Alpine, bientôt le tapis rouge ?

En recrutant Frédéric Makowiecki, Alpine Endurance Team savait qu'elle récupérait dans l'ancien pilote officiel Porsche un atout de taille. Fin metteur au point, expérimenté tant en GT qu'en proto, « Mako » possédait des qualités toutes trouvées pour une équipe encore en phase d'apprentissage sur son programme A424.

Ce serait bien vite oublier que le lauréat des 24 Heures du Mans 2022 en GTE Pro est aussi l'un des meilleurs quand il s'agit de hausser le tempo et ferrailler dans le peloton.

Quelle plus belle preuve que ses relais initiaux hier à Spa-Francorchamps, en replaçant l'A424 n°36 partagée avec Jules Gounon et Mick Schumacher de la 6e à la 2e place, en venant casser l'hégémonie Ferrari affichée dans les premiers tours.

Alpine viendra même prendre la tête de la course à la faveur d'un arrêt aux stands plus court que le clan italien, Jules Gounon profitant de son élan pour passer Miguel Molina et la Ferrari 499P n°50 - Ferrari A F Corse à l'approche du Raidillon et boucler plusieurs tours en tête.

Le bel élan sera toutefois brisé par une crevaison lente dans la seconde partie de l'épreuve, avant que Mick Schumacher, impliqué dans une lutte à trois avec Robin Frijns (BMW n°20 - Team WRT) et Alessandro Pier Guidi (Ferrari n°51 - Ferrari AF Corse) ne valide le deuxième podium de l'année pour Alpine, après Imola.

Frédéric Makowiecki estime toutefois qu'il en manquait encore un peu pour l'Alpine pour réellement rivaliser en fin de course avec les Ferrari.

« Ce n'est pas passé loin, souligne le Français. Les Ferrari sont encore un peu trop fortes, mais j'espère que nous arriverons à continuer à travailler comme cela et faire le step de plus. Si nous y arrivons, j'ai confiance que nous pourrons nous battre pour la victoire. Ferrari montre qu'ils sont au-dessus de tout le monde depuis le début de l'année. A nous de leur mettre des bâtons dans les roues. »

Le clan Ferrari a d'ailleurs souligné la belle performance de l'A424 sur le tracé belge. « Les EL2 semblaient dire qu'Alpine était la plus rapide, avoue Giuliano Salvi, responsable Essais et Course GT et Prototype de Ferrari. A certains moments de la course, je pense qu'avec deux Alpine face à nous, l'histoire aurait été complètement différente. »

Alpine prend le pas sur BMW en Belgique

Leur progression est régulièrement mise en parallèle. Alpine a cette fois pris l'avantage sur les M Hybrid V8 sur les terres du BMW M Team WRT, quand des soucis de freins pour la n°20 et une double pénalité pour la n°15 ont coupé l'élan des allemandes.

La fiabilité sans faille des deux A424 a pesé dans le résultat d'ensemble, qui aurait pu être meilleur sans la pénalité pour infraction sous régime de voiture de sécurité virtuelle infligée à la n°35 de Charles Milesi, Paul Loup Chatin et Ferdinand Habsburg. Alpine réduit toutefois l'écart au championnat face à BMW, avec encore 30 unités de marge à l'avantage du constructeur de Munich.

« Quand il y a des opportunités de faire un résultat, il faut les prendre, rappelle Makowiecki. Deux de suite c'est vraiment bien. Il nous manque désormais la victoire. C’est une prestation plus aboutie qu’à Imola à mes yeux. Cette crevaison lente est regrettable car nous étions dans le match, mais cela fait partie de la course. Au-delà du résultat, je retiens surtout la manière. Nous travaillons bien et nous continuons de progresser. Je me sens aussi de plus en plus confiance avec la voiture. Il y a toujours une phase d’adaptation, mais plus les courses passent, plus je me sens à l’aise et capable d’exploiter son potentiel. »

Si l'on compte sur un retour de Toyota et Porsche aux avant-postes aux 24 Heures du Mans, Alpine pourrait-elle être la surprise du chef dans la Sarthe ? D'autant que la marque française a une revanche à prendre sur le scénario de 2024, avec un double abandon précoce sur souci moteur.

« Nous avons donc été performants à Imola et Spa, deux circuits très différents, analyse Philippe Sinault, Team Principal d'Alpine Endurance Team. Cela montre que nous commençons à bien comprendre notre package et à bien l’exploiter sur des tracés exigeants. Nous sommes toutefois conscients qu’il reste énormément de points à améliorer et de petits détails à affiner. Notre course a été solide, mais elle n’a pas été parfaite et nous avons encore vu que la moindre erreur peut tout compromettre. L’objectif est désormais de s’appuyer sur nos acquis et de consolider nos bases pour arriver mieux armés au Mans qu’il y a douze mois. »