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WEC / 6 H. de Spa - Julien Andlauer (Proton Competition) : « J’espère que ça tombera de notre côté la prochaine fois »

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12 mai. 2024 • 11:30
par
Thibaut Villemant, à Spa-Francorchamps
Auteur d'un récital offensif sur le toboggan des Ardennes hier et héros de l'édition 2024 des 6 Heures de Spa-Francorchamps, Julien Andlauer a - une fois de plus - bluffé tout le paddock au volant de la Porsche 963 n°99 du Proton Competition.
© MPS Agency

Le Raidillon de l'Eau Rouge, Julien Andlauer l'aura abordé de toutes les manières possibles, bien souvent en complétant l'un de ses nombreux somptueux dépassements vus hier en piste aux 6 Heures de Spa. Le dernier, sur la Toyota GR010 Hybrid n°7 emmenée par Kamui Kobayashi, a entraîné un tonnerre d'applaudissements dans les tribunes et dans la salle de presse.

 

En fait, hier soir, le Français a presque fait de l'ombre au Team Jota, qui a pourtant marqué l'histoire du WEC et de l'ère Hypercar. Aligné en duo sur la Porsche 963 n°99 du Proton Competition avec Neel Jani, Julien Andlauer a été indéniablement le grand animateur de l'épreuve belge, même si le résultat final (5e) ne reflète pas le niveau de performance affiché par la LMDh de l'écurie de Christian Ried.

 

Longtemps en tête, cette dernière a vu ses chances de podium s'envoler avec le drapeau rouge engendré par l'effrayante sortie de piste de Earl Bamber. Et pour cause, sa monture n'avait pas encore effectué son avant-dernier passage à la pompe, au contraire des 963 n°12 (Jota) et n°6 (Porsche Penske Motorsport), respectivement première et deuxième sous le damier. Après l'arrivée, le pilote officiel Porsche s'est confié à Endurance-Info.

© Porsche

Comment expliquez-vous ce soudain regain de forme de votre équipe Proton Competition ?

Il s'agit sans nul doute, jusque-là, de notre meilleur week-end avec la 963. Nous avons fait des progrès à chaque course mais là, nous avions tout très bien préparé et avons réussi à cocher toutes les cases de notre to-do list en essais libres. Et c'est la première fois cette saison que nous avons pu le faire réellement, sans perdre du temps de roulage pour des choses et d'autres. Voilà, selon moi, pourquoi nous avons été plus à notre avantage que sur les autres courses. 

 

La différence de rythme était impressionnante par rapport aux autres 963...

Nous avions vu juste au niveau des réglages et avons opté pour la bonne stratégie.

 

C'était donc une question de set up ?

Non, ce n'était pas qu'une question de réglages. A Imola, nous avons manqué de roulage en essais libres et n'avions pas une image claire de la gestion des pneumatiques et de la consommation d'énergie. A Spa, nous avions une vision bien plus claire et cela nous a permis de nourrir des objectifs pour la course.

 

Le rythme en piste fait la différence, mais si vous perdez 30" dans les stands, au final, la course est terminée. Tout était presque parfait, il faut garder en tête que nous partons de loin. Cela nous motive pour la prochaine course, qui est également le point culminant de notre saison, à savoir les 24 Heures du Mans.

© Porsche

Ferrari a semblé reprendre un peu le dessus après la mi-course. Est-ce également ce que vous avez ressenti ?

Oui, clairement. Nous n'étions pas aussi rapides que les Ferrari en milieu de course. Ils ont réussi à créer un écart de 30" sur Neel (Jani. Ndlr), qui était partant sur le même tempo que les autres Porsche.

 

Avec des pneus Michelin Soft et Medium, qu'en a-t-il finalement été de la dégradation des pneumatiques ? 

Sur les autres courses, nous avons pu doubler les relais avec les quatre pneus. Mais ici, la stratégie était de doubler à droite seulement et de mettre à chaque fois des gommes neuves à gauche. Autrement, vous perdiez trop de temps. Avoir une voiture conservatrice était un objectif pour faire deux relais avec les pneus. Mais nous devions aussi avoir la vitesse. Mais nous avons tout mis bout à bout.

 

Quand vous avez pris la tête en début de course, certains s'attendaient à vous voir perdre du temps lors du second relais justement en raison de la dégradation de vos pneumatiques. Etiez-vous confiant malgré votre niveau d'attaque ?

Quand vous êtes devant et que vous bénéficier d'une piste dégagée et d'un air propre, vous pouvez tout gérer plus facilement :  l'énergie, les pneus, le trafic... C'est plus simple d'être dans cette position. J'avais assez d'écart pour tout gérer. Mais à la fin du deuxième relais, si l'on attaquait trop, nous tuions les pneus. Cela aide de sauver les pneus et l'énergie en début de relais, pour avoir plus de rythme ensuite.

 

 

N'êtes-vous pas trop frustré par ce drapeau rouge qui a tout changé ?

C'est la course. Ce qui a été plus embêtant, c'est que notre voiture a pâti de cet accrochage (avec la Cadillac V-Series n°2, qui lui a arraché le sabot arrière-droit. Ndlr). Bref, nous sommes passés de 3e à la 9e place, et nous nous sommes battus pour revenir dans la dernière heure. Nous avons tout tenté et n'avons pas de regrets à avoir.

 

La victoire du Team Jota prouve qu'une écurie privée peut gagner en Hypercar. C'est bon signe non ?

Nous n'avions pas besoin de voir Jota gagner pour savoir que nous pouvions le faire. Au final, nous étions mieux qu'eux et que Penske. C'est bien pour eux, mais j'espère que ça tombera de notre côté la prochaine fois. Harry, Neel et moi connaissons Le Mans, et nous allons tout faire pour essayer de réitérer la même exécution là-bas.

 

Pour effectuer quatre dépassements de la sortie dans le Raidillon ⬆️, il faut quand même avoir sacrément confiance en la voiture que l'on a entre les mains non ?

Je me sentais vraiment bien dans la voiture. L'équipe nous a préparé une bonne auto malgré un niveau de dégradation élevée. Nous avons été plus en délicatesse à la fin du second relais, car j'avais utilisé beaucoup de potentiel pneus face aux autres. Mais il fallait y aller. Au vue de la position qui est la nôtre, nous ne jouons rien et cela me permet peut-être de prendre plus de risques.

Commentaires (3)

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vvf36

12 mai. 2024 • 12:32

Très grande course de Julien Andlauer. L'équipe officielle pourrait avoir un œil sur lui si ce n'est pas encore le cas.

Toujours mi-figue mi-raisin sur le mouvement de défense de Jani sur la Cadillac lors de l'accrochage menant au drapeau rouge.

LittleBen

12 mai. 2024 • 20:04

Magnifique prestation de la voiture et du pilote! Il a le droit d’être déçu … et de le dire.

jules.spitz@gmx.net

12 mai. 2024 • 20:33

@vvf36
J'ai re-regardé les images et la Porsche ne change pas sa trajectoire. Il est ralenti par la BMW, ce qui donne un excédent de vitesse à Bamber. Sauf à freiner et donc perdre son momentum, il doit se décaller sous peine de s'encastrer dans la Porsche (qu'il touche d'ailleurs). Malheureusement, il a mal jugé et il n'a pas terminé de doubler la BMW, un peu comme Vaxivière dans les Hunaudières il y a quelques années.
L'essentiel, c'est que les dégâts ne soient que matériels.