WEC

Partir en pneus froids, un bien pour l'écologie, un mal pour la sécurité ?

WEC
14 mar. 2023 • 10:00
par
lmercier, à Sebring
Les pilotes du WEC doivent s'habituer à partir en pneus froids cette saison en WEC, ce qui peut donner quelques situations inconfortables en piste.
Photo : MPS Agency

L'une des nouveautés du règlement sportif du WEC est l'interdiction de la chauffe des pneumatiques pour des raisons écologiques. Sur le papier, l'initiative part d'un bon sentiment car tout ce qui améliore la planète est positif. Quand on se penche un peu plus sur le sujet, est-ce une idée judicieuse ? 

 

En faisant un rapide tour des pilotes présents dans le paddock de Sebring, vous en trouverez peu pour vous dire que partir en pneus froids va dans le sens de la sécurité, et surtout pas les gentlemen drivers. James Calado, pourtant loin d'être un pilote amateur, l'a appris à ses dépens hier lors de son tour de sortie, sa Ferrari 499P terminant dans les pneus en virage 1. Plus tôt dans l'année, on avait déjà vu des pilotes faire de belles figures en Asian Le Mans Series, là aussi en pneus froids. 

 

Si l'IMSA s'est déjà mis aux pneus froids sans que cela pose trop de soucis, le WEC y passe cette année. Les acteurs craignaient les 24 Heures de Daytona 2022 avec une température de piste proche de zéro degré, mais tout s'est passé sans encombre. 

 

Faut-il patienter un peu que cette nouvelle règle soit bien ancrée ? Est-ce dangereux ? Endurance-Info a enquêté sur le sujet. 

 

Si les pneus pour les prototypes de la catégorie Hypercar prennent en compte la donne de partir en pneus froids dès la conception, ce n'est pas le cas des GTE qui utilisent les pneus de l'année passée et qui donc n'ont pas été développés pour un départ en pneus froids. Michelin, partenaire pneumatique des concurrents dans les deux catégories, n'était guère favorable à ce changement réglementaire cette année. 

 

Avec une température de piste relativement élevée cette semaine en Floride, on est tout de même assez loin de ce qu'on pourra retrouver à Spa-Francorchamps fin avril ou en plein milieu de la nuit mancelle. La firme clermontoise doit d'ailleurs profiter sous peu d'une séance d'essais dans les Ardennes belges pour faire différents tests de pneumatiques sur les GTE afin de faire des comparaisons. A ce jour, aucun changement réglementaire n'est prévu. A titre d'exemple, le championnat Nürburgring Endurance Series permet de retailler les pneumatiques. 

Photo : MPS Agency

Une chose est sûre, le manufacturier pneumatique ne prendra pas le moindre risque avec la sécurité.

 

La proposition d'interdire toute énergie fossile pour chauffer les pneumatiques et de laisser libre aux équipes de faire chauffer les pneus d'une autre façon n'a pas été retenue.

 

Aux 12H de Bathurst, les équipes ont mis les pneumatiques au soleil afin de gagner de quelques degrés. Plutôt ingénieux et sans risque pour la planète. Ce système a été en revanche interdit en Asian Le Mans Series pour une question d'équité sportive. Toutes les équipes n'avaient pas la possibilité de mettre leurs pneus au soleil. Cela ne règle de toute façon pas la question de la nuit au Mans ou d'une possible température de piste très basse fin avril à Spa-Francorchamps. 

 

Le noir absorbe les rayons infrarouges du soleil et stocke la chaleur. C'est pourquoi sur un tracé comme Sebring, la température de piste entre différents endroits du circuit change. Le circuit floridien utilise un mix de bitume clair et de noir. Le souci majeur reste la gestion des premiers tours avec une pression basse. 

 

Pour faire gagner quelques degrés aux pneumatiques, et sans polluer la planète, il aurait pu être décidé de mettre à l'issue des changements de pneumatiques un pneu usé, un pneu neuf, un pneu usé, un pneu neuf en les empilant. Aucun risque pour la planète. Ce système ne serait bien entendu pas aussi efficace qu'une cabane de chauffe. Une étude montre qu'une cabane de chauffe consomme quelques litres par auto par jour.

 

A Sebring, les pneus sont stockés sous des tentes noires qui sont doivent être visibles à tout moment par les commissaires sportifs. Des contrôles de température sont effectués par les officiels d'une façon aléatoire.

 

Ce départ en pneus froids reste compliqué pour les pilotes, d'où le fait d'avoir rallongé les qualifications de 5 minutes afin de laisser plus de temps aux pilotes pour chauffer les pneumatiques. L'effet pervers de cette règle fait que les voitures vont donc consommer plus de carburant. 

 

On ne va pas se mentir, les équipes ont tenté de trouver quelques subterfuges pour tenter de contourner la règle d'une façon légale sans aucune consommation d'énergie, toujours dans la même optique, à savoir gagner quelques degrés.

 

 

Commentaires (8)

Connectez-vous pour commenter l'article

lagaufre44@sfr.fr

14 mar. 2023 • 11:09

Il me semble qu’en superGT il parte également en pneu froid.
Perso je suis plutôt pour, évidemment c’est plus facile quand on ne pilote pas ?

dmeyers

14 mar. 2023 • 11:37

Je sais, il bien facile de dire cela maintenant mais dans le monde du sport mécanique il n'aurait JAMAIS dû être autorisé de pré-chauffer les pneus.
Les pilotes ils vont le prendre en compte, s'adapter, il va y avoir ceux qui sauront faire tout de suite et les autres ... Il va y avoir des écuries qui sauront faire très vite et faire une énorme différence en course et les autres ... ! L'aberration c'est utiliser des pneus non adaptés, prévus, pour ce process, d'ici à ce que Michelin interdise aux GTE-AM de rouler à Spa ou au Mans il n'y a pas loin !!

CLOCLO31

14 mar. 2023 • 11:51

Le "greenwashing" qui est à l'origine de cette mesure est assez bien confirmé par votre analyse : une économie de 80 l/jour de carburant ( pour un plateau de 40 voitures) est dérisoire par rapport aux autres consommations ( transports, voitures, services, public etc..) , même si personne n'a encore fait un véritable bilan carbone d'une saison de WEC

L'argument économique (suppression des armoires chauffantes) pour les petites équipes est , lui, plus prégnant

Si on est préoccupé par l'impact de plus en plus marqué des procédures de sécurité et des interruptions de course sur les temps effectifs de compétition et surtout sur les hiérarchies sportives acquises en piste, on ne peut que craindre , avec cette mesure, la multiplication des sorties de Safety cars dans le tout début de course et des nouvelles procédures de départ

On va oublier aussi les luttes du départ au 1er freinage







Dt I Can

14 mar. 2023 • 12:55

On est bien d'accord, ce n'est que la com. écolo qui n'apporte rien et n'a que des désavantages que ce soit au niveau sécurité ou même au niveau spectacle, c'est donc une énorme connerie ....
Mais s'il est juger obligatoire par les instances internationales d'imposer cette règle en IMSA et en WEC, alors il faut l'imposer dans toutes les épreuves sous contrôle FISA, et notamment en F1 ...... et la je pense qu'on va bien s'amuser ?

dmeyers

14 mar. 2023 • 14:11

@Dt I Can : C'est prévu pour l'an prochain en F1.