6 H. de Fuji - Ferrari en terrain miné
Que retenir des 6 H. de Monza ?
Il est peu de dire que Ferrari n'a pas digéré sa défaite sur son sol, à Monza, début juillet. Sur l'Autodromo Nazionale, la 499P a semblé en délicatesse avec ses pneumatiques, et c'est sur les deuxièmes relais que la GR010 Hybrid a fait la différence. L'italienne a-t-elle perdu en raison d'une usure excessive de ses gommes ? Voilà une supputation que Giuliano Salvi réfute totalement.
« Je ne crois pas que nous soyons en proie à un souci spécifique durant le deuxième relais, nous a expliqué ce matin le responsable des programmes Essais et Course Endurance de la firme au cheval cabré. Je pense tout simplement qu'à Monza, nous n'avons jamais eu la chance de nous battre pour la victoire. » Sous-entendu, c'est la refonte de la BoP après Le Mans qui est à remettre en cause.
« Nous avons donc dû compenser notre déficit de performance et avons donc attaqué pour pouvoir les (Toyota. Ndlr) suivre, explique quant à lui Miguel Molina, qui partage le volant de la 499P n°50 avec Nicklas Nielsen et Antonio Fuoco. Dès lors, nous n'avons pu gérer la dégradation des pneumatiques. Mais il faut garder en tête qu'il ne s'agit que de notre première saison avec la voiture et nous avons encore bien des choses à explorer et à découvrir, sur les réglages notamment. Ça fait aussi partie du jeu. Nous évoluons déjà à un bon niveau mais avons également beaucoup de travail à abattre. »
Des paroles sages quand on sait que l'italienne n'a connu son baptême du feu qu'il y a quatorze mois et que sa marge de progression est conséquente. Et clairement, malgré les dires de certains, atténuer l'usure des gommes est au centre des préoccupations à Maranello.
« Depuis le début de la saison, nous voyons que Toyota est plus fort que nous sur la dégradation des pneumatiques, a d'ailleurs confié à Endurance-Info Antonio Giovinazzi, inscrit sur la 499P n°51 en compagnie de James Calado et Alessandro Pier Guidi. Nous travaillons sur le sujet, mais ce n'est pas quelque chose que vous pouvez solutionner rapidement. Nous avançons pas à pas et, honnêtement, nous avons franchi un gros palier depuis Sebring, où nous étions très agressifs sur les pneus. Nous sommes mieux aujourd'hui, mais nous ne sommes pas encore les meilleurs dans le domaine. Cela s'acquiert avec l'expérience... »
Le simulateur en sauveur ?
Première constatation qui a son importance : « C'est la première fois que nous nous attaquons à un circuit sur lequel nous n'avons pas testé en amont, rappelle Giuliano Salvi. En dehors, bien évidemment, de celui des 24 Heures du Mans, mais nous avions eu au moins la Journée Test. C'est donc dur de prédire quoi que ce soit. Et oui, nous sommes encore des débutants, il ne s'agit que de notre première saison. »
Un vrai désavantage ? « Disons que nous n'avons pas beaucoup de datas, poursuit l'ingénieur italien. Notre préparation nous a vus passer beaucoup de temps sur le simulateur, près de deux semaines tous pilotes confondus. Nous sommes vraiment contents de notre travail sur le simulateur et sommes plutôt agréablement surpris par la corrélation entre la piste et la simulation. Je pense d'ailleurs qu'une partie de notre succès vient de là. Pilotes et ingénieurs en tirent bénéfice. Reste que cela reste du virtuel. »
Et Miguel Molina de renchérir : « Honnêtement, nous avons développé un super outil. Cette excellente corrélation entre la simulation et la piste nous aide beaucoup. » Reste que rien ne remplace la piste...
Fuji, UN terrain de jeu peu favorable à la 499P ?
Pour plusieurs raisons, Ferrari évolue en terrain hostile à Fuji. « Tout d'abord, nous sommes sur les terres de Toyota » lâche en rigolant Batti Pregliasco, team manager de Ferrari AF Corse. Plus sérieusement, Giovanizzi n'y est pas allé par quatre chemins quand on lui a demandé quelles étaient ses ambitions ici, au Japon.
« Il nous faut être réalistes, ce n'est pas notre circuit, de par son tracé, nous a-t-il concédé. Mais on ne sait jamais, d'autant qu'ici les conditions sont souvent changeantes. » C'est peu de le dire. « Sur le papier, il ne s'agit clairement pas d'un tracé qui nous convient, reconnaît également Giuliano Salvi. Et ce en raison de ce troisième secteur très sinueux. Nous n'avons jamais expérimenté cela auparavant. Et certaines sections ne sont pas sans rappeler le circuit de Portimao où nous n'avions pas été particulièrement à notre aise par rapport aux autres. Mais l'équipe a travaillé et travaille dur pour trouver une solution. Voyons si cela se traduit par du mieux sur la piste... »
Meilleur temps d'une première séance d'essais libres perturbée par la pluie et que la 499P n°50 a terminé en pneus slicks, Ferrari a dû se contenter du quatrième chrono cet après-midi en EL2, à 1''095 de la marque de référence, à mettre au crédit de la Toyota GR010 Hybrid n°8.
Quel objectif réaliste se fixer ?
Si l'on écoute le clan italien, les chances de voir le cheval cabré briller ce dimanche sont maigres. Mais nous serions tout de même surpris de ne pas les voir au moins ferrailler pour une place sur le podium. « Ce sera difficile, mais quand on revêt une chemise rouge, on se lève le matin avec l'unique objectif de jouer la gagne, concluait Giuliano Salvi. Nous n'abandonnons jamais, nous donnerons le maximum. D'autant qu'il s'agit d'une course particulièrement importante pour nous car nous avons encore des chances de nous battre pour les titres. »
Vingt-six points, tel est le déficit qu'accuse Ferrari sur Toyota au championnat constructeurs avant les deux dernières manches de la saison. Un retard conséquent mais pas insurmontable quand on sait qu'un concurrent peut encore amasser la bagatelle de 65 points d'ici la fin de la saison.
Et quand on lui avance que, la victoire aux 24 Heures du Mans en poche, la saison 2023 sera quoiqu'il arrive réussie, Antonio Giovinazzi nous rétorque : « Y ajouter le titre, ce serait encore mieux non ? Nous devons mettre la pression sur Toyota et essayer au moins de faire en sorte que les titres se jouent à Bahreïn. Et alors là-bas, tout sera possible. » Vérité ou coup d'esbroufe ? Réponse dimanche...
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