NLS

NLS - L'analyse de Fabrice Reicher quant à la raréfaction des pilotes amateurs

Nürburgring Langstrecken-Serie
12 avr. 2023 • 12:00
par
Fabrice Bergenhuizen

A l'issue de la manche d'ouverture du championnat, nous nous interrogions sur la raréfaction sans cesse croissante des pilotes amateurs en NLS et nous avons donc demandé à Fabrice Reicher, lequel compte pas moins de…21 participations aux 24H du Nürburgring, de bien vouloir nous donner son avis sur la question et il s'est exécuté avec grand plaisir.

 

"Selon moi, les pilotes  disposant de moyens financiers importants sont toujours là et ces moyens sont même plus importants qu'auparavant. De plus la série NLS s'est énormément internationalisée. Or ces non Allemands sont riches et désirent des autos puissantes. Et les constructeurs de voitures de sport sont ravis de leur fournir ces autos.

 

D'autre part, les jeunes pilotes quittent de plus en plus tôt la filière monoplace pour gagner leur vie en étant pilote d'usine et donc ils créent aussi cette demande de GT3

Enfin, les pilotes ayant de petits budgets se raréfient car ils ne peuvent pas se payer une GT3 ou même une GT4 et n'ont pas non plus l'envie de servir de quilles aux pilotes d'usine."

 

Une analyse qui est pleine de bon sens. De notre côté, outre le fait que certains pilotes disposent de moyens financiers conséquents, nous voudrions souligner que les écuries de pointe disposent, elles aussi, de moyens bien plus colossaux qu'à une certaine époque.

 

Ainsi, fin des années 2000, les cadors du championnat étaient principalement des artisans ayant notamment pour nom Alzen, Scheid, Getrag ou Raeder, lesquels étaient tributaires de leurs sponsors.

De nos jours, la grosse majorité des écuries engagées en GT3 sont les bras armés d'un grand constructeur avec toutes les conséquences que cela implique. Ainsi dans le clan du Rowe Racing TOUS les pilotes alignés sont des officiels BMW et il en va de même ou presque dans les formations alignant les Audi, Mercedes et Porsche chargées de jouer la gagne au général et principalement aux 24H du Nürburgring.

 

Par ailleurs, nous ne pouvons qu'acquiescer au fait que les jeunes se rendent compte de plus en plus vite qu'ils ont désormais bien plus de chances de percer en GT qu'en monoplace où le chemin est souvent très long, tortueux, parsemé d'embûches et les budgets complètement démesurés à moins de faire partie d'une filière.

 

Le meilleur exemple nous vient incontestablement de Neil Verhagen. Le jeune Américain, âgé de 22 ans à peine, a débuté en monoplace avant de bifurquer vers le grand tourisme où il fut enrôlé par BMW en tant que membre du Junior Team. Depuis lors, en compagnie de ses comparses Daniel Harper et Max Hesse, il a remporté deux joutes de la NLS en 2021, une des manches qualificatives en vue des 24H du Nürburgring l'an dernier et il est désormais devenu pilote officiel pour le constructeur bavarois, qui plus est avec un programme des plus alléchants à la clé!

Enfin, il est une évidence que les pilotes à budgets limités se raréfient et qu'il est de plus en plus difficile pour eux de prendre du plaisir avec une petite auto dans le contexte actuel.

 

Naguère les voitures jouant la gagne étaient beaucoup moins nombreuses et les différentiels de vitesse nettement moins conséquents qu'ils ne le sont aujourd'hui.

Désormais les ténors du GT3 tournent allègrement sous les 8 minutes tandis que la Dacia Logan, vue ces derniers temps et inscrite en SP3, évolue dans des chronos de l'ordre de…11'30 !!!

 

Résultat des courses, elle ne boucle que 20 tours sur le temps que les meilleures GT3 effectuent 28 rotations!

 

La Nordschleife étant déjà un tracé déjà suffisamment exigeant en soi, s'il vous faut passer l'entièreté d'une épreuve à lorgner dans vos rétroviseurs, il est bien évident que les sensations ressenties au volant en sont réduites au maximum.

C'est pourquoi, bon nombre de concurrents, évoluant naguère dans les petites classes de la NLS, ont désormais opté pour le RCN où les budgets demandés sont nettement moins colossaux et le plaisir bien plus intense. Pour eux bien entendu!

 Quant au public, il ne va certainement pas bouder le sien! Certes le nombre d'inscrits sur une course a fortement diminué par rapport à 2019 mais combien de championnats peuvent se targuer de présenter un plateau de 141 voitures, comme ce fut le cas lors du précédent rendez-vous, comprenant 30 GT3 pilotées, pour la plus grosse majorité, par les plus grands spécialistes de la discipline?"

 

AUCUN hormis la NLS!

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