Karting

Vécu - Le karting, la base de tout...

28 avr. 2024 • 11:30
par
Laurent Mercier, kartman de cinquième zone
Direction le Val d'Argenton pour rendre une visite au Championnat d'Europe de Karting.

Pour nous qui arpentons les paddocks des courses d'endurance à longueur d'année, les autres disciplines du sport auto sont assez éloignées de notre quotidien. Pourtant, il est bon de se confronter à base : le karting. 

 

Il a suffi d'un week-end libre pour aller suivre le Championnat d'Europe de Karting au Val d'Argenton. On entend régulièrement que l'Endurance est une discipline compliquée à comprendre. On ne peut qu'acquiescer. Entre les catégories, les championnats, les classifications, difficile de s'en sortir. Alors n'allez pas voir du côté du karting. Il y a pourtant un Championnat d'Europe FIA assez simple à comprendre : OK (14 ans et plus), OK-Junior (12/14 ans) Académie (chaque fédération nomme un pilote de 12 à 14 ans). Si vous voulez rentrer dans le détail, il faut ensuite faire la différence entre Championnat du Monde, Coupe du Monde, Super Coupe Internationale, KZ, KZ2, KZ2 Masters. On va s'en tenir au meeting du week-end argentonnais. 

 

Je ne vais pas vous raconter ma vie qui n'intéresse personne mais j'ai roulé à de nombreuses reprises sur cette piste du Val d'Argenton installée en pleine campagne entre Cholet et Poitiers à la fin des années 90. On doit ce magnifique tracé au soutien des Transports Grimaud, une importante entreprise locale. Le nom initial Bocaspeed est tiré de Bocage (la région) et Speed pour vitesse. 

A cette époque, les jeunes de la région se retrouvaient à Bocaspeed pour disputer des sessions de karting. C'est là où t'emmenais ta copine pour lui montrer que t'étais plus rapide que les autres et si tu n'avais pas encore réussi à conclure, terminer devant tes camarades pouvait nettement aider à passer à l'étape supérieure. Je parle en connaissance de cause. Bref, toute ma jeunesse. 

 

Quand tu bats tes potes en kart de loc', tu te dis que tu peux être pilote et comme tu vas en plus aux 24H du Mans chaque année fait que tu te sens invincible. Je sais que le raccourci est facile et que c'est n'importe quoi. Quand t'étais jeune dans les années 90, il en fallait peu pour te faire rêver. Je vous rappelle qu'à cette époque on dansait le Mia. 

 

Bref, les années ont passé et je ne suis pas pilote. Pourtant, je compte une participation aux 24H Karting de la Distribution 2014 organisés par Sagcom et la famille Brouard. Nous avions un équipage de la mort : Jacky Foulatier, Fabrice Connen, Stéphane Bois, Thibaut Villemant et moi-même. Les trois derniers cités étaient les boulets de l'équipage mais c'était une super expérience, même quand on vient te réveiller à 3h du mat' pour prendre ton relais.

Les structures sont toutes bien arrangées

Revenons-en à mon Val d'Argenton. La piste a disparu des radars durant un tas d'années. Grâce à Arnaud Sarrazin, ancien kartman de haut niveau, l'endroit a retrouvé des couleurs, même si malheureusement pour lui le premier confinement bien failli tout faire capoter. De quoi jeter l'éponge mais depuis la reprise le succès est au rendez-vous. 

 

J'ai repris le chemin de cette piste un samedi d'août 2022 avec un ancien kartman de haut niveau nommé Frédéric Makowiecki, par ailleurs pilote officiel Porsche. Dans un premier temps, c'était pour voir les lieux, lui qui a roulé sur cette piste en son temps bien plus vite que moi. Ce serait trop bête de partir sans faire un tour à trois avec Mako Jr. Pour cela, direction un kart enfant pour chacun avec siège reculé à fond pour une douzaine de kart en piste. Croyez-moi, j'ai tout donné, personne ne m'a rattrapé, mais en allant voir les chronos sur l'écran, troisième temps derrière la famille Mako. Battu à domicile. Je vous passe sur le fait d'avoir fait les sessions sans le moindre protège côtes. Bim, une côté pétée et trois mois sans monter sur le vélo. Fin de l'histoire personnelle. 

Cette fois, je parle de m'imprégner de la base du sport automobile dans un milieu que je ne connais pas. Pourtant, j'y retrouve bien des têtes connues dans le paddock et l'immense tribune qui permet d'avoir une vue d'ensemble sur le circuit. Entre Robert Consani (le fils roule en OK), Jonathan Cochet (le neveu roule en OK-Junior), Allan McNish (soutien d'un pilote), Fabien Lavergne (All Road Management), Tom Coronel (le fils roule en OK-Junior), Dmitry Belousov (Prema) et Gwen Lagrue (Mercedes-AMG F1), les têtes connues sont multiples. 

 

Le paddock, très boueux compte tenu des conditions météorologiques, est très professionnel, peut-être même trop. On est loin, très loin de la famille qui arrive avec le fourgon, la tente en 4x3 et le père qui fait la révision. Les structures sont organisées : Prema, Tony Kart, Victory Lane, Birel ART, Energy Corse, Parolin Motorsport, Sodikart. Rien ne manque avec un staff complet pour bichonner les engins avant d'aller se chicorer sur la piste. 

 

Pendant ce temps, les parents patientent, lisent, échangent autour d'un café, prennent des photos. Quand on sait qu'une saison coûte au bas mot 200 000 euros, ça fait réfléchir sur ce qu'est la base du sport auto. Les Max Verstappen, Andrea Kimi Antonelli, Ben Hanley, Callum Ilott et Ben Barnicoat ont inscrit leurs noms au palmarès de la filière OK avant de percer à haut niveau. Forcément, ça fait envie.

Le paddock de l'Académie, la base du karting à haut niveau

Sur la piste, les qualifications sont disputées, voire même acharnées. Les jeunes pilotes prennent énormément de départs dans des paquets bien compacts. Là, pas d'apprentissage des limites de piste car si tu sors t'es out et la course est terminée. Si le kart cale, impossible de le remettre en marche tout seul. Les pilotes sont aussi sensibilisés aux contacts car chaque bouclier avant est inspecté à l'arrivée par les officiels et s'il n'est pas en place correctement, cela donne une pénalité de 5 secondes. 

 

Alors ces jeunes pensent-ils aux courses d'endurance ? Non, ils ont tous en tête l'idée d'aller le plus haut possible. Quoi de plus normal quand on voit les noms des pilotes passés par le karting. En 2000, Lewis Hamilton remportait au Val d'Argenton deux manches avec un bras cassé plâtré. Tous ne seront pas des Hamilton, Alonso ou Ocon qui ont pourtant foulé la piste deux-sévrienne. Gwen Lagrue, qui gère la filière Mercedes-AMG F1, a les mots justes : « S’ils ne pensent pas F1 à cet âge-là, ce ne serait presque pas normal. » Pourtant, ils n'iront pas tous en F1. 

Le standing en dehors de la piste

Le karting est aussi une belle école de la vie, notamment pour celles et ceux qui évoluent dans la série Académie où on retrouve une cinquantaine de nationalités. Un vrai melting-pot mondial où chacun roule sur un kart tiré au sort. Peut-être que le champion de demain sera issu de cette belle formule mise en place par les fédérations nationales. 

 

Si je dois retenir une chose négative de cette immersion dans le monde du karting, elle n'est pas sur la piste mais dans le parking jouxtant le circuit. Si on trouve encore quelques caravanes et petits camping-cars, les immenses motorhomes sont parqués. Là, on est à cent lieues de la base. L'argent, toujours l'argent. Le chrono, lui n'a que faire de cette débauche de moyens clairement inutile. 

 

PS : merci à Romane et Renaud Didier pour leurs explications sur la discipline. 😉

 

Commentaires (2)

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ayrton

28 avr. 2024 • 18:12

J'avais été au Mans il y a quelques années voir ces même catégories. Je me retrouve dans cet article. Je conseille a tout le monde d'aller voir ce genre de course, c'est des sprints avec de grosses batailles. Après le paddock c'est à la fois beau et déroutant. Voir autant de budget, dès la base des sports mécaniques, écarte beaucoup de monde.

Tique

28 avr. 2024 • 20:00

Et sur les pistes de Karting, on fait de belle rencontre aussi. Mon fils roule en Ile de France et nous faisons le championnat NSK, et nous croisons souvent Léo Roussel qui fait du coaching. Pour les plus anciens, on peut aussi croiser Yves Courage qui fait la mécanique de son petit fils ;)