Le Mans

Alain Ferté : « J’envie les pilotes qui sont en piste en Hypercar »

24 Heures du Mans
10 juin. 2023 • 8:00
par
lmercier, avec une légende de l'Endurance
Entre 1983 et 2012, Alain Ferté a été de beaucoup de campagnes sarthoises pour des constructeurs. Le natif de Falaise, qui roule toujours à haut niveau, est tout sauf aigri, juste un passionné qui aime son sport.
Photo : Kevin Pecks

 

A 67 ans, Alain Ferté peut encore donner des leçons sur la piste. Ce n'est pas pour rien qu'il mène le FFSA GT dans la catégorie Am et qu'il pointe deuxième en GT4 European Series chez Autosport GP LS Group Performance. Le Normand peut aussi raconter des histoires, lui qui compte 14 départs en Sarthe. 

 

Le frère du regretté Michel Ferté a roulé pour les plus grands : Jaguar, Mercedes, Porsche, Rondeau, Peugeot. Le retour des constructeurs au Mans lui rappelle forcément des souvenirs. Entretien avec l'un des pilotes les plus sympathiques (et toujours vite) du paddock. 

 

Que vous inspire cette édition 2023 des 24H du Mans ?

 

L’époque que l’on vit est vraiment belle et nous n’en sommes qu’aux prémices. Avec tous les constructeurs qui arrivent, tout va aller de mieux en mieux. J’envie les pilotes qui sont en piste et ceux qui vont l’être à l’avenir (rires). J’espère qu’on aura de plus en plus de jeunes. L’engouement pour la discipline est positif pour tout le monde en tirant tout le monde vers le haut. 

 

On sent une belle embellie du sport auto...

 

Il y a encore quelques années, le sport auto était sur le déclin mais il se porte de mieux en mieux. Cela concerne tous les championnats. Je le vois en Belgique avec la Fun Cup qui connaît le succès. Les prototypes de la catégorie Hypercar m’auraient plu. Ce qui m’aurait vraiment intéressé au Mans, et que je n'ai pas pu faire, c’est de rouler sur un prototype ouvert, avoir cette sensation de rouler à l’air libre. 

 

C'était mieux avant ?

 

Je ne vais pas dire que c’était mieux avant, c’était juste différent. Il y avait pas mal de constructeurs, un peu à l’image de ce que l’on commence à avoir en Hypercar. Il y avait une vraie bagarre de constructeurs. Une fois le Group C parti, tout s’est estompé. Maintenant, ça repart dans la bonne direction. Les voitures allaient vite en Vmax, ce qui est aussi le cas actuellement. La différence est qu’elles vont vite bien plus tôt et qu’elles passent bien plus vite dans les virages. A notre époque, on ne chauffait pas les pneus. Quand on partait de nuit, il fallait être très précautionneux au niveau de la courbe Dunlop. On ne va pas se mentir, c’était très chaud. Beaucoup se retrouvés dans le rail. 

 

Les temps changent...

 

Quand on voit la puissance des autos actuelles, c'est très vite à haute vitesse. On l’a vu à Spa avec la Ferrari 499P aux 6H de Spa-Francorchamps à l’accélération. La puissance arrive très vite. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas comparer les époques car le cahier des charges n’est pas le même. Quand on suivait un prototype C2 au niveau du gauche en dévers (karting), on restait derrière. J’ai disputé les 24H du Mans sur une Ferrari 458 Italia en 2012 face aux Audi. Tu es dépassé partout et très vite. Pour la chauffe des pneus, on n’en parlait pas donc on ne peut pas comparer. 

 

Vous connaissez le principe de la BOP en GT4. Il faut en avoir peur ?

 

Avant, il y avait un cahier des charges et la feuille de route était identique pour tout le monde, donc pas de BoP. Ils vont arriver à équilibrer tout ce beau monde. Comme je l’ai précisé plus tôt, nous n’en sommes qu’au début. C’est top de voir arriver les GT3 car il faut s’attendre à de très belles bagarres. 

 

Le Mans vous a beaucoup apporté ?

 

Le Mans m’a énormément apporté. J’ai eu la chance de le faire dans de très belles équipes. Pour nous, l’époque était superbe. Nous avons eu la chance de piloter de superbes autos. Le meilleur et le pire souvenir reste la Sauber Mercedes avec Jean-Louis Schlesser. On garde la tête jusqu’à dimanche en début d’après-midi. Il a manqué trois heures pour qu’on gagne. Quand le deuxième terminait à 15 tours, c’est qu’il s’était passé un tas de choses et des abandons. Aujourd’hui, c’est impossible. 

 

La ligne droite des Hunaudières faisait peur ?

 

On ne se posait pas vraiment la question. Quand tu prenais le départ, il y avait de la poussière partout. Au deuxième tour, ça allait un peu mieux mais tu visais à deux mains. Tes yeux s’adaptent à tout car tu ne sais pas que roules à plus de 350 km/h. Tu ressens la vitesse en pleine aspiration derrière une C2. La ligne droite de Hunaudières était vraiment bombée. Il fallait donner un peu d’angle au volant pour passer en douceur. La ligne droite reste la ligne droite. A ce moment-là, nous étions assis à hauteur des rails. En 1984, alors que je roulais sur une Rondeau M482 avec des pilotes américains, je me souviens être resté assez longtemps derrière la voiture de sécurité après une sortie de piste. Quand je passe la première fois, il y avait beaucoup de poussière, des morceaux sur la piste. Tu ne sais pas ce qu’il se passe. La neutralisation dure, ça repart et là tu te dis ‘qu’est-ce que je fais là ?’ C’était mon deuxième Le Mans. Puis, tu prends l'habitude...

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