GTWC Europe

Du bureau à la piste, épisode 1

GT World Challenge Europe
10 avr. 2024 • 14:00
par
Paul Evrard
Durant toute la saison GTWC Europe, Paul Evrard, pilote Saintéloc Racing, va vous faire vivre son année. Le Normand ne parlera pas que des résultats sportifs car l'idée est d'aller bien au-delà. A 27 ans, Paul concilie vie de pilote, vie professionnelle et vie familiale, lui qui est papa depuis peu.

Fiche d'identité : 

  • Nom : EVRARD
  • Prénom : PAUL
  • Âge : 27 ans 
  • Métier : directeur de site automobile la semaine et pilote le week-end
  • Equipe : Saintéloc Racing sur une Audi R8 LMS GT3 avec Jim Pla et Gilles Magnus en Endurance (Gold Cup)

 

Bonjour à tous,

 

C’est donc par une victoire que je commence cette chronique. Je vais vous partager ma saison mais aussi pour aller au-delà de l'aspect course. Avec Gilles Magnus et Jim Pla, nous avons remporté la catégorie Gold Cup ce week-end sur le Circuit Paul Ricard, ce qui nous a valu une belle 13e place au classement général du GT World Challenge Endurance. Notre équipe, Sainteloc Racing, avait parfaitement préparé notre Audi R8 LMS GT3 #25. Nous avons été performants tout le week-end (P2 en Qualif) et n'avons commis aucune erreur. En toute logique, la victoire a récompensé le travail de toute l’équipe, même si nos concurrents sont coriaces et ne finissent pas loin derrière. La réussite était au rendez-vous également puisque durant le relais de Jim, nous avons eu une crevaison lente à 10 tours du pit-stop.

Pour en revenir à mes débuts en sport automobile, c’est sur ce même circuit fin 2019 que j'ai disputé ma première course au volant d’une Alpine GT4 du Team ZENTECH avec Bruno Miot en classe « Amateur ». Nous avons remporté cette course, mais les 3 derniers tours de course avaient été incroyables. Nous étions 3ème à 3 tours de l’arrivée, puis 2ème à 2 tours. Alors que nous nous rendions au muret des stands pour applaudir la voiture qui allait finir à la deuxième place, le leader a perdu une roue deux virages avant le damier, et notre Alpine a passé la ligne d’arrivée en tête. Un super souvenir que cette finale du Championnat de France FFSA GT.

Avec l'Alpine A110 GT4 au Paul Ricard en 2019 (photo : Dirk Bogaerts)

À l’heure où j'écris ces lignes, je suis avec Patrice Goueslard, mon manager, à l’aéroport de Marseille. Nous sommes lundi, Il est 5h du matin, et nous attendons notre avion qui va nous ramener en Normandie. Une fois rentré chez moi, je prendrai une douche, dirai bonjour à mon fils et enfilerai le costume pour aller au bureau. Je travaille dans le Groupe Polmar, une entreprise de distribution automobile créée par mon père il y a 15 ans. J’ai occupé plusieurs postes dans le groupe, mais depuis le 1er janvier, je dirige la concession Hyundai. Le groupe distribue les marques automobiles VW, Fiat, Opel, Hyundai, Alfa-Romeo, Skoda, Suzuki, Subaru et Abarth.

Nos journées et nos semaines sont bien remplies, surtout avec les journées portes ouvertes à gérer les week-ends. Concilier vie de famille, vie professionnelle et course automobile, surtout en GTWC, n’est pas évident. Il faut également faire du sport pour être en forme physiquement. J'ai repris les cours d'anglais pour dialoguer plus sereinement lors des briefings avec les ingénieurs et à la radio.

Le niveau du GT World Challenge Europe est stratosphérique. Je suis d’accord avec Valentino Rossi, c’est plus facile de gagner en WEC. Lors du prologue début mars, il y avait 35 voitures dans la même seconde. Autant vous dire que pour performer, il faut faire le tour parfait en qualification, et en course, c’est 30 tours parfaits qu’il faut enchaîner. Sorti du karting où j'avais réussi à avoir le niveau pour participer au Championnat du Monde KZ, sur les conseils de Patrice, je me suis lancé dans le GT4. C'était pendant la période COVID. Une demi-saison avec une Alpine, puis deux saisons chez Akkodis ASP avec la Mercedes en France, et en Europe pour apprendre les circuits, et me voilà en GT3 chez Sainteloc. Je me retrouve dans le peloton avec des pilotes comme Marciello, Gounon, Vanthoor et d'autres, alors que je me considère encore comme un débutant. En 2023, avec Erwan Bastard et Greg Demoustier, nous avons tout de même terminé 3ème de notre classe Silver aux 24 Heures de Spa et 4ème au Championnat. Ce fut une année d’apprentissage très difficile pour le moral, car la première partie de saison a été moyenne. Puis les chronos se sont mis à tomber grâce en partie aux courses Sprint.

2023, déjà chez Saintéloc Racing avec mon manager Patrice Goueslard (photo : Kevin Pecks)

Dans ce Championnat, il faut mettre ses tripes sur la table! Deux trains de pneus neufs en qualification et des relais de 30 minutes où il faut piloter à 110 %, protéger sa position et doubler. Nous avions décidé de faire un double programme pour accélérer l’apprentissage et c’est vraiment en fin d’année où j’ai pu rouler dans un bon rythme. Nous avons même gagné Valencia en Gold Cup avec Simon Gachet et terminé 6ème au général, ma meilleure performance de la saison.

 

Je me dis souvent le dimanche soir qu’un jour il faudra que je me décide à prendre une année « sabatique » pour me consacrer uniquement à la course automobile afin d'être à 100 % concentré sur la compétition. Car c’est souvent Patrice qui conduit la voiture pour rentrer à la maison, moi je dors. D’ailleurs, j'en profiterai pour ne faire que des championnats ou des courses que je trouve intéressants et spectaculaires, comme Daytona, Sebring, Bathurst, le GTWC America ou le GTWC Asia. Le programme idéal pour moi serait le GT3 Sprint en Europe, les 24 H du Mans et un Championnat GT3 à l’étranger! C'est un rêve sachant que les budgets sont en train d’exploser. Le prix du carburant "vert" est passé à 6 euros le litre, etc.… L'autre aspect du métier de pilote automobile, c’est de trouver des partenaires. Nous avons réussi avec mon père à fidéliser quelques sponsors passionnés d’automobile. Et heureusement, sinon je pense que je serais encore dans le peloton du GT4 France, qui voit lui aussi son coût augmenter et en même temps le nombre de voitures diminuer.

La course automobile en 2024 n'est pas simple. Quand nous voyageons ensemble avec Patrice, les discussions tournent souvent autour des sujets qui alimentent les conversations entre pilotes: BOP, catégorisation et déclassement des pilotes, limites de piste, etc. Avec ces trois sujets, on peut passer des heures à discuter autour d’une table. J'ai pris mon parti d'accepter la BOP et la catégorisation FIA, hormis quelques cas injustes. Par contre, les limites de piste me font rougir par moment. Je suis un peu libéral sur le sujet.

 

À peine le temps de régler quelques problèmes au bureau lundi, que nous repartons mardi pour Magny-Cours. Nous préparons la seule course en France du Championnat GTWC Sprint 2024. Nous serons en test mercredi avec Gilles Magnus toute la journée. J'adore ce circuit et c’est le plus près de chez moi (4h de route tout de même). Ça me tient à cœur d’être au top pour briller en France fin août dans la Nièvre! 

 

À bientôt pour de nouvelles aventures.

 

Paul 

 

Commentaires (5)

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steph73

10 avr. 2024 • 14:32

Très bonne initiative cette chronique.

Stephan

10 avr. 2024 • 15:02

Très bonne idée, j'ai apprécié la lecture !
Au prochain épisode

Jiefd64

10 avr. 2024 • 19:37

Chronique très intéressante. Merci Paul.

Fastdriver

11 avr. 2024 • 9:24

Bravo pour cette chronique. 👏

LilRbxTcg

12 avr. 2024 • 21:52

Vivement le prochain épisode, et go go go Saintéloc !!!