Billet

GP Explorer 2, le reflet de la société

Endurance Info
10 sep. 2023 • 20:00
par
lmercier
GP Explorer a connu une deuxième édition sur le circuit Bugatti au Mans. Comme dans tout sport auto, deux voitures ont terminé dans les graviers et on a l'impression que c'est une affaire d'état.
Photo : Sarthe

Il y a un an, GP Explorer battait tous les records. L'organisation d'une course automobile sur le circuit Bugatti du Mans offrait un spectacle motorisé à 40 000 personnes sur place et à 1M de personnes en direct sur Twitch. Le plus souvent, notamment au cinéma, la suite est moins bien que l'original. 

 

Dans le cas de GP Explorer 2, 60 000 personnes autour du circuit, 1,34M de vues en instantané sur Twitch et des partenaires de plus en plus nombreux qui ont donné beaucoup d'argent pour un événement bien plus fort qu'une course automobile traditionnelle. Avant toute critique, on ferait mieux de se poser la question de savoir pourquoi toutes ces marques ne mettent pas 'un balle' en sport auto. 

 

Je vais être honnête, je suis très mal placé pour savoir qui ils sont. Avant la première édition, je n'avais jamais entendu parler de Squeezie, mais en voyant qu'il était suivi par 8,5M de personnes sur Instagram, j'ai failli m'étrangler. Je dois faire partie des vieux cons. Pourtant, j'écoute Ben Böhmer, Cosmic Gate, Cercle et Romain Garcia. Quand je regarde la liste des pilotes 2023, je connais trois noms. Il y a Ana que je côtoie régulièrement sur les meetings SRO et Etienne Moustache qui se trouve être le fils de mon menuisier. La troisième est Manon Lanza, grande sportive et par accessoirement titulaire d'une licence de journalisme. 

C'est justement Manon Lanza qui me fait écrire ce billet d'humeur. L'accrochage de la fondatrice de allonsrider.fr et Maxime Biaggi dès le début de course dans le S du Garage Bleu a enflammé la toile. Cet après-midi, le hashtag #Manon était à 63,6K (top 3 des tendances en France) et Maxime à 49,2K contre 119K à GPExplorer2 (top 2). Après le contact, on a l'impression que le monde s'est arrêté de tourner. N'allez pas voir une course NASCAR car là vous verrez autre chose. 

 

Oui l'accrochage fait suite à une erreur de pilotage de Manon Lanza. Et alors ? Des erreurs de pilotage, on en voit chaque week-end de la part de pilotes professionnels. Est-ce pour autant une raison pour l'insulter de tous les noms, proférer des menaces de mort ou lui souhaiter les pires choses ? Croyez-moi, on ne parle pas simplement de quelques illuminés. Quelle crédibilité donner à quelqu'un qui dispose d'un compte 'X' certifié avec 9 abonnés et 24 abonnements ? On ne va pas vous dire ici tout ce qu'on a lu tant c'est immonde. 

 

Les filles ne méritent pas de piloter ? Alors, je conseille aux haters de monter en passager de Carrie Schreiner sur la Nordschleife. On en reparle après. Essayez aussi de faire tout ce que fait Manon Lanza niveau sport et on se revoit. 

 

Les réseaux sociaux ont perdu petit à petit le côté social des débuts. Il suffit d'ouvrir un compte, de se cacher derrière un pseudo et de se croire invincible. Je ne sais pas ce que font de leur vie les pilotes de GP Explorer mais j'ai échangé il y a quelques semaines avec les parents d'Etienne Moustache et j'ai trouvé des parents fiers de leur fils. 

 

Imaginez que tous ces haters sur les réseaux sociaux regardent les courses d'endurance, on va être dans le dur quand ils vont se lâcher sur la BoP ou les limites de la piste. C'est un peu comme si moi qui ne connaît pas les règles du rugby, j'allais critiquer une action durant un match de la Coupe du Monde. J'ai juste un droit, celui de la fermer et d'autres feraient bien aussi de la fermer. 

 

Tout le monde joue avec les réseaux sociaux, y compris les constructeurs et les pilotes. De nos jours, vous apprenez un tas de choses sur les réseaux sociaux. Quand vous faites de l'information, il est impossible de s'en passer. Pourtant, à certains moments, on aimerait bien s'en passer... 

Commentaires (17)

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Cabrelbeuk

11 sep. 2023 • 15:20

Les réseaux sociaux sont autant le reflet de la société que l'alcool le reflet de la personnalité.

Les gens n'ont plus aucune retenue mais sont généralement bien différent une fois qu'ils ne sont plus couvert par l'anonymat (ou quand ils ont dessoulé).

Si les réseaux sociaux devaient représenter l'espèce humaine il n'y aurait plus aucun espoir, et j'ai à peine dépassé trente ans. D'une manière générale, ce qui flotte en surface n'est pas toujours assimilable à la crème... Mais ça reste ce qui ressort.

Sam Piroton

11 sep. 2023 • 18:45

@dmeyers : je suis surpris de lire votre commentaire. Vous êtes un habitué d'endurance infos et vous connaissez donc le monde de la course. Comment pouvez vous juger le côté inutile du drapeau rouge? Perso, hormis le simple post instagram de Manon Lanza, on a eu aucune autre nouvelle de son état... Et qualifier l'intervention des commissaires de lente... Il a bien fallu procéder à l'extraction de Manon de sa monoplace, tout de même...

sylvain60

11 sep. 2023 • 20:05

Excellent billet, bravo 👍

GbrGdr.2

11 sep. 2023 • 21:50

Comme toujours, excellent billet.

Ambiance incroyable sur le circuit. Je vous jure que ça fout la chair de poule de voir la foule dans cet état. Les frustrés anonymes des réseaux n'ont que de la haine a fournir pour occuper leur misérable vie.

Michel Vaillant

11 sep. 2023 • 22:53

Cet évènement doit nous interroger.
60 000 spectateurs, une ferveur assez incroyable, pour un plateau composé de Formule 4.

Au même moment, les 6H de Fuji, pourtant l'un des temples mondiaux de l'Endurance, affichaient des abords de circuits plutôt vides, et les 50 000 spectateurs annoncés par le WEC semblent évidemment fantaisistes, quand on compare avec la foule présente sur le Bugatti le même week-end.

Qu'en déduire ? L'ACO devrait engager quelques-uns de ces influenceurs pour remplir ses championnats, ces personnes-là n'y connaissent peut-être pas grand-chose en sport auto, mais en terme de communication, ils assurent.