Olivier Jansonnie (Peugeot) : « Nous avions imaginé pouvoir transposer davantage de la voiture précédente »
C'était l'une des grandes attentes de cette saison 2024 en plus de l'arrivée d'Alpine, BMW et Lamborghini : la version remaniée de la Peugeot 9X8, pourvue d'un aileron arrière.
Le concept initial, sans l'appendice aérodynamique arrière, avait finalement fait long feu, au terme d'une campagne 2023 délicate, malgré quelques coups d'éclat comme aux 24 Heures du Mans.
L'entame de saison avec l'ancienne version de la 9X8 avait vu Peugeot Sport manquer d'un rien un excellent résultat, Jean-Eric Vergne manquant de peu le podium avec une 9X8 terminant en mode électrique avant sa disqualification.
Si les premières épreuves de la version 2024 n'ont pas souri au Lion, la fin de campagne a vu la n°93 de Vergne, associé à Mikkel Jensen et Nico Müller, terminer fort avec notamment un podium à Bahreïn, après une quatrième place au Japon.
Le tout avec notamment une stratégie pneus parfaitement exécutée par les troupes françaises.
« Cette maturité stratégique, c’est quand même un des gros points positifs de la fin de saison, avoue Olivier Jansonnie, directeur technique de Peugeot Sport. L’équipe a prouvé qu’on était capable de faire des courses abouties, qu’on était une belle équipe de course ! Sur les deux aspects aérodynamique et pneumatiques, on est revenus à un niveau de performance plus proche de nos concurrents qui ont bien progressé pendant la saison rien qu’en exploitant davantage les voitures existantes. En fait, c’est tellement serré en Hypercar que le moindre écart d’exploitation fait de grosses différences. »
L'exploitation de la 9X8, c'est bien là que doit progresser Peugeot, avec un concept 2024 qui diffère finalement assez de l'ancienne 9X8, comme découvert par l'équipe technique.
« On a essayé de régler nos problèmes de traînée, de vitesse maxi et tout qu’on avait pu avoir comme soucis de fiabilité en 2022-2023, rappelle Jansonnie. Chose qu’on a réussi à faire. Mais par contre, la voiture était complètement nouvelle en termes d’aérodynamique et de dimensions des pneumatiques et là, je pense qu’on a quand même un peu sous-estimé la difficulté de l’apprentissage : nous avions imaginé pouvoir transposer davantage de ce que nous avions appris avec la voiture précédente »
Outre le manque de recul sur sa nouvelle voiture, le manque d'expérience sur certains circuits n'a pas aidé Peugeot, qui ne pourra pas se cacher derrière ces deux éléments l'année prochaine.
« Pour 2025, l’objectif est de jouer le podium régulièrement grâce aux datas que nous avons recueillis cette saison, notamment sur les circuits qui nous étaient inconnus. N’oublions pas que nous avions mobilisé pas mal de ressources entre avril 2023 et février 2024 pour mener parallèlement la préparation de la saison 2024 et le développement d’une nouvelle voiture.
Rétrospectivement, le fait d’avoir passé autant de temps à développer la voiture, à essayer de la fiabiliser, nous a privé d’aller faire des essais sur les pistes du championnat pendant l’hiver. Et donc, on s’est retrouvés sur la piste d’Imola qu’on ne connaissait pas. Ensuite à Spa-Francorchamps où on n’avait pas roulé non plus en essai depuis l’année dernière. Et ça, ça explique un peu notre début de saison jusqu’au Mans où on a un peu souffert. »
Commentaires (8)
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TG-TO
6 déc. 2024 • 19:13
frederic.kevers@gmail.com
7 déc. 2024 • 10:42
- le concept initial aurait été parfaitement compétitif si le règlement pneus n'avait pas changé par rapport à la mise en route du programme.
- la décision de ne pas s'adapter à la nouvelle monte pneumatique (comme l'a fait Toyota entre 2021 et 2022) vient d'une restriction de budget imposée par le big boss, à savoir Carlos Tavares.
- le départ du Portugais ne peut être qu'une bonne chose pour le programme car c'est lui qui a soudainement voulu que Mme Jackson soit présente sur les événements pour déblatérer le discours "nous continuerons jusqu'en 2026 s'il y a des résultats". Bizarrement, quand le programme a été lancé et était très audacieux et aurait fait un énorme boom si cela avait fonctionné sans aileron, la patronne de la marque n'a jamais été présente, mais Tavares était omniprésent.
- le manque d'essais privés sur de nouvelles pistes pour privilégier le travail de développement et de fiabilisation sur des tracés connus et utilisés jusqu'alors n'a rien à voir avec un manque de budget mais tout simplement avec le fait que le nombre de jours d'essais privés est réglementairement limité pour les constructeurs engagés en Hypercar. Il fallait donc faire des choix.
- On l'a vu avec Porsche et même BMW ou Alpine, l'expérience et les datas sont d'une aide précieuse pour améliorer de manière significative les performances en course comme en qualifications. Si la 9x8 EVO est fiabilisée, l'équipe va pouvoir chercher la performance et mieux comprendre le fonctionnement des gommes. Dès lors, au vu des qualités du personnel qui compose ce groupe, les résultats seront plus probants.
Mais soyons clairs, si 2025 est décevant en termes de résultats concrets autant qu'en termes de potentiel affiché, il n'y aura pas de saison 2026.
Cabrelbeuk
7 déc. 2024 • 13:31
Espèrons que cette hiver le développement de la voiture portera ses fruits. Il y a clairement du mieux en cette fin de saison mais il en faut plus pour prétendre aux podiums réguliers.