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Pierre Fillon : "Une décision sera prise d'ici le 15 avril"

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16 mar. 2020 • 16:09
par
lm@endurance-info.com

Pierre Fillon, Président de l'Automobile Club de l'Ouest répond aux multiples et légitimes questions face à la situation exceptionnelle engendrée par l'expansion du coronavirus. Courses reportées, événements décalés, fermeture provisoire du musée, organisation...

Pierre Fillon, l'Automobile Club de l’Ouest est organisateur d'événements nationaux et internationaux. Vous accueillez sur vos circuits du Mans des événements, des compétitions, vous organisez des courses à travers le monde. Tous les jours, des reports, parfois des annulations sont officialisés. Arrivez-vous à avoir une visibilité sur vos différents calendriers ? 

"La situation actuelle s'avère extrêmement changeante, tant au niveau national qu'international. Des restrictions et des recommandations sont annoncées régulièrement, elles évoluent suivant les pays, la propagation du virus, les normes sanitaires en vigueur. Ce contexte exceptionnel et évolutif nous concerne tous. Nous devons nous y adapter, tout en anticipant au mieux, en travaillant sur différents types de solutions, presque au cas par cas même, puisque chaque événement a ses caractéristiques. La priorité de l'ACO et de ses différentes équipes d'organisation (LMEM, ALMEM, 40 MA, M&A Prévention) reste de garantir la sécurité de chacun, d'agir avec professionnalisme et responsabilité.  Depuis dimanche, conformément aux dernières directives ministérielles, nous avons fermé provisoirement notre site au public, pour une durée indéterminée : le musée, le karting, les visites du circuit, l'école de pilotage...Ces mesures sont nécessaires. Nous devons penser à la santé de tous. Appliquer les élémentaires mesures barrières s'avère déterminant. C’est notre responsabilité."

Au quotidien comment vous organisez-vous ? 

"Nous sommes guidés par un principe : la sécurité, la qualité de nos événements. Et cela concerne différentes populations: les spectateurs bien sûr, nos membres, nos partenaires, nos prestataires, nos bénévoles, nos concurrents, nos services de sécurité, de santé, les membres des structures visitées... Depuis plusieurs semaines, au quotidien, plusieurs fois par jour, nous multiplions les réunions. En petit comité ou en comité plus élargi. Nous élaborons différentes projections. Nous planifions de nouveaux calendriers, en fonction des impératifs multiples des championnats, des concurrents, des spectateurs, de nos équipes d'organisations, des circuits concernés. Nos services marketing billetterie sont également mobilisés. Nous sommes en contacts permanents avec la FIA, la FIM, la FFSA, la FFM, les différents ministères concernés par l'évolution sanitaire."

Quelles sont les répercussions pour le monde sportif ? pour la compétition automobile ? 

"Le monde sportif est bouleversé mais pas uniquement lui. Il ne faut pas l'oublier. Aussi faut-il réfléchir en prenant en compte de nombreux éléments: l'évolution de la situation sanitaire, le calendrier global des reports, la disponibilité des effectifs d'organisation, de sécurité, les impacts financiers pour tout notre écosystème, la disponibilité des spectateurs également. Il faut du bon sens, faire des choix, se concerter. Nous agissons pour les intérêts de tous. Même si rien n'est idéal, nous nous efforçons de limiter les contraintes engendrées par cette situation exceptionnelle. Dans la majorité des cas, nous optons pour le report, pour notamment ne pas impacter le déroulé des championnats. C'est un ''puzzle'' stratégique que nous construisons, tous ensemble."

Vous avez déjà annoncé voilà quelques jours le report des 24 Heures Motos. Vous avez publié un communiqué sur l'annulation ou le report de certains événements en mars, avril qui étaient programmés sur vos circuits. Le début de la saison d'European Le Mans Series est reporté. Deux manches du Championnat du Monde d'Endurance de la FIA, Sebring et Spa, sont affectées également. Qu'en est-il des 24 Heures du Mans 2020, prévues les 13 et 14 juin ? 

"Nous avons reporté les 24 Heures Motos, car l'échéance approchant, il fallait prévenir suffisamment en avance les concurrents comme les spectateurs pour qu'ils s'organisent. La course devait se tenir en avril, dans quelques semaines, et l'évolution de la situation ne laissait que peu de doutes sur la décision à prendre. Il y a quelques jours, suite aux dernières directives gouvernementales, nous avons opté pour le report ou l'annulation de certains événements qui devaient se tenir en mars et début avril.

Concernant les autos, les 24 Heures du Mans 2020 (13-14 juin 2020), nous suivons avec attention l'évolution des différentes directives des autorités. Une décision sera prise d'ici le 15 avril. Dans tous les cas de figures, nous sommes confiants, nous organiserons les 24 Heures du Mans 2020."

Tous ces reports fragilisent-ils l'endurance, tant l'European Le Mans Series ou le FIA WEC?  Est ce inquiétant pour le futur de cette saison 2019-2020 ? 

"L'annulation de Sebring était inéluctable après les restrictions mises en place par les Etats Unis. A ce propos, nous avions prévu de présenter plus en détails le projet de convergence ACO IMSA, de donner des éléments techniques sur le LMDh, nous allons proposer cette conférence sous une autre forme, sous peu. Pour l'European Le Mans Series, nous avons dû également réfléchir aux solutions les plus appropriées. Chaque jour, nous devons considérer la situation nationale et internationale.Ce n'est ni simple, ni confortable, mais nous devons agir pour trouver des solutions les plus indolores, pour tous. Nos calendriers seront modifiés, quelque peu chamboulés, mais c'est actuellement la seule option: reporter et dessiner de nouveaux calendriers."

Quel est l'impact économique de ce coronavirus sur l'ACO, sur vos disciplines ? Avez vous déjà chiffré ces éléments ?  

"Aujourd'hui, l'heure n'est pas au bilan économique, ni à évaluer les pertes ou les manques dus à ce contexte inédit, mais plutôt à trouver des solutions qui fassent l'unanimité  auprès de nos spectateurs et de nos acteurs. Il faut assurer la sécurité de tous et garantir la qualité de nos événements. Nous connaissons nos budgets et pouvons estimer les impacts économiques, mais nous sommes dans l'action. Je compte sur la compréhension de tous. Au delà des désagréments à soulever ou pointer, il y a surtout des actions à mettre en place pour retrouver une situation plus stable, plus sereine à tous les points de vue. Nous privilégions les reports d'événements afin d'honorer nos prestations comme nos commandes auprès de nos clients, de nos fournisseurs, prestataires et partenaires."

A l'ACO, vous comptez pas moins de 200 salariés. Comment vivez-vous cette situation ? Avez-vous recours au télétravail? Avez vous eu des malades ? 

"Depuis les mesures annoncées par le gouvernement concernant la fermeture des écoles, le recours au télétravail, nous avons mis en place une organisation en conséquence, en proposant aux corps de métiers qui le peuvent, le télétravail. Les arrêts de travail peuvent aussi être une solution pour nos personnels qui ont des enfants à garder. Les mesures barrières sont appliquées et préconisées à nos interlocuteurs. Les déplacements de nos personnels sont restreints. Les réunions se font en petit comité, avec un certain espace à respecter. D'ailleurs, nous privilégions les visioconférences. Plus globalement, nous appliquons scrupuleusement toutes les mesures de précaution essentielles."

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