kg. Je veux juste construire l’auto la plus rapide. Mettez juste un plafond financier à ne pas dépasser. Ainsi, on ne peut pas dépenser plus que X, 30/40 millions d’euros. Avec cette somme, vous faites ce que vous voulez avec les règles en place. Personne n’aurait besoin de jouer au bluff durant les essais hivernaux ou les qualifications. C’est purement de la course. Si tel devait être le cas, alors nous pourrions étudier un programme. A ce jour, compte tenu de la BoP qui permet aux officiels de juger que vous êtes trop rapides, qui vous ajoutent 10 kg pour ensuite les retirer à une autre voiture le lendemain, ce n’est pas pour nous. »

Contrairement aux acteurs qui n'ont pas le droit de commenter la BoP sous peine de passer à la caisse, Toto Wolff peut aisément donner son sentiment sans se faire taper sur les doigts pour évoquer ces trois lettres 

« Je suis un compétiteur, tient à rappeler Toto Wolff. Le Mans est l’une des plus grandes courses. Bien sûr, il y a la Formule 1. Mais après ? Les 24 Heures du Mans et Indy 500. Pour les plus connaisseurs, il y a aussi les 24 Heures du Nürburgring. Quand il n’y a pas de F1 le même week-end, je peux regarder les 24 Heures du Mans durant la nuit en direct vidéo et suivre les pilotes que je connais. »

Toto Wolff sait de quoi il parle quand il évoque les 24 Heures du Nürburgring, une épreuve où il était au départ en 2004 sur une BMW M3. Cinq ans plus tard, il tentait de battre le record sur la Nordschleife au volant d’une Porsche. Une tentative qui s’était terminée par une grosse sortie de piste avec un impact de 27G.