Vécu

Des GT et une clim en Arabie Saoudite

GT World Challenge Europe
3 déc. 2024 • 14:15
par
Laurent Mercier
Endurance-Info a bien signé le casque...

Depuis 2006 et la création d’Endurance-Info, les meetings SRO Motorsports m’ont permis de voyager aux quatre coins du monde et le dernier en date est l’Arabie Saoudite pour les finales européennes GT3 et GT4. On ne peut pas dire que l’on fait un métier commun et on ne peut pas se plaindre de tout. On se déplace tels des saltimbanques pour relater de courses automobiles. Chaque nouveau pays est synonyme de découverte.

 

Je dois mon tout premier vol à un meeting SRO pour aller à Silverstone suivre le FIA GT en 2006, l’année du lancement de la catégorie GT3. Premier vol et premier décalage horaire 😀. Par la suite, il y a eu entre autres l’Argentine et San Luis, l’Australie et Bathurst, Abu Dhabi et Yas Marina, l’Azerbaïdjan et Baku, le Japon et Suzuka, la Californie et Laguna Seca. Plus près de chez moi, le Val de Vienne. Cette fois, c’est donc l’Arabie Saoudite et son tracé urbain de Jeddah.

L'entrée du paddock de Jeddah

Vous pouvez légitimement vous poser la question de savoir pourquoi on se rend dans le pays pour deux finales européennes. On y va bien pour un rallye qui s’appelle Dakar. Il ne faut pas se voiler la face, les championnats s’y rendent car l’attrait financier fait son effet. Bien ou pas, c’est comme ça. En tant que média, équipe ou pilote, on peut aussi refuser le déplacement. Le pays s’ouvre petit à petit et le sport fait partie intégrante de son vecteur de communication.

 

L’Arabie Saoudite, c’est à moins de 6 heures de Paris quand l’avion est à l’heure, ce qui se fait de plus en plus rare. Premier raté, pas de wifi dans l’avion pour travailler. Le premier contact avec le pays se fait au contrôle d’identité et du visa obligatoire pour pénétrer dans le pays. Comme aux Emirats Arabes Unis, on vous accueille avec le sourire et tout se passe très vite. Un tampon sur le passeport et un ‘welcome to Saudi Arabia’ suffisent.

Pour ce déplacement, mon chauffeur se nomme Thomas Bastin que l’on sort de son Cul-des-Sarts avant Noël. Je fais GPS, il fait chauffeur. Pour le peu de temps passé sur place (3 jours), pas de prise de forfait local. Pas de chance pour lui, la conduite dans le pays est comment dire… rock n’roll. N’espérez pas le respect d’un stop, d’une ligne continue ou une traversée sur un passage piéton. Cela ne gêne personne de traverser de nuit une poussette à la main une route à quatre voies. Si vous lisez cet article, c’est que j’ai survécu même si mon pilote a eu du mal avec la gestion des ralentisseurs et un gros manque de Vmax face aux locaux. Pas de Superpole mais fond de grille. Si tu ne roules pas comme les locaux, c'est là que les problèmes arrivent. 

Vue depuis la salle du petit déjeuner de l'hôtel

Notre hôtel est situé à une quinzaine de kilomètres de l’aéroport quitté vers 23h30. On se dit qu’à cette heure-là ça roule crème. Erreur, grave erreur ! Bien plus de trafic que sur une qualif’ du circuit de Jeddah. Pour se diriger, un GPS hors connexion fait l’affaire sauf qu’il ne donne pas l’adresse de l’hôtel, juste le nom. Est-ce le bon ? On décide plutôt de se fier au nom de la rue et qu’on va bien finir par tomber dessus. Que nenni. Il faut sortir le plan B, ouvrir la 4G, taper l’adresse qui fait au moins 50 lettres, et couper la 4G pour éviter de payer le prix d’un iPhone 16 en hors forfait. La particularité du système est qu’il faut rester sur la bonne route car il ne se recale pas en cas de changement de route.

 

On tombe sur l’hôtel qui était bien celui donné par le GPS hors connexion. Il a fallu un peu de temps pour récupérer les chambres sans trop que l’on sache pourquoi. L’hôtel a la particularité d’avoir deux bâtiments à l’intérieur même, un building A et un building B. Sans mon compère belge, possible que je sois encore à attendre l’ascenseur. Le panneau laisse apparaître les numéros des étages avec à côté les touches en braille pour les non-voyants. Comme dans d’autres hôtels, tu appuies sur la touche en braille qui est valable pour tout le monde. Pas dans ce cas car rien ne bouge. Il faut appuyer sur le numéro qui n’est pas une touche.

Profiter du soleil sur le balcon ?

Une fois dans la chambre, qui ressemble à s’y méprendre à une chambre d’hôtel, un truc me chagrine : le bruit. T’as beau couper la climatisation qui était à 18°C, le compresseur de clim à l’extérieur fait un raffut digne d’une mobylette trafiquée. Comment trouver le sommeil ? Pas de bol, j’ai un lit double assez imposant. Il m’est arrivé avec un lit simple de mettre le matelas dans la salle de bains en République Tchèque. Une autre fois, je ne sais plus dans quel pays, j’avais une baignoire tellement grande que j’avais mis le matelas à l’intérieur pour éviter la musique d’un club tout près. J’avais très bien dormi mais je ne vous dis pas la tronche du matelas le lendemain matin. La compagnie féminine à mes côtés ne me gêne pas, bien au contraire, mais le compresseur de clim’, ça non. Il est tard, donc ce sera le casque à réduction de bruit pour diminuer les décibels pour quelques heures de sommeil.

Quel boucan cette clim' branchée à l'arrache

Direction la réception de bon matin pour expliquer la chose et demander un changement de chambre, ce qui ne pose pas le moindre souci. Après la journée passée au circuit, retour à l’hôtel pour tenter d’avoir une nuit plus longue. Je récupère une nouvelle carte et je quitte la réception le torse bombé en direction de l’ascenseur où j’appuie cette fois sur le bon bouton. Raté car le gars m’a donné le mauvais building. Pas grave, ça peut arriver. Je passe donc vers l’autre building pour rejoindre mon nouveau chez moi. J’ouvre la porte et la chambre est plus grande. Il y a cependant un loup, elle est mitoyenne et la porte vers l’autre chambre est ouverte. Dans ce style de pays, ce n’est pas ce à quoi on s’attend. Retour à la réception pour expliquer mon cas. Le gars, tout gêné, comprend vite et me donne une autre chambre. Là, je sens que c’est la bonne…

 

Place au cinquième étage. J’arrive devant la porte qui est entrouverte. Hmmm, que vais-je trouver ? Je rentre et une dizaine de petits seaux éparpillés jusque dans la salle de bains. Croyez-le ou non mais il y avait des infiltrations au plafond avec de l’eau qui ne cesse de goutter. Allez, on va à la réception et le gars me voit arriver avec ma valise. Je lis dans son regard : « il veut quoi encore lui ? » J’explique mon cas et là j’affirme un peu plus ma requête en demandant s’il était possible d’avoir une chambre au calme. Cette fois, je n’ai pas le droit au petit étui avec la carte de la chambre, juste la carte et le numéro marqué sur un post-it. Le gars doit se dire que je vais revenir une nouvelle fois, donc il est inutile de faire perdre un étui.

 

Je suis au dernier étage. Je sors de l’ascenseur et pas un bruit, que quelques chambres sur le côté gauche du couloir.  Je sens bien la suite royale avec sauna et tout le toutim. Là, ça commence à sentir bon. Un truc m’intrigue tout de même dans le couloir. Il y a un extincteur posé au sol, en partie rouge, en partie rouillé. Il doit être périmé depuis des années. J’ouvre la porte, pas un bruit. Yes ! Je pose ma valise, je tiens ma nuit tranquille. Quelques minutes plus tard, j’entends un gros vacarme avec la mise en action de gros ventilateurs qui doivent être sur le toit. Un boucan du diable qui cesse au bout de cinq minutes mais qui revient cinq minutes plus tard et ainsi de suite.

Un extincteur sinon rien...

Avec toutes ces histoires, il se fait tard. Cette fois, j’ai un lit simple mais impossible de mettre le matelas dans la salle de bains, celui-ci étant trop imposant. Deux comprimés de mélatonine et retour du casque à réduction de bruit tout de même peu pratique pour dormir sur un côté. Finalement, la nuit n’a pas été mauvaise. Etant matinal, j’ai quelques articles à écrire sauf que je ne sais pas pourquoi mais aucun accès à Internet. Il y a bien le réseau, le mot de passe est bon, le wifi fonctionne mais seule la messagerie instantanée passe. Aucun mail et aucune connexion possible. Je tente d’aller bosser à la réception mais le souci est identique. Cette fois, j’ai décidé d’abdiquer ! Place à la course... 

Commentaires (5)

Connectez-vous pour commenter l'article

Giralda

3 déc. 2024 • 15:02

En résumé, pas mieux lotis qu’à Daytona …

lmercier

3 déc. 2024 • 15:51

Mieux car les nuits sont plus chaudes en °C à Jeddah qu'à Daytona. 🤣

LittleTom

3 déc. 2024 • 15:54

La BoP de la voiture de Thomas était donc défavorable ! Elle n’a même pas eu droit à un ajustement avant la course.

AlCh

3 déc. 2024 • 21:45

C'est du vrai reportage de terrain. Merci pour ce témoignage . La pénibilité du métier est - elle reconnue par SRO ??? ):

Dinoir

4 déc. 2024 • 11:40

Laurent il semble que tu ne sois pas fait pour tellement voyager.
A moins que ce ne soit ton agence de voyage qui t'en veuille...
Mais ce n'est pas très grave parce que cela nous permet de bien rire des tribulations d'un petit français à travers le monde... :).
Excellente fin d'année sur le chemin pour de prochaines aventures et au plaisir de te recroiser sur certains circuits en 2025, mais surtout stp ne change rien.