Le Mans

Vécu - Que retenir du film officiel des 24H du Mans 2023 ?

24 Heures du Mans
7 déc. 2023 • 21:00
par
Laurent Mercier, au Mans
Photo : ACO

C'est maintenant une tradition depuis 2011, le film officiel des 24H du Mans est présenté en avant-première dans les salles au Mans. Pas moins de 7 salles diffusaient simultanément le film 2023 aux 1700 personnes ayant répondu à l'appel hier soir, soit plus que le précédent record qui remontait à Intouchables. 

 

Les médias étaient conviés à la présentation en présence de plusieurs acteurs de l'épreuve autour de Pierre Fillon, président de l'ACO, Bruno Vandestick et Messaoud Benterki, les deux maîtres de cérémonie : Antonio Giovinazzi, Alessandro Pier Guidi, Antonello Coletta, Norman Nato, Fabio Scherer, Julien Canal ainsi que le Dr Wolfgang Ullrich, conseiller du président. 

 

Pour ma part, j'ai toujours décliné ce type d'invitation et je ne suis même pas sûr d'avoir regardé le moindre film officiel depuis le début des années 2000. Revoir une course que j'ai suivi de l'intérieur m'apporterait quoi de plus ? Pour être honnête, je regarde très peu de course automobile à la maison hors du travail, surtout dans une période de fin d'année 2023 où une certaine lassitude se fait sentir. Attention, pas du tout une lassitude d'écrire et de bouger, mais plutôt une lassitude d'un milieu de moins en moins reconnaissant des efforts fournis pour faire vivre la discipline. Le reflet de la société actuelle ? Certainement... Les réprimandes sont de plus en plus fréquentes pour un oui, pour un non. Revenons-en au pourquoi du comment de ma venue au Mans ce mercredi 6 décembre. 

 

J'ai combiné film officiel des 24H du Mans 2023 avec une visite à Philippe Beloou et Daniel Ménager. Les moins de 40 ans ne connaissent peut-être pas ces deux noms qui sont deux des compagnons de Jean Rondeau dès l'aventure Inaltera. Une histoire Inaltera/Rondeau humaine comme il n'en existe plus au XXIe siècle. Nous y reviendrons plus tard mais il y a tout un film à réaliser sur cette magnifique aventure humaine malheureusement très peu présente au Mans et dans sa périphérie. C'est tout ce que l'on veut dans l'Endurance : des histoires humaines loin des BoP et autres querelles réglementaires bien loin du sport. 

Photo : ACO

En posant mon derrière dans la salle 1 du Méga CGR de Saint-Saturnin, je m'attends à revivre ce que j'ai vécu en juin avec mes deux acolytes et amis Pierre et Thibaut pour Endurance-Info. L'histoire, vous la connaissez comme moi. Dès son retour au Mans dans la catégorie reine, Ferrari rafle la mise et terminé bonsoir.

 

Cette soirée cinématographique débute par un petit film narré par André Dussollier avant d'entrer dans le vif du sujet. Une fois le film lancé, les acteurs parlent : Earl Bamber, Sébastien Buemi, André Lotterer, Antonio Giovinazzi, Ben Keating, Nicklas Nielsen et José-Maria Lopez. Tous, comme les 179 autres pilotes savent une chose en arrivant au Mans : ils vont vivre le centenaire des 24 Heures du Mans, un événement qu'ils ne vivront qu'une fois dans leur vie. L'excitation est encore plus à son comble chez chacun, même pour Romain Dumas qui connaît pourtant parfaitement l'épreuve.

 

C'est aussi le cas pour Doriane Pin, 19 ans, qui va découvrir la classique mancelle et qui prépare son sac avant de se faire accoster par un fan à la boulangerie tout près de la Place de la République. Après les images sur les vérifications, place au briefing des pilotes qui rend hommage aux commissaires. On sent dès les premières images du film le côté humain qui se prolonge avec le retour de Yifei Ye dans les locaux de la Filière FFSA, là où tout a débuté pour lui. Comme pour Doriane Pin, on imagine le ressenti du pilote chinois et le chemin parcouru. 

 

On passe ensuite à l'incertitude de l'Hyperpole sur la piste et en dehors avec le père de Paul-Loup Chatin, comblé de bonheur en immortalisant la pole de son fils téléphone en main sur le muret des stands. On ne voit pas le temps passer durant la diffusion de l'avant-course qui se poursuit avec des témoignages, dont Jacky Ickx, sans oublier une visite du Musée des 24 Heures en compagnie du Dr Ullrich et Vincent Vosse. 

 

L'heure du départ approche et la famille Duval est au complet sur le circuit. Gaëlle, la femme de Loïc, intervient d'une façon judicieuse à plusieurs reprises au cours du film. Quant à Hugo et Martin, les deux fistons Duval, ils sont sûrs que leur père briguera la victoire en 9X8 au Mans en 2024. 

Photo : ACO

Enfoncé dans le fauteuil noir, voir tous ces pilotes français reprendre la Marseillaise donne clairement la chair de poule tant on ressent la fierté d'être là, de faire partie de la fête, de vive quelque chose qu'on ne vit qu'une fois. Les choses vont vite changer car le bordel arrive : sortie de piste de la Cadillac, crash de Rodrigo Sales, l'autre Cadillac tapée par une Ferrari, James Calado qui balance à ses ingénieurs "on foire la stratégie à chaque fois."

 

La pluie arrive, les sorties s'enchaînent et Earl Bamber déguste un plat de spaghettis à l'abri en se disant qu'il est mieux ici qu'à Holiday on Ice. Même avec le recul, on prend peur pour Lilou Wadoux dont la Ferrari sort brutalement de la piste et de l'écran. Tout est parfaitement capté en images par l'équipe de Christophe Hanquet pour donner des frissons même si on connaît le dénouement. 

 

Pour Carlos Tavares, patron de PSA tout sourire, il est l'heure de prendre l'écran en photo avec la 9X8 de Menezes P1 au classement. Quelque chose d'improbable avant le départ. Il est là l'intérêt d'une course d'endurance. Tout peut arriver. 

 

Kamui Kobayashi l'a appris à ses dépens avec sa Toyota harponnée de nuit à l'entrée d'une slow zone. Mon audition en prend un coup en écoutant Bruno Vandestick (30 ans de 24H en 2023) commenter les images. Toutes ces images de nuit, sur le sec comme sur la pluie, sont impressionnantes de réalisme. Peut-être que l'effet cinéma accentue le ressenti mais c'est bluffant. Ben Keating, qui trouve qu'il est garé en piste sur la Corvette, va rigoler avec les photographes pour savoir lequel d'entre eux est dans la deuxième chicane équipé d'un flash puissant qui le déconcentre à chaque passage. 

Photo : ACO

Robert Kubica, pilote WRT alors en lutte pour la tête du LMP2 face à Inter Europol Competition, trouve que la LMP2 jaune et verte roule dans une autre catégorie et qu'il ne peur rien faire. Il confie même en direct "C'est une blague !". 

 

La course avance, la fin de course est proche, le match Toyota vs Ferrari n'est pas terminé avec une lutte à couteux tirés entre les deux, comme le précise le commentateur anglophone de la course :" C'est Coca contre Pepsi. Le premier qui cligne des yeux a perdu." La bourde de Ryo Hirakawa sonne le glas du constructeur japonais qui doit laisser filer Ferrari malgré cette incertitude à chaque redémarrage de la 499P qui demande au pilote de faire un reset. La déception de Toyota à l'image, avec un petit tacle au passage du Dr Ullrich envers Hirakawa, tranche avec la joie des Rouges. Gaëlle Duval sort la phrase parfaite : "On a eu ce qu'on cherchait au Mans : les émotions." 

 

Des émotions, il y en a à foison dans ce film officiel des 24H du Mans 2023 et pas seulement sur la piste. Christophe Hanquet a su prendre le meilleur de l'humain et on a clairement l'impression que ses caméras étaient à chaque fois au bon endroit durant la semaine. 

 

Pas une fois on explique la différence entre LMH et LMDh, pas une fois on parle de BoP, pas une fois on nous dit que le GTE-Pro a disparu au profit du GTE-Am ou que les cabanes de chauffe étaient de retour. Franchement, c'est tant mieux. On peut se concentrer pleinement sur l'événement dans son ensemble et profiter de l'humain face à des technologies différentes. 

 

Si vous avez la possibilité de voir le film sur grand écran, courez-y. Dans le cas contraire, le DVD au pied du sapin sera parfait. Une chose est sûre, ce film est une vraie réussite qui va au-delà du simple film retraçant une course. Pour ma part, je suis reparti avec le programme officiel des 24H du Mans 2023 que je n'avais pas pu rajouter à mes archives car il n'était plus disponible sur place. Un comble réparé. Comme quoi, toutes les raisons étaient bonnes d'aller au Mans ce 6 décembre 2023...

Commentaires (8)

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TG-TO

7 déc. 2023 • 21:18

Je remets mon commentaire la ou il faut :
J ai bien aimé les questions posées par le public hier pendant la diffusion du film des 24h au CGR Au Mans ....😉😉

dmeyers

7 déc. 2023 • 21:43

Super ! Et c'était quelles questions ?

TG-TO

7 déc. 2023 • 22:58

Bah en fait pour la première fois ils n ont pas laissé le micro au public.
Dommage.... ils ont du avoir peur de questions sur la Bop ou Richard Mille peut-être 😎😎
En tout cas j ai pas pu le faire.
Même Vaslon n était pas invité et n'est même pas apparu sur une seule image.

Lemans70

8 déc. 2023 • 0:02

Présent aussi, beau film. Bien sur, il nous manque toujours un petit quelque chose, un mot, une image. J'aurais aimé plus d'image de la Camaro pour son son et du super boulot sur cette voiture; et bien entendu toutes les questions pertinentes du public pour préparer cette édition 2024...mais il se faisait tard!

Michel Vaillant

8 déc. 2023 • 11:12

La presse locale au Mans évoque de nouvelles zones spectateurs en projet pour 2025... Des annonces ont-elles été faites à ce sujet ?