Moi, Henri, j'ai participé aux 24H du Mans... pour la bonne cause

Notre histoire commence par celle d’une petite fille prénommée Anna qui n’a pas encore 9 ans. Depuis toute petite elle est atteinte d’une maladie auto-immune répondant au nom barbare d’aplasie médullaire idiopathique qui l’empêche de vivre comme toutes les petites filles de son âge. Mais Anna a un secret : dans sa famille on trouve un pilote de course virtuel aguerri qui répond au nom de Sébastien « Pouetos » Poidevin.

Il y a quelques années, Sébastien décide de se lancer un défi un peu dingue pour collecter des fonds afin d’aider sa nièce et toute sa famille dans leur lutte contre la maladie. Il décide de participer aux 24 Heures de Daytona sur iRacing… tout seul. Personne pour prendre son relais quand il sera fatigué, il enchaînera les tours sur son simulateur et collectera les dons et promesses de dons en fonction de la distance virtuelle parcourue.

L’opération est un succès, à tel point qu’il la reconduit tous les ans depuis 2018 avec un succès croissant. En fait cela fait maintenant plusieurs années que tous les ans les plus grosses organisations du simracing français organisent même des séries d’évènements d’endurance simracing sur tous les jeux imaginables à l’effigie d’Anna pour collecter des dons et fédérer le plus de monde possible. Et ca marche, chaque année de plus en plus de monde est inscrit et l’évènement dépasse les frontières car en plus de son aspect caritatif, l’évènement revêt un aspect simsportif réel.

Si évidemment tout le monde n’est pas prêt à rouler 24h durant tout seul, à chaque course une catégorie est dédiée à ceux qui souhaitent relever le défi, tandis que d’autres sont réservées aux pilotes qui restent dans le schéma classique d’une course par équipe. Plus de 110 équipes ont répondu à l’appel, dont une dizaine de fêlés qui reprennent le challenge de Sébastien Poidevin et roulent tous seuls pour les 24h.

Comme l’an dernier, je suis inscrit dans une équipe qui a bien roulé sa bosse sur les différentes simulations et qui écume les pelotons virtuels sur rFactor 2 depuis… rFactor 1 sorti en 2005 ! L’an dernier nous avions fait une course anonyme dans le peloton des GTE sur une Corvette C8.R sur le circuit de Bahreïn, cette année nous relevons le défi de l’Hypercar pour une course de 24h (vous l’avez compris) sur le circuit de la Sarthe.

Mais il y a un hic : l’unique Hypercar (LMH pour les intimes) disponible sur rFactor 2 est la Vanwall Vandervell 680. En simulation comme dans la vraie vie cette voiture a mauvaise réputation et les premiers tours ne nous réjouissent pas particulièrement car le pur sang est rétif. Heureusement, 15 ans de rFactor nous ont servi à une chose particulièrement inutile pour des gens lambda que nous sommes : faire des réglages de voiture de course. En quelques jours nous transformons un fer à repasser inconduisible en missile capable de faire 3’24’’ sur un tour au Mans. Evidemment nous ne sommes pas les seuls, et pas non plus les plus talentueux : un autre pilote d’une autre équipe réussit un 3'18’’ sensationnel avec le même modèle. Surtout quand on se rappelle que la vraie Vanwall n’a jamais réussi à rouler sous les 3’29’’ et que la pole 2023 s’est jouée en 3’22’’.

Place donc à la course. Qualifiés en queue de peloton, nous enchaînons rapidement les déconvenues techniques, celles du genre à faire péter un câble à un champion du monde de F1. Mais nous restons dans la course : d’abord il n’y a rien à gagner d’autre qu’à se faire plaisir et en plus la course a un but caritatif, nous nous devons d’assurer notre part du spectacle. Et du spectacle il y en aura : batailles de 24h en LMP2 avec des Oreca survoltées, bataille de 24h entre trois pilotes qui roulent tous seuls sur une modeste Porsche 991 GT3 R, casses moteur, incidents techniques etc… Ayant perdus 4 fois une dizaine de minutes, dont une fois pour… casse moteur (encore un point commun avec la vraie Vanwall) nous terminerons au milieu du peloton des LMP2 et derniers classés des hypercars.

Mais au fond qu’importe car le temps d’un week-end, nous avons vécu presque comme des pilotes à 340 km/h dans les Hunaudières à prendre des décisions fatidiques dans le traffic, à jurer devant nos temps au tour qui ne veulent pas descendre, à choisir le bon composé de pneus, à tenter des doubles, triples, quadruples relais, à prendre un coup de pression au moment de prendre le volant et de lancer la voiture vers la chicane Dunlop pour la première fois de la course.

Et Anna dans tout ça ? Et bien à nous tous nous avons pu collecter plus de 14 000 € pour l’aider et pour aider l’association Hubert Gouin - Enfance & Cancer qui soutient des projets de recherche spécifiques aux cancers des enfants depuis près de 20 ans. Et ce n’est pas fini, car les 24 Heures pour Anna ne sont pas qu’une seule course de 24h mais bien 3 dont la dernière aura lieu le 27 janvier prochain sur le circuit de Spa-Francorchamp d’Assetto Corsa Competizione. Avec les 24h du Nurburgring Nordschleife sur iRacing du mois de décembre 2023, ce sont plus de 1000 pilotes qui auront porté haut les couleurs d’Anna en relais de Sébastien Poidevin.

Bravo à tous, et merci à tous les organisateurs qui ont rendu cela possible. On se revoit en 2025 pour la prochaine !

24 heures pour Anna sur Facebook : https://www.facebook.com/24hoursforAnna/

La cagnotte : https://streamlabscharity.com/teams/@24-hours-for-anna-20232024/24-hours-for-anna-20232024?member=472076354792329216&l=fr-FR

La retransmission de la course en replay :

https://www.youtube.com/watch?v=UgDtPg4TRHg

https://www.twitch.tv/videos/2024405781